Le prétexte : le Parti vert n’a pas de député à la Chambre des communes. Que le Parti vert obtienne 10 % des voies dans les sondages ne pèse pas lourd pour ces grands barons des médias. Que leur décision conduise également à l’exclusion de la seule femme présente dans ce débat ne semble pas leur poser le moindre problème.
Les Québécois-e-s et les Canadien-ne-s suivent ce débat des chefs. En 2008, une pareille manœuvre d’exclusion de Madame May avait déjà été tentée soulevant la colère d’importants secteurs de la population canadienne. Pour défendre sa façon de procéder, le consortium avait cru bon alors de reculer. Mais voilà, qu’il répète en 2011 sa manœuvre d’exclusion, espérant que la réaction soit moins forte cette fois-ci. On se rappellera qu’un consortium québécois avait fait un tel coup à Québec solidaire, soutenu alors par plus de 10% de la population et que Françoise David avait été exclue du grand débat public télédiffusé dans le cadre des dernières élections québécoises.
La démonstration du pouvoir du grand capital des médias sur le déroulement des élections n’est plus à faire. Le consortium fait un choix ad hoc et arbitraire, de façon tout à fait secrète pour la population, sans qu’aucun des critères qui devraient guider un tel choix n’ait été l’objet d’une discussion démocratique. Le consortium a un pouvoir inacceptable. Comment se fait-il que des oligarques des grands médias puissent déterminer les modalités d’une campagne électorale pour le choix de nos élu-e-s ? C’est pourtant une démarche éminemment publique.
Il faut en finir avec cette domination des consortiums qui décident à leur guise qui pourra participer ou ne pas participer à un débat public d’une telle importance. Si l’accès aux médias est directement lié aux montants que peut dépenser un parti politique, il est facile d’en conclure que les partis qui se portent à la défense des plus riches vont être ceux qui vont pouvoir se payer un accès très facile à tous les médias et aux différentes plateformes. Il faut que l’organisme public s’occupant des élections assure un accès égalitaire aux médias pour tous les partis politiques reconnus lors des campagnes électorales.
Face à un acte aussi arbitraire que l’exclusion d’Elizabeth May d’un débat télédiffusé à l’échelle de l’État canadien, tous les partis politiques qui se disent démocratiques doivent dénoncer cette mesure d’exclusion de la représentante d’un courant d’opinion important dans la population canadienne. Mais, plus essentiellement, c’est l’ensemble des règles pseudo-démocratiques qui encadrent ces élections fédérales qu’il faut remettre en question et remplacer.