Tiré du Journal des alternatives.
Pas un mot de la part du maire sortant ou même de son Bureau d’intégration des nouveaux arrivants à Montreal (BINAM) sur ce qui pourrait avoir déjà été fait ou ce qui serait planifié pour assurer le caractère sanctuaire de la Ville, au-delà des déclarations de l’hiver dernier. Pas d’échéancier clair, pas de rapport des consultations qui ont été menées. Aucune référence non plus provenant de Projet Montréal concernant ce que la candidate Plante souhaiterait mettre en place pour éventuellement remplir avec des mesures concrètes l’immense vide qu’a créé une déclaration trop rapide, sans mesures réelles. Pourquoi un problème aussi fondamental apparaît-il aujourd’hui relégué aux oubliettes ?
D’opportunisme en opportunistes
Quelques jours après l’entrée en vigueur de la triste loi 62 visant tout spécifiquement quelques dizaines de femmes immigrantes à l’échelle de tout le Québec, nous ne pouvons que conclure qu’en matière d’intégration sociale, nos politicien.ne.s ne semblent réagir qu’à des enjeux politiques qui ne correspondent pas aux besoins réels des populations concernées. La nouvelle loi anti-niqab du Parti libéral ne survivra pas aux premières contestations juridiques et n’a en bout de piste qu’une finalité électorale myope. De la même manière, la déclaration originale de Denis Coderre ne visait pas non plus à faciliter l’intégration des personnes sans statut sinon qu’elle répondait au premier décret migratoire de Donald Trump. Concrètement, le maire ne s’adressait pas alors aux Montréalais.e.s sans statut mais pavoisait plutôt devant les autres maires nord-américains.
Condamnés au pire ?
Or, la situation sur le terrain paraît avoir peu changée pour les personnes sans statut à Montréal. Tout indique que leur nombre irait en croissance dans les mois et années à venir. Ces personnes auront des familles pour qui l’accès à l’habitation et à la santé demeureront un problème. Malgré les déclarations de Phillippe Couillard qui encore l’an dernier promettait de régler spécifiquement cette situation, et malgré l’appel de Denis Coderre qui demandait en février dernier à Québec de faire davantage à ce niveau, les personnes sans statut auront des enfants à qui on continuera de refuser l’accès à l’éducation. Des dizaines de milliers de personnes continueront ainsi de craindre les interactions avec les services publics, notamment ceux avec le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et ce malgré la déclaration de février dernier sur la Ville sanctuaire qui précisait que la Commission de la sécurité publique aurait pour tâche d’élaborer, avec le SPVM, une approche pour s’assurer qu’une personne sans statut légal dans une situation de vulnérabilité puisse avoir accès aux services de sécurité publique municipaux sans risque d’être dénoncée aux autorités d’immigration ou déportée.
D’une manière générale, si l’on ne s’intéresse aux problèmes des personnes sans statut que lorsque les manchettes le réclament où lorsqu’une autre formation politique cherche à instrumentaliser la question, la situation ne pourra qu’empirer. Nous devons exiger davantage pour Montréal.
Le silence de l’opposition
S’il est à la limite peu surprenant que Denis Coderre choisisse aujourd’hui de faire oublier les enjeux de la Ville sanctuaire, il en est tout autrement du Parti Projet Montréal de Valérie Plante qui semble monter actuellement dans les intentions de vote et qui se présente aujourd’hui comme une alternative progressiste.
Neuf mois sont passés depuis l’adoption par le Conseil de ville du statut de ville-sanctuaire et depuis, Projet Montréal n’a pas su faire d’autre intervention que celle de dénoncer une décision trop rapide du Maire Coderre sur le projet de Ville sanctuaire, suivie plus récemment d’une position confuse sur la loi 62. Si nous sommes en accord avec le fait que le maire sortant s’est contenté d’une mesure d’apparat en février dernier ; nous devons demander mieux d’un parti qui se veut progressiste et qui souhaite diriger la ville pour les prochaines quatre années. Projet Montréal se doit d’être en mesure de proposer une solution à la situation actuelle, une solution qui ne soit pas une improvisation électoraliste, mais qui visera à vraiment assurer une plus grande protection pour les personnes sans statut à Montréal.
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