1. Analyse de la conjoncture politique (première partie)
La situation globale et les relations internationales
1. Incompatibilité du capitalisme et de la protection du climat
La détérioration du climat se poursuit et s’accélère, comme le constate le GIEC à chacun de ses rapports. Le danger d’une accélération exponentielle du phénomène en raison des effets de rétroaction (feed back loop) est bien réel. Ce sont les conditions normales d’existence de nombreuses espèces et d’une grande partie de l’humanité qui sont menacées.
L’incapacité du monde capitaliste (entreprises et États) à opérer les transformations nécessaires dans les infrastructures énergétiques, les modes de production et de transport est patente. L’échec de chacune des conférences internationales tenues depuis Kyoto à mettre en place un régime de contrôle effectif des émissions en est l’illustration la plus frappante. On peut s’attendre à une autre impasse diplomatique à la conférence de Paris cet automne.
Le problème est que le capitalisme est incapable de surmonter sa logique d’accumulation compétitive et la structure impérialiste du monde qui en découle. L’accord non contraignant entre la Chine et les États-Unis sur la limitation des émissions de GES, loin de constituer le début d’une solution, démontre l’incapacité des deux plus grands émetteurs mondiaux à réduire leurs émissions assez fortement et assez vite pour éviter l’emballement catastrophique du réchauffement planétaire.
La lutte contre les émissions et pour la protection des équilibres climatiques est une lutte pour la survie. Ce sont les personnes les plus vulnérables qui souffriront le plus des dérèglements climatiques pendant que les privilégiés se promènent en jet privé… La lutte climatique est une lutte anti-impérialiste, une lutte féministe, une lutte de classe. D’ailleurs, la Marche mondiale des femmes a fait de l’environnement un des thèmes principaux de sa mobilisation.
Malgré toutes les preuves qui s’accumulent de l’incompatibilité du capitalisme avec l’écologie, des sections importantes du mouvement environnemental continuent à mettre de l’avant les fausses solutions du capitalisme vert. Les bureaucraties syndicales suivent cette tendance et le patronat peut se donner bonne conscience à rabais.
La radicalisation dans un sens anticapitaliste du mouvement écologiste de masse constitue un axe central de toute stratégie de transformation sociale à notre époque. C’est un des objectifs principaux du mouvement écosocialiste.
2. Un monde de guerre et de pillage, un monde structuré par l’impérialisme
Le système international profondément instable qui s’est mis en place à la fin de la Guerre froide continue de faire des ravages. Les conflits régionaux et les guerres civiles se multiplient et n’en finissent plus de faire des victimes (millions de réfugiés, violence sexuelle, famines, épidémies). Chaque intervention impérialiste au Moyen-Orient - invasions de l’Afghanistan, puis de l’Iraq, blocus contre l’Iran, soutien inconditionnel à Israël, alliance avec les monarchies et les dictatures arabes - contribue à la détérioration de la situation et à la montée des mouvements politico-religieux fanatiques et brutaux comme les Talibans ou le Groupe État Islamique.
Les impérialistes et les mouvements réactionnaires qui prétendent s’y opposer se renforcent mutuellement dans un cercle vicieux mortel. Plus d’invasions, d’occupations et de bombardements des grandes puissances entraînent plus de déstabilisation politiques dans les pays visés, facilitent le recrutement et le financement des groupes fondamentalistes armés, ce qui entraine de nouveaux attentats terroristes en occident, ce qui justifie plus de dépenses militaires et sécuritaires et une nouvelle vague d’invasions, d’occupations, etc.
Dans cette situation, la déformation de l’Islam par les groupes armés réactionnaires renforce la propagande islamophobe et permet aux gouvernements impérialistes et aux groupes racistes de renforcer leurs positions. La fonction première et primordiale de l’islamophobie est de donner à la violence impérialiste la feuille de vigne de la défense de la civilisation et de « nos valeurs ». L’effet indirect inévitable de cette stratégie idéologique des grandes puissances et de nourrir tous les préjugés et de jouer le jeu de l’extrême-droite, comme on l’a constaté récemment avec l’essor de Pegida d’abord en Allemagne puis ailleurs en Europe, et jusqu’au Québec.
Le conflit ukrainien illustre la dynamique complexe de la nouvelle hiérarchie des États qui s’installe depuis 1991. D’un côté, l’expansionnisme de l’OTAN et de l’Union européenne ; de l’autre, le chauvinisme Grand-Russe et l’acharnement de l’État post-soviétique à conserver à tout le moins un statut de puissance régionale face à ses voisins immédiats et à maintenir l’unité de la Fédération de Russie face aux mouvements séparatistes.
Puis, au sein même de l’Ukraine, la résistance à la domination Russe qui est instrumentalisée au profit d’une politique ultra-libérale et chauvine, ce qui donne à la minorité russophone des airs de résistance anticapitaliste et antifasciste en harmonie avec la mythologie néostalinienne.
Face à ces situations désastreuses (et on pourrait élaborer longtemps sur le nouveau partage de l’Afrique et les horreurs qui en découlent), le nouvel internationalisme peine à se constituer en alternative. Le pôle constitué autour du Venezuela, avec Cuba, la Bolivie et l’Équateur, est aux prises avec ses contradictions et ses limites : dépendance envers les revenus du pétrole et du gaz, maintien des structures financières et industrielles capitalistes, culte du chef, centralisation du pouvoir et limites aux initiatives de la base, etc. Le mouvement altermondialiste est aussi confronté à ses limites comme l’absence de coordination entre les mouvements sociaux et les partis politiques. Il n’y a toujours pas de nouvelle Internationale, avec des partis de masse capables de proposer une stratégie pour créer cet autre monde possible dont on parle depuis 15 ans.
Pour toutes ces raisons, le développement de liens internationaux avec d’autres organisations écosocialistes et le renforcement des liens entre Québec solidaire et d’autres partis de la nouvelle gauche antilibérale constituent des priorités pour l’action du Réseau. La contestation des guerres impérialistes, du militarisme, de l’inflation sécuritaire et des discours et actions islamophobes constituent aussi des priorités dans notre travail politique.
3. L’Europe en crise et la nouvelle gauche à un point tournant
La crise grecque est le résultat des contradictions et des déséquilibres dans le projet européen néolibéral. L’union monétaire entre les pays plus riches du centre-nord et les pays moins riches de la périphérie, combinée avec le recours aux marchés financiers pour soutenir l’endettement des États, devait fatalement conduire au phénomène de la spéculation sur les dettes publiques qui est au cœur de la dépression économique que vit la Grèce depuis 2009. C’est le même phénomène, en partie, que celui qui avait mené à la catastrophe en Argentine en 2000, en raison de la parité artificielle entre sa monnaie et le dollar US.
Cette crise économique se greffe aux contradictions profondes de la démocratie libérale à l’époque de la mondialisation. La fin du « communisme » devait marquer le triomphe de la « démocratie ». Mais la réalité est que les gouvernements élus, même dans les pays les plus riches et les plus indépendants, ont un pouvoir de plus en plus limité en raison de la toute puissance des marchés financiers et du rôle des institutions internationales de régulation des politiques économiques (FMI, Banque mondiale, Union européenne, OMC, etc.).
L’élection du gouvernement Syriza en janvier constitue le point culminant (à ce jour) d’une profonde vague de résistance aux politiques d’austérité à travers l’Europe. Il s’agit aussi d’un symptôme de l’échec de la social-démocratie européenne qui a capitulé devant le néolibéralisme depuis longtemps, une dimension centrale du déclin de la démocratie représentative bourgeoise. Mais une nouvelle gauche émerge, avec des forces comme Podemos, la gauche indépendantiste écossaise, le Front de gauche et le NPA en France, la montée de la gauche radicale en Irlande, etc. Une gauche qui cherche à réinventer soit un vrai réformisme, avec des réformes positives pour la majorité de la population, soit un anticapitalisme non – sectaire et anti-autoritaire, le plus souvent en combinant ces deux projets de diverses manières en entretenant un flou entre les deux. Québec solidaire constitue un des cas de figure de cette grande reconfiguration des forces politiques visant la contestation du consensus néolibéral et cherchant de nouvelles façons de « dépasser le capitalisme ».
L’accord temporaire négocié par le gouvernement Grec en février, pour une période de quatre mois, a été évalué de diverses manières. Pour certains, il s’agit déjà d’une capitulation, et de la preuve que le projet de Syriza (mettre fin à l’austérité sans sortir de l’Euro) est irréalisable. Pour d’autres, il s’agit d’une trêve donnant au nouveau gouvernement Grec le temps de consolider ses forces à l’interne, de mobiliser ses appuis externes, et de faire augmenter la pression sur les autres gouvernement européens. Le vrai test étant remis à plus tard.
Peu importe ce qu’on en pense, cet accord de transition montre que nous sommes devant une course contre la montre et que la situation actuelle ne peut durer bien longtemps. Le peuple grec et son nouveau gouvernement vont-ils continuer à résister jusqu’à ce que des renforts arrivent, sous la forme d’un gouvernement Podemos en Espagne par exemple ? Le résultat des élections régionales en Andalousie (3e place pour Podemos) nous permet d’en douter.
L’avenir du gouvernement Grec et de son bras de fer avec les institutions européennes sont donc d’une importance cruciale pour l’avenir de cette nouvelle gauche, tant en Europe qu’ici. On peut envisager trois scénarios à court terme :
1. La Grèce parvient à se sortir de l’étau de l’austérité sans quitter la zone Euro. Syriza fait la démonstration qu’une autre Europe est possible sans rupture institutionnelle. Un nouveau réformisme est à l’ordre du jour. Ce scénario semble de moins en moins réaliste à mesure qu’on prend acte de la rigidité des institutions européennes.
2. La Grèce capitule devant les dictats de ses créanciers, c’est la démoralisation et les divisions qui guettent alors la nouvelle gauche. La tendance modérée fusionne avec la social-démocratie pendant que la tendance radicale entre dans une période difficile de reconstruction en étant d’abord très minoritaire. C’est le scénario le moins désirable, mais une possibilité bien réelle.
3. La Grèce est contrainte à quitter l’Euro et à prendre des mesures anticapitalistes pour mettre fin à l’austérité. La nouvelle gauche (partis et mouvements) entre dans un processus de radicalisation inégal selon les pays. C’est le scénario le plus souhaitable pour nous et nous savons qu’une partie significative de Syriza travaille déjà dans ce sens, de même que des éléments importants de la gauche politique hors Syriza et des mouvements sociaux radicalisés.
L’internationalisme, dans cette situation, est loin d’être une abstraction. Mais pour que la solidarité se développe, il faut aussi que le nouveau gouvernement grec confronte ses propres capitalistes et démontre aux classes subalternes du reste de l’Europe que l’avenir de leurs luttes passe par le succès de cette nouvelle gauche. La lutte sociale interne sur le terrain national et le combat diplomatique avec l’Europe sont indissociables.
La nouvelle gauche québécoise, à Québec solidaire en particulier, a donc intérêt à suivre de près l’évolution de cette situation profondément instable et à l’issue pour le moins incertaine. Au bout du compte, c’est la mobilisation des masses, tant en Grèce qu’ailleurs en Europe, contre les politiques d’austérité et pour une autre Europe, qui sera déterminante.
La victoire électorale de Syriza remet également à l’ordre du jour des débats de fond qui ont divisé la gauche depuis deux siècles. Les structures étatiques issues du capitalisme sont-elles irrémédiablement au service du capital ou peuvent-elles aussi être utilisées contre lui ? Les élections peuvent-elles être mises au service des changements sociaux ou sont-elles une simple tribune pour convaincre la population de rompre avec le système ? Par quel plan d’action concret une nation peut-elle sortir du capitalisme au moins en partie ? Quels types de rapports entre un parti politique et des mouvements de masse sont les plus propices à l’avancement des intérêts de la majorité et à la transformation radicale des rapports de pouvoir ? Tous ces enjeux restés essentiellement théoriques depuis la période de radicalisation de la fin des années 1960 et du début des années 1970 redeviennent non seulement pertinents mais urgents.
Les gouvernements de gauche en Amérique Latine avaient déjà reposé la question de la définition du projet socialiste pour le 21e siècle. Un nouveau réformisme s’appuyant à la fois sur la joute électorale et la mobilisation populaire y a connu un succès incontestable. Mais les différences considérables dans la situation sociale et économique entre ces pays néocoloniaux et les sociétés de consommation du Nord rendaient la transposition des leçons vers notre réalité pour le moins difficiles. Avec la Grèce, c’est un pays très proche du nôtre, dans la périphérie immédiate d’un des principaux centres d’accumulation du capital, qui est aux prises avec ces questions stratégiques.
L’échec de la nouvelle gauche européenne serait d’autant plus grave que sa conséquence politique probable à court terme serait la montée de l’extrême-droite, alors perçue comme la seule alternative face à des institutions européennes bloquées et échappant à tout contrôle démocratique. La force du FN en France tient en bonne partie à son aura « anti-establishment » et sa critique de l’Europe. Comme l’a expliqué le représentant du Parti de gauche à notre activité du 6 mars, la gauche radicale française est minée à la fois par les compromissions de certains de ses courants avec le social-libéralisme et par des divisions sectaires. Ajoutons que le ralliement de presque toute la classe politique française à la laïcité autoritaire et islamophobe donne au FN une couverture de respectabilité et une stratégie facile pour faire passer ses idées racistes contre l’immigration et les minorités pour une forme de défense des « valeurs de la république ».
Il n’y a pas d’avenir pour la nouvelle gauche, antilibérale ou anticapitaliste, sans une rupture claire avec les conceptions islamophobes et ethnocentriques de la laïcité et une solidarité active avec les minorités religieuses et les populations immigrantes contre toute forme de discrimination et d’exclusion. L’intégration par la solidarité et pour la convergence des luttes et la seule antidote possible face au poison de la peur et de la haine.
2. Le contexte pancanadien et québécois
4. Un régime Harper fatigué face à une opposition faible
Le virage opéré par le régime Harper depuis 2006 a fait du Canada une puissance impérialiste qui reste de second ordre mais qui a gagné en autonomie dans sa capacité d’action militaire et est plus déterminée que jamais à défendre les intérêts des grandes entreprises basées sur son territoire. Il a aussi fait du Canada un empire extractiviste de premier ordre, dont la force économique repose sur les secteurs énergétique et minier, avec l’appui d’un secteur financier de calibre mondial.
Le gouvernement canadien a fait du développement des énergies fossiles à partir des sables bitumineux le moyen de positionner Canada comme puissance économique de premier plan à ce niveau. Son objectif stratégique est de faire du pétrole le vecteur essentiel de sa politique énergétique. Cela l’a conduit à rejeter tous les efforts conséquents pour la réduction du gaz à effet de serre. Le gouvernement Harper soutient financièrement la volonté des entreprises pétrolières de couvrir le continent d’oléoducs pour pouvoir exporter un pétrole sale.
L’exploitation pétrolière et gazière dans l’Arctique est à l’ordre du jour. Les gouvernements québécois (tant celui de Pauline Marois que de Philippe Couillard) se sont fait les complices de ces objectifs de la bourgeoisie canadienne. Les grandes entreprises comme TransCanada rappellent, sans honte, que c’est le fédéral qui peut décider du passage du pétrole sur le territoire québécois et que le Québec et son gouvernement n’ont pas droit au dernier mot à ce propos. Le peuple québécois se voit réduit au silence sur des décisions qui conditionnent son avenir.
Le budget militaire n’a pas cessé d’augmenter pour le plus grand profit des marchands de guerre. Douze ans d’intervention en Afghanistan a semé la destruction et n’a pas fait reculer significativement la misère. La corruption des autorités afghanes que le gouvernement canadien soutenait est de notoriété publique. Le gouvernement Harper s’engage maintenant dans des frappes aériennes en Irak et en Syrie contre l’État islamique se faisant ainsi l’allié objectif de Bachar el Assad. Ces frappes aériennes (sans déploiement d’armées au sol) et la mise sur pied d’une coalition, ne cherchent qu’à créer les conditions de l’acceptabilité sociale d’une intervention plus massive et plus prolongée afin de consolider la domination des puissances occidentales sur la région et la recolonisation de cette partie du monde dans leurs intérêts. La couverture humanitaire de cette intervention impérialiste est presque inexistante. Cette intervention conduira à la détérioration de la paix dans le monde, au renforcement de l’insécurité, augmentera les risques de restrictions des droits démocratiques et de développement de l’islamophobie. Le soutien à la construction d’un mouvement antiguerre massif est la condition de la défense des droits démocratiques de la majorité populaire.
Le discours de la « guerre contre le terrorisme » a été renouvelé à la faveur des attentats d’Ottawa, de Saint-Jean-sur-le-Richelieu et de Paris, avec en arrière-plan les horreurs commises par le Groupe état islamique, Boko Haram et d’autres. Ceci a permis une radicalisation des politiques répressives, de surveillance et d’attaques contre les libertés civiles, sous la forme du projet de loi C-51. C’est en tablant sur la peur du terrorisme que ce régime usé espère rallier une base suffisante pour se maintenir au pouvoir.
La marche forcée des Conservateurs vers une démocratie restreinte doit être soulignée, et particulièrement au niveau de la restriction des droits démocratiques du mouvement syndical qui est une des cibles privilégiées du gouvernement Harper. Le gouvernement conservateur cherche à affaiblir le mouvement syndical : multiplication des lois obligeant le retour au travail, lois restreignant les possibilités de syndicalisation, loi pour limiter l’autonomie et l’indépendance des syndicats. La remise en question de la formule Rand est dans la mire de ce gouvernement. À cela s’ajoute une politique de plus en plus répressive contre la population immigrée, sans parler de l’odieuse politique contre les communautés autochtones. Cette politique de restriction des droits démocratique s’habille du conservatisme moral et, en ce domaine, ce sont les femmes qui sont les principales visées.
Les partis d’opposition
À l’exception de quelques enjeux relatifs aux politiques sociales et à des artifices de rhétorique, le Parti Libéral du Canada s’est rallié à tous les aspects essentiels de la politique conservatrice (C-51, oléoducs…), ce qui démontre que cette dernière est en fait la nouvelle stratégie d’ensemble de la classe capitaliste canadienne et non celle d’un seul parti. Cette réalité démontre les limites et le caractère illusoire de l’orientation des centrales syndicales canadienne et québécoises de la perspective visant à chasser Harper aux prochaines élections y compris en votant pour le Parti libéral du Canada. Celui-ci vient d’ailleurs de se surpasser dans la surenchère impérialiste en reprochant aux Conservateurs de ne pas augmenter les budgets militaires assez rapidement.
Le NPD, sous Mulcair, oscille constamment entre le ralliement au consensus de la classe dominante sur certaines questions (Énergie Est, Israël) et la résistance parlementaire et légale face à d’autres (Poste, C-51, Irak), en continuité avec les origines syndicales et populaires de ce parti. Son incapacité à maintenir la deuxième place obtenue en 2011 est essentiellement le résultat des politiques social-libérales de ses composantes provinciales. Celles-ci ont mené à une série de campagnes électorales désastreuses au cours des derniers mois (Nouvelle-Écosse, Ontario, Colombie-Britannique…). Ironiquement, ce n’est qu’au Québec que le NPD reste fort, parce que l’opinion publique québécoise n’est pas confrontée à une section provinciale sociale-libérale ou à un gouvernement NPD impossible à distinguer de ses équivalents conservateurs ou libéraux. La même logique consistant à « sortir les sortants » qui avait causé la « vague orange » semble être aussi derrière les succès du NPD dans les élections provinciales albertaines. Mais on ne construit pas une majorité politique effective à l’échelle pancanadienne uniquement sur ce type de sentiment.
Le Parti Vert continue à incarner une sorte de capitalisme vert pâle bien intentionné. Ce qui est suffisant pour lui conserver une certaine place dans le paysage politique, mais pas pour en faire une alternative crédible à gauche du NPD ou un point de ralliement pour une perspective écosocialiste.
Le déclin à long terme du Bloc québécois se poursuit, sous la forme de la crise de leadership qui a mené à la victoire de Mario Beaulieu et au départ de trois de ses cinq députés. Ses belles intentions pédagogiques indépendantistes sont assombries par son ralliement au nationalisme identitaire islamophobe de la Charte des valeurs. Le volontarisme sur l’indépendance ne fait pas une stratégie et constitue en fait rien de plus que l’envers de l’attentisme typique des directions du PQ.
La défense des intérêts du Québec était un fonds de commerce incapable de livrer la marchandise. L’usure du Bloc québécois aux yeux d’une partie substantielle de la population du Québec reflétait le rejet de cette une impuissance politique désormais constatée largement. Mario Beaulieu, le nouveau chef élu du Bloc québécois, tente de se distancier du discours traditionnel du Bloc québécois dirigé par Gilles Duceppe.
Mais il reste engoncé dans la logique pédagogique du « sortir, parler, convaincre le peuple de l’indépendance ». Mais il n’avance aucune stratégie pour lutter contre les politiques néolibérales des partis libéraux et conservateurs. Il ne suggère aucune initiative pour en finir avec le gouvernement Harper et pour en finir avec une politique de régression sociale, démocratique et environnementale d’Ottawa qui touche le Québec de plein fouet. Il ne développe aucune politique vis-à-vis des mouvements sociaux canadiens qui pourraient être gagnés à la défense du droit à l’autodétermination du Québec. Si sa prise de position claire et nette contre le le projet de l’oléoduc Énergie Est de Transcanada lui permet de parler aux personnes ayant une sensibilité environnementaliste, il n’en reste pas moins que son rejet de toute perspective d’alliance au niveau pancanadien, empêche qu’il soit un facteur important dans cette lutte. L’adoption d’une position similaire par le caucus du NPD (ce qui semble s’annoncer) permettrait de renforcer au projet de désenclavement du pétrole tiré des sables bitumineux.
Les deux issues les plus probables aux prochaines élections fédérales, prévues pour le 19 octobre, sont le prolongement du régime conservateur mais avec un mandat minoritaire fragile, ou l’élection d’un gouvernement minoritaire libéral appuyé sur le NPD. Dans le premier cas, il n’est pas exclu qu’une alliance PLC-NPD force la main du gouverneur général et conduise rapidement au second scénario sans recours à une nouvelle élection. D’une manière ou d’une autre, nous sommes au bord d’une période d’instabilité en politique canadienne avec une lutte à trois partis.
L’alliance parlementaire probable PLC-NPD (après l’élection) pourrait contribuer à ouvrir un espace à gauche vers la formation d’une alternative enracinée dans les luttes sociales et politiques, en rupture avec le social-libéralisme et le nationalisme économique du NPD. Une telle alliance ne sera pas annoncée avant l’élection pour laisser se dérouler la lutte à trois. Après, il ne sera pas question d’une coalition gouvernementale mais d’un appui parlementaire du NPD pour un gouvernement libéral minoritaire.
Les luttes sociales sont dispersées et modestes en dehors du Québec. Il n’y a pas d’élan profond de la base pouvant secouer la bureaucratie des syndicats et du NPD comme ce fut le cas en 2001-2003 avec les mouvements altermondialiste et pacifiste, ce qui devait donner naissance à NPI (New politics initiative), le mouvement s’étant approché le plus d’un renouvellement de la gauche politique, avec l’appui du tiers des délégué-e-s au congrès pancanadien du NPD.
Le Forum social des peuples d’août 2014 a toutefois donné une impulsion significative dans cette direction en réunissant (pour la première fois ?) des milliers de militantes et des militants du Québec, du Canada anglais et des Premières Nations. On remarque aussi depuis quelques années l’émergence de nouveaux groupes radicaux enracinés dans des dynamiques locales (à Halifax, Ottawa, Toronto, Hamilton et Vancouver, notamment). L’exemple de Québec solidaire et d’autres nouveaux partis ailleurs dans le monde donne aussi des idées à plusieurs dans la gauche canadienne. On peut souhaiter que les initiatives en cours mènent à moyen terme à la formation d’un nouveau parti pluraliste de la gauche radicale dans l’État canadien. Mais le défi est de taille.
5. Des partis bourgeois québécois acquis au néolibéralisme, à l’extractivisme, et à diverses variantes de l’autonomie provinciale
PLQ - agent de la fraction la plus fédéraliste de la bourgeoisie québécoise
Le Parti libéral du Québec est le représentant de cette fraction fédéraliste inconditionnelle de la bourgeoisie canadienne et de ses associés québécois. Il combine une politique néolibérale conséquente à un projet de dénationalisation de la société québécoise.
Le PLQ veut systématiser les politiques d’austérité. Au nom de la poursuite du déficit zéro, comme le gouvernement péquiste avant lui, il s’attaque aux services publics par les compressions dans les dépenses et la tarification des services. Il évalue par une série de ballons d’essai les points de moindre résistance dans l’implantation de ses contre-réformes. Il veut ainsi créer une insuffisance des services publics pour justifier leur privatisation. Il cherche à détruire les mécanismes de représentation citoyenne dans les institutions de l’État. Le projet de réforme du système de santé du ministre Barrette en est la plus récente illustration. Il participe de l’accaparement des richesses vers les sommets de la société en refusant de remettre en question la fiscalité et en refusant de s’attaquer aux échappatoires fiscales de tout genre. Au contraire, sous prétexte de rendre la fiscalité plus concurrentielle, il s’apprête à la rendre encore plus inéquitable. L’attaque contre le projet de loi sur les retraites des employéEs municipaux participe de ces attaques contre une répartition plus juste des richesses.
En soutenant l’impossibilité de tout amendement à la constitution canadienne, en dédramatisant les menaces sur la langue française comme langue commune, en soutenant les entreprises guerrières d’Ottawa (déclaration de Couillard à ce propos), les politiques du premier ministre Couillard s’inscrivent dans les politiques conservatrices visant à apporter sa contribution à la stratégie de nation building canadien du gouvernement Harper.
Relance du Plan Nord et dans sa suite, investissements dans Gaz Métro, construction d’infrastructures pour les minières, le gouvernement Couillard inscrit sa politique économique dans une logique extractiviste. Cette politique est la mise en œuvre de la promotion des intérêts du capital financier et pétrolier qui vise à faire du Canada une puissance de première importance au niveau des exportations des énergies fossiles et cela avec le soutien de Washington.
La politique économique du gouvernement Couillard concrétise l’alliance de la bourgeoisie canadienne et québécoise autour de cette perspective. La vaste majorité de la bourgeoisie québécoise n’a pas de projet économique ou politique propre. C’est pourquoi, on peut dire qu’elle est apatride. Cette alliance implique également, non seulement le secteur fédéraliste, majoritaire de la bourgeoisie québécoise, mais également son secteur nationaliste. Il suffit de se rappeler les politiques mises de l’avant à ce niveau par le gouvernement Marois à cet égard et réaffirmées récemment par Pierre-Karl Péladeau : choix d’un développement marginal des énergies renouvelables qu’on laisse d’ailleurs aux mains du secteur privé.
Le capitalisme est en crise. La classe dominante est à l’offensive. Poser les possibilités de réformes à froid capables de s’imposer sans essayer de bloquer les projets de la classe dominante est une stratégie sans aucune crédibilité. Le glissement de la social-démocratie européenne comme de la social-démocratie canadienne sur une orientation ouvertement néolibérale une fois au pouvoir - dans l’opposition elle peut se payer le luxe d’une rhétorique sociale libérale - en est la claire expression.
Cela signifie qu’un projet économique, politique et social alternatif qui s’assume doit poser la nécessité d’en finir avec le projet de la classe dominante qui est de renforcer la concentration de la richesse, de justifier le renforcement des inégalités, et affaiblir durablement les organisations syndicales, populaires, féministes et jeunes qui résistent à leur projet antisocial. Un projet de réelle transformation sociale est un projet de rupture avec la logique économique que nous impose la crise capitaliste actuelle et les réponses que donne la classe dominante à cette crise...
Quelle politique énergétique ? Quelle politique industrielle ? Quelle politique fiscale ? Quelles politiques pour un Québec indépendant... qui n’accepte pas de se construire dans le cadre d’un État provincial ? Un projet alternatif doit donner des réponses claires qui vont dans le sens des intérêts de la majorité populaire. Il ne peut se contenter de mettre de l’avant des petits projets éclatés sans vision d’ensemble.
PQ – Un vernis souverainiste qui n’arrive plus à cacher un ralliement total au statu quo
Le Parti québécois manifeste depuis toujours une incapacité organique à confronter la bourgeoisie canadienne et son État. La politique concrète du gouvernement Marois s’était alignée complètement sur les intérêts de l’oligarchie régnante au Québec et sur une collaboration ouverte avec les projets de la bourgeoisie canadienne... Le gouvernement Marois a, encore une fois, démontré la politique pro-capitaliste des gouvernements péquistes comme cela a été le cas entre 1994 et 2003.
La crise profonde du mouvement souverainiste depuis la défaite de 1995 se poursuit. La troisième place du PQ en 2007, causée en partie par la démagogie de l’ADQ autour des « accommodements raisonnables », a conduit à l’arrivée de Marois aux commandes et à un virage « identitaire » qui a fait des ravages. Des liens directs ont même été établis entre certains militants « souverainistes » français (du Front national) et des membres influents du PQ. Les candidats Péladeau et Drainville ont dû prendre leur distance face à ces alliés embarrassants.
La victoire maintenant inévitable du magnat de la presse et champion du lock out indique clairement qu’il ne reste rien du « préjugés favorable aux travailleurs » de 1976. Tout ce qui maintient ensemble les morceaux rapiécés de cet édifice en ruine est la pensée magique autour d’un « sauveur », d’un chef qui mènerait les troupes dociles vers la victoire. Mais, comme le lui permet sa popularité en téflon, PKP n’exprime que des généralités et ne s’engage à rien. Parions que son leadership sera en continuité avec celui de Marois : pro-patron, pro-pétrole, autonomiste dans les faits (avec de la rhétorique indépendantiste comme givrage sucré), bref foncièrement conservateur.
Le secteur nationaliste de la bourgeoisie québécoise a toujours reculé aux moments cruciaux face à la rupture avec l’État canadien et elle est moins décidée que jamais, à faire un tel saut. C’est pourquoi l’écart entre les prétentions indépendantistes et les stratégies mises de l’avant par le PQ risque d’être particulièrement abyssal et déchirant. Nous entrons donc dans une période où le défi principal est de construire un nouveau bloc indépendantiste autour d’un projet de société égalitaire et d’un processus radicalement démocratique d’accession à l’indépendance par l’élection d’une assemblée constituante. La majorité sociale, formée par les classes ouvrières et populaires, peut et doit devenir la majorité politique porteuse de ce nouveau projet d’émancipation sociale et nationale.
La perte d’hégémonie du Parti québécois sur le mouvement indépendantiste n’a pas fini de rebondir. La volonté de nombre d’indépendantistes de construire un mouvement de citoyen pour l’indépendance en l’illustration la plus parlante. Si l’on peut et doit appuyer le développement d’un tel mouvement, ce dernier, comme les autres mouvements sociaux, va s’orienter et fixer des objectifs à partir des débats politiques qui vont traverser les partis politiques. Cela pose des défis importants pour que ce mouvement citoyen ne soit pas inféodé aux Parti québécois et à ces orientations politiques.
Les pièges du débat identitaire
La CAQ, rendue caduque sur le plan économique par la détermination néolibérale de Couillard, tente de se donner une nouvelle raison d’être en prenant, elle aussi, un « virage identitaire » aussi inquiétant qu’irréfléchi (police des valeurs, examens de québécitude, etc.). En 2018, l’électorat conservateur aura donc le choix entre la xénophobie autonomiste sans conséquence de Legault et la xénophobie superficiellement souverainiste du PKPQ.
Face à un PQ de plus en plus conservateur et à une CAQ qui retourne à ses racines populistes du temps de Mario Dumont, le PLQ sera-t-il le seul défenseur des droits démocratiques des minorités et d’une vision pluraliste du Québec ? Il est temps que Québec solidaire clarifie sa position sur l’ensemble de ces questions et tourne le dos à tout ce qui reste de concessions à l’islamophobie ambiante et aux préjugés des secteurs réactionnaires de la population. L’opposition de QS à la Charte du PQ ne devrait pas être partielle (uniquement sur le port de signes religieux, et avec des nuances) mais totale. Notre vision du Québec devrait être rigoureusement inclusive et notre vision de la laïcité résolument incompatible avec la stigmatisation des minorités et les mesures de répression administratives. Le vernis féministe ou démocratique que certains groupes (comme le PDF ou le MLQ) cherchent à donner à une politique réactionnaire d’intégration (en fait d’assimilation et d’exclusion) doit être décapé par la critique et une approche intersectionnelle, telle que préconisée par la FFQ.
Québec solidaire peut se donner une identité très claire sur le paysage politique québécois en se définissant comme indépendantiste - sans association, sans tergiversations, et avec un projet radicalement démocratique - et pluraliste : en défense des droits des minorités, contre le nationalisme ethnique, avec le français comme langue des institutions communes et une laïcité qui concerne l’État et non les personnes et qui permet justement à celles-ci d’afficher leurs différences sans craintes. À l’approche libérale de défense abstraite de l’égalité, il faut opposer une lutte contre l’oppression et une intégration par la solidarité et les luttes.
Le rôle du Réseau écosocialiste, sur ce plan, est d’organiser ceux et celles qui souhaitent une telle évolution de QS et de mener un patient travail de clarification idéologique et programmatique.
Retour au premier texte
3- Les mouvements sociaux à la croisée des chemins
A. Concertation conflictuelle ou syndicalisme de combat ?
Comme l’a rappelé les appels des centrales à la concertation sur l’emploi (après la rencontre du 12 février 2015) et le titre du Devoir sur le “Front commun syndical-patronal”, le mouvement syndical est traversé par des orientations contradictoires : une orientation en grande partie élaborée par les directions, mais qui ont des relais dans une grande partie des bases et qui prône une stratégie de concertation avec le patronat et les gouvernements et qui cherchent à exercer des pressions pour amener les classes dominantes et leurs partis à se rallier à une telle stratégie ou une orientation qui prône un syndicalisme de combat ou de transformation sociale, donc un virage politique important qui implique une rupture avec la stratégie de concertation et le recours à des moyens de lutte qui ne s’enferment pas dans les cadres légaux imposés par l’État.
Depuis le tournant néolibéral de la classe dominante, cette orientation concertationniste s’est maintenue et s’est redéfinie plusieurs fois. Du soutien critique au PQ au soutien au PQ comme moindre mal malgré ses politiques social-libérales, il y a eu toute une série de glissements dans le mouvement syndical qui a eu comme constantes la défense du partenariat et le refus systématique de travailler à la construction d’un parti politique des travailleurs et des travailleuses. Le sommet socio-économique de 1996 a été l’illustration la plus claire d’où pouvait mener la reprise du discours patronal dans les rangs syndicaux. « Le sommet a eu pour résultat des pertes d’emplois, de nouvelles tarifications, une diminution de l’efficacité des services publics, ce qui a favorisé le recours a des services privés de santé et d’enseignement. Ainsi, le mouvement syndical a contribué à déstructurer les services publics qu’il prétendait vouloir préserver… Néanmoins, malgré ces fruits amers, le « partenariat social perdure dans le milieu syndical. La conséquence politique centrale de cette stratégie est le remplacement de la mobilisation des membres par des discussions à haut niveau desquelles les syndiquÉes sont excluEs. Le « partenariat social » se pratique aux dépens de la démocratie syndicale. Les travailleurs et les travailleuses sont ainsi désappropriéEs des moyens nécessaires de lutte pour améliorer leurs conditions de travail. Il ne faut donc pas se surprendre si la combativité des syndiquéEs n’est pas au rendez-vous. Le cercle vicieux- moins on mobilise moins les syndiquéEs sont mobilisables – justifie le partenariat. » (Ghislaine Raymond, Le « partenariat social » Sommet socioéconomique de 1996, syndicats et groupes populaires, M Éditeur, 2013, pp.177-179)
L’orientation de concertation sociale, qui s’accompagne d’un soutien plus ou moins avoué à un parti comme le Parti québécois, cache le refus de l’autonomie politique sous la rhétorique de la neutralité partisane, qui est en fait, un refus de se laisser entraîner vers le soutien explicite à un parti qui se définit comme défenseurs des intérêts des classes subalternes.
L’orientation du mouvement syndical est un enjeu d’un débat politique essentiel : soit comme le propose la majorité des directions, le mouvement syndical cherche à s’intégrer au capitalisme et à participer à son essor en le rendant acceptable auprès de ses membres, soit il radicalise sa pratique et son discours pour faire face à l’offensive d’austérité permanente qui réduit ses droits. S’il cherche à se donner un projet politique comme réponse globale à cette offensive et noue les alliances avec un parti politique capable de porter un tel projet, son action s’inscrira dans la défense d’une autonomie politique réelle face projet des partis du capital.
Avec les prochaines négociations dans le secteur public, le mouvement syndical fait face à défi essentiel : convaincre la majorité de la population, à commencer par ses membres, de l’importance de ses revendications et la légitimité de l’action collective pour contrer les politiques gouvernementales, pour défendre les services publics et pour protéger les conditions de travail et de vie des employéEs des services publics. Si le gouvernement parvient à ses fins, ce sont les femmes et les secteurs populaires les plus vulnérables qui vont en faire les frais. Dans la santé, le mouvement syndical fait face à la précarisation des conditions d’emploi, à la privatisation, à l’augmentation de la charge de travail, etc. Dans l’éducation, les syndicats et le mouvement étudiant font face à des attaques similaires.
B. La lutte du mouvement étudiant du Printemps 2015 et sa nécessaire réorientation stratégique
Les principales revendications du mouvement étudiant en ce Printemps 2015 avaient une portée trop générale. La grève étudiante s’est inscrite dans une lutte globale contre l’austérité en santé, en éducation et dans les services sociaux (coupures, gel des embauches, hausses de frais, privatisation et marchandisation), contre les projets d’exploitation et de transports des hydrocarbures, contre le profilage et la répression politique et pour la défense des droits syndicaux (lutte contre la réouverture des conventions collectives, l’attaque contre les régimes de retraite et contre les lois spéciales, etc.). Par exemple, une proposition de grève du Cégep du Vieux-Montréal « revendiquait entre autres la fin des mesures d’austérité « pour toujours », l’abolition de la loi 3 sur les régimes de retraite et l’abolition du règlement P-6 dans la métropole. »
D’autres associations locales (comme l’Association facultaire des étudiant-es en sciences humaines de l’UQAM) face à la répression qui l’a tout particulièrement frappé a répondu à cette attaque par une plate-forme très spécifique qui relevait de la seule lutte à l’UQAM. Par exemple : « La fin immédiate des basses manœuvres juridiques de l’administration de l’UQAM (injonction et poursuites contre des étudiant-es militant-es) ; la réadmission à la maîtrise de René Delvaux, expulsé en catimini pour l’écarter du C.A. ; que les 22 arrêté-es du mercredi 8 avril ne soient pas poursuivi-es et ne soient les cibles d’aucune sanction administrative ; ...)
C’est ainsi que la grève sociale espérée s’est transformée en une série de luttes fragmentées pour le droit de manifester. Bien que la lutte contre la répression politique soit absolument essentielle, il est difficile d’établir un rapport de force suffisant vis-à-vis des autorités administratives et publiques dans un contexte de dispersion des énergies et d’improvisation. Indépendamment des résultats concrets des féroces luttes actuelles, il faut réfléchir dès maintenant à la poursuite de la mobilisation au-delà du Printemps 2015. Pour ce faire, il faut élaborer un espace de revendications qui trouve un équilibre délicat entre le général et le particulier, afin d’éviter le double piège des demandes abstraites (lutter contre le capitalisme ou le néolibéralisme) et des revendications sectorielles qui limitent le potentiel de généralisation.
La stratégie consiste à bloquer les coupures massives dans le système d’éducation. Ce n’est pas seulement les étudiant-es, mais l’ensemble des écoles primaires et secondaires, les commissions scolaires, les cégeps et les universités, les élèves, les professeur-es, les employé-es, les chargé-es de cours, et les administrations d’établissement qui seront directement touchées par ces coupures. Pour réclamer quelque chose d’unificateur, il faut demander un réinvestissement massif dans le système d’éducation par une proposition claire : l’injection immédiate d’un milliard de dollars supplémentaires dans le système d’éducation. L’objection facile, « on n’a pas d’argent », pourra facilement être réfutée par la campagne de la Coalition opposée à la tarification et la privatisation des services publics, 10 milliards$ de solutions. L’alternative à l’austérité se résume à une idée simple : justice fiscale.
Ainsi, la grève de masse n’aurait pas pour but de défendre les intérêts particuliers des étudiant-es, des professeur-es, etc., mais l’intérêt général, l’intégralité du système d’éducation, en prônant des mesures politiques qui pourraient permettre de financer les services publics (santé, garderies, transports, etc.) et de réduire le fardeau fiscal des classes moyennes et populaires. Autrement dit, la lutte passerait de la phase économique-corporative à la phase éthico-politique. 1G$ pourrait susciter l’adhésion des étudiant-es, chargé-es de cours, professeur-es et même des recteurs qui militent depuis longtemps contre le sous-financement du système postsecondaire.
Par ailleurs, la revendication principale d’1G$ jumelée aux mesures de justice fiscale (10G$ de solutions) pourrait s’accompagner d’une revendication visant à répondre au problème de la dette : un audit citoyen sur la dette publique. Il s’agit d’un outil pédagogique formidable pour contester l’idéologie austéritaire, en permettant « aux citoyens de se réapproprier la question de la dette publique, et à partir de là les grandes questions de politique économique, comme des enjeux démocratiques. Il s’agit d’engager un examen public approfondi de quelques questions clés.
Mais, il ne suffit pas de demander plus d’argent, il faut encore assurer une allocation des ressources en fonction des besoins. Cela implique d’abolir le financement par tête de pipe instauré au tournant des années 2000 par le ministre de l’Éducation de l’époque, François Legault, qui remplaça la formule de financement historique en fonction des besoins des institutions avec des ajustements particuliers, par un système de financement basé exclusivement sur le volume et la nature de l’effectif étudiant en équivalence au temps plein (EEETP).
À ce financement injuste et peu efficient, il faut également veiller à la gestion des ressources financières non seulement par une caste de managers privilégiés au sein des conseils d’administration, mais par l’ensemble de la communauté universitaire. Il s’agit d’éviter des situations absurdes où des hauts dirigeants grassement payés (le recteur de l’Université Laval gagne 355 000$ par année) se votent des prolongations de salaire à 90% pendant six ans après la fin de leur mandat, tout en imposant des abolitions de programmes et des compressions dans les Facultés et la bibliothèque (800 000$ dans le budget de la bibliothèque) . L’idée est d’instituer des budgets participatifs dans l’ensemble des institutions d’éducation, du primaire à l’université en passant par les commissions scolaires, afin d’assurer la démocratisation du budget, la transparence et l’efficience dans la gestion des finances publiques, et l’allocation équitable des ressources en fonction des besoins exprimés.
Ainsi, il faut dès maintenant contribuer à rendre légitime l’idée d’une co-gestion des établissements scolaires à toutes les échelles, tout comme la « gratuité scolaire » fut lancée dans l’espace public et rendue crédible à force de débats, même si la revendication initiale était d’abord de bloquer la hausse des frais de scolarité.
Il faut saisir la fenêtre d’opportunité de la lutte contre l’austérité pour revendiquer, non pas plus de financement pour des institutions gérées sur un modèle technocratique, mais une démocratisation radicale et une meilleure gestion des fonds publics pour assurer la qualité de l’éducation, la transparence, l’équité, etc. Le discours anticorruption et antibureaucratie, généralement monopolisé par la droite qui prône les privatisations, pourrait ainsi être retourné en faveur de l’instauration d’un régime de démocratie participative, lequel pourrait être généralisé dans le réseau de la santé et les autres services publics, les municipalités, etc. Le slogan, surprenant pour un mouvement de gauche, pourrait être : « à bas la bureaucratie, vive la démocratie ! »
Enfin, le dernier groupe de revendications doit être la défense du droit de contestation, qui représente le pilier de l’autonomie de la société civile et de la liberté politique. Il est absolument essentiel de défendre les droits fondamentaux (liberté d’expression, d’association, de réunion publique) en revendiquant l’abrogation immédiate des lois anti-manifestations à l’échelle municipale et nationale (règlement P-6 à Montréal, règlement « sur la paix et le bon ordre » à Québec, article 500.1 du code de la sécurité routière, etc.), la fin de la judiciarisation des conflits (retrait des injonctions), la fin du profilage et de la répression politique, etc. Par ailleurs, la question délicate du « droit de grève » du mouvement étudiant doit être remise en avant-plan. Alors que certains réclament l’encadrement légal, d’autres affirment tout bonnement qu’il n’existe pas, l’éducation étant ainsi réduite à un « don » des autorités, un produit, une marchandise. Il s’agit d’abord d’assurer la reconnaissance des droits collectifs et de décriminaliser le mouvement étudiant. Cela n’implique pas nécessairement la légalisation et l’encadrement juridique du droit de grève, mais au moins une réelle reconnaissance du droit d’usage des pratiques étudiantes qui ne doivent plus être bafouée par les impératifs administratifs et l’opinion des dirigeants politiques. (Texte repris de la contribution de Jonathan Durand Folco, Au-delà du printemps 2015, Ekopolitica)
C. Le mouvement écologiste qui fait face à des enjeux essentiels : s’enraciner dans la majorité populaire, construire des liens avec différents mouvements sociaux et dépasser la stratégie des pressions sur les élites économiques et politiques.
Avec la lutte citoyenne contre l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste, le mouvement écologiste est devenu un mouvement citoyen qui s’est enraciné dans les différentes régions du Québec et qui a su construire un large appui dans la population. Les entreprises pétrolières et gazières et les gouvernements à leur service ont dû reculer, pour un temps du moins. La manifestation de centaines de milliers de personnes le 22 avril 2012 représentait une percée de masse de ce mouvement dans la société québécoise.
Le mouvement citoyen a été relancé pour faire face au tournant pétrolier et la volonté des entreprises pétrolières et des gouvernements de faire passer les pipelines transportant le pétrole tiré des sables bitumineux sur le territoire québécois. Encore une fois, les personnes directement concernées par le passage d’un pipeline sur leur terre ont été les premières mobilisées. Le Regroupement Québécois contre les Hydrocarbures qui avait commencé son travail contre l’exploitation des gaz de schiste a fait de la bataille des pipelines le nouvel axe de son combat. La campagne “Coule pas chez nous !” en a été l’expression. La tragédie de Lac Mégantic a démontré que l’invasion du pétrole bitumineux impliquait le renforcement exponentiel du transport de ce pétrole par train. L’utilisation par Suncor des grands pétroliers pour transporter ce pétrole sur le St-Laurent a démontré que le Fleuve et notre approvisionnement en eau étaient également menacés par le transport maritime.
La bataille contre le tournant pétrolier s’est diversifiée : mobilisation contre les pipelines de Trans Canada et d’Enbridge, mobilisation contre le port de Cacouna, mobilisation contre le port de transbordement de Sorel Tracy, création de groupes citoyens contre les trains devenus de véritables bombes sur rails. L’abandon du projet du port de Cacouna a été une victoire importante, même si la question de la construction d’un nouveau port de transbordement du pétrole par TransCanada demeure un enjeu.
Le mouvement contre le tournant pétrolier a commencé à s’enraciner. La manifestation du 11 avril 2015, a marqué un pas important dans cette direction. Ce printemps 2015 a été également fait apparaître le fait que de mouvement contre le tournant pétrolier crée des liens avec les autres mouvements sociaux. Dans le mouvement étudiant, la Coalition ÉtudiantEs contre les oléoducs (ECO) est en train de s’implanter dans les cégeps et universités du Québec. Elle prépare des initiatives nationales pour l’automne 2015. Elle cherche également à mobiliser une forte délégation de jeunes pour le sommet de Paris en décembre 2015. L’importance de la lutte contre les hydrocarbures s’est également manifestée comme thème de la lutte étudiante au printemps 2015.
Le mouvement syndical s’est d’abord montré réticent aux revendications environnementales. En octobre 2015, la FTQ- construction annonçait publiquement son appui à la construction du projet Énergie Est. On apprenait également que les fonds syndicaux investissaient dans le pétrole tiré des sables bitumineux... Les investissements du Fonds (FTQ) dans Enbrigde et TransCanada totalisent actuellement 41,6 millions de dollars. (Voir Gabriel Nadeau-Dubois, Les jobs ou les caribous ? Syndicalisme et écologie, petite histoire d’un grand dilemme, in Sortir le Québec du pétrole, Éditions Somme toute, 2015).
La participation des centrales à la manifestation du 11 avril marquait la volonté de ne pas laisser se creuser le fossé entre le mouvement syndical et les environnementalistes. Mais une véritable alliance ne pourra se créer que si le mouvement syndical rompt avec la concertation sociale et pose la nécessité de reconstruire l’appareil de production et les moyens de transport autour des énergies renouvelables par des investissements publics. Des débats sérieux restent donc à mener dans le mouvement syndical. Le mouvement syndical doit chercher à provoquer un débat public sur le modèle de développement alternatif, capable de répondre aux deux grands défis majeurs de notre siècle : les changements climatiques et les inégalités sociales. L’implication du mouvement syndical dans la lutte aux changements climatiques devra passer par une rénovation du syndicalisme pour en faire un syndicalisme de transformation sociale.
Les nations autochtones du continent ont été aux avant-postes de la lutte contre le tournant pétrolier. La défense de leur territoire et la conception du rapport à entretenir avec la nature (Terre mère), sont des composantes essentielles d’un discours de résistance aux visées des entreprises pétrolières.
Les femmes sont des organisatrices du mouvement de lutte contre les hydrocarbures... Cela est d’autant plus important que les industries pétrolières tentent d’utiliser les femmes dans la défense de cette industrie. Il est important que les femmes puissent prendre leur place sous les projecteurs, devant les micros et les caméras. (Le rôle des femmes dans le monde pétrolier). Noami Klein démontre d’ailleurs que les impacts des industries pétrochimiques sur les conditions de santé des populations touchent particulièrement les femmes (Voir Noami Klein, Tout peut changer, chapitre 13, Perpétuer la vie)
Le mouvement pourra se construire s’il sait démonter à l’ensemble de la population, qu’il ne s’agit pas seulement de résister et de refuser les changements néfastes qu’on nous propose, mais qu’il y a également une alternative au pétrole, que la transition vers les énergies renouvelables (comme l’éolien, le solaire, la géothermie et l’énergie marémotrice) est possible, qu’une économie respectueuse de l’environnement est à portée de mains pourvu qu’on impose le contrôle citoyen et démocratique sur les grandes décisions économiques de manière à ce que les énergies renouvelables puissent être régies sur une base décentralisée et adaptée aux besoins des populations. L’enjeu est énorme. La victoire passe par la responsabilisation et la mobilisation de la majorité populaire.
D. La résistance à l’austérité nécessite l’unification des luttes des différents mouvements sociaux
Les mouvements sociaux ne pourront résister à l’offensive actuelle de la classe dominante que dans la mesure où ils sauront dépasser leur dispersion et leur division. Les différents mouvements se voient poser des défis importants dont le premier est la possibilité d’agir collectivement autour d’une plate-forme commune. Toute une série de questions qui sont autant de défis doit trouver une réponse : comment construire l’unité populaire pour résister aux plans d’austérité du gouvernement Couillard ? Quels types d’actions seront nécessaires pour faire reculer le gouvernement et l’amener à renoncer à ses plans ? Qu’est-ce qui a empêché l’unité jusqu’ici et comment dépasser ces obstacles ? Comment lutter pour l’autonomie des organisations de la société civile face aux politiques d’intégration de l’État québécois ? Pour répondre à ces questions, collectivement, il faut pouvoir connaître, partager les expériences de lutte qui se développent dans différents mouvements.
Sans la construction d’un rapport de force en faveur des mouvements ouvrier et populaire et des autres mouvements sociaux, le projet politique de transformation sociale d’un parti politique de gauche ne pourra se réaliser. Construire un parti de gauche, c’est donc aussi contribuer à renforcer et à unifier les luttes concrètes contre les projets régressifs de la classe dominante et de ses alliés.
4.Perspective politique : Construire un Front social de résistance démocratique et militant
La seule opposition effective possible au gouvernement Couillard d’ici 2018 est dans la rue et dans les lieux de travail. La réinvention du syndicalisme de combat est incontournable si on veut arrêter le rouleau compresseur de l’austérité. Dans les négociations en cours pour les contrats de travail des 500,000 travailleuses et travailleurs du secteur public, toute approche tournant autour de la routine habituelle des négociations de bonne foi, des mobilisations ponctuelles et des tractations au sommet est vouée à l’échec. Il faut se préparer à une lutte comme on n’en a pas vu, au Québec depuis 1972 et la base le sait. Il reste aux syndicats à le reconnaître et à agir en conséquence en prenant la direction d’une lutte déterminée pour battre ce gouvernement dès cet automne, comme le mouvement étudiant avait battu le gouvernement Charest en 2012.
A. Vers la grève générale contre l’austérité
I. Un choix incontournable : construire la résistance populaire contre les politiques patronales et gouvernementales ou chercher à ouvrir un dialogue social avec le gouvernement
Des secteurs importants des différents mouvements sociaux sont déjà mobilisés. La volonté de résistance à l’austérité s’exprime concrètement dans la perspective de grève sociale. Les directions du mouvement syndical semblent faire le choix de maintenir une stratégie de concertation sociale.
Pas question d’accepter la détérioration des services publics qui touche particulièrement les femmes, d’endosser la privatisation et le démantèlement de pans entiers du secteur public et le détournement des fonds publics vers les mégas projets où les profits sont privés, mais les pertes sont socialisées.
Un front de lutte contre les politiques néolibérales pourra prendre forme et se consolider si la rupture avec une stratégie concertationniste est menée jusqu’au bout. Il est nécessaire d’identifier clairement les ennemis que nous affrontons : le patronat, les médias qui leur sont inféodés, le gouvernement Couillard et les autres partis néolibéraux présents à l’Assemblée nationale.
II. Se donner une impulsion commune - les conditions de la coopération et l’agir ensemble
1. L’unification de la résistance populaire aux politiques d’austérité nécessitera
A. De définir les négociations du secteur public comme un axe central de la lutte contre les politiques d’austérité
Cette lutte est essentielle dans la protection des conditions de travail des travailleuses et travailleurs de ce secteur. Définir ces négociations en dehors de la lutte antiaustéritaire, c’est placer des bataillons essentiels à cette lutte en dehors du combat commun. Ce sera une erreur stratégique majeur.
B. De préparer la grève générale du secteur public prête à affronter une loi spéciale
Le gouvernement Couillard attaque sur tous les fronts. Il veut imposer des profonds reculs aux conditions de travail et aux salaires, mais également à la capacité d’offrir des services publics répondant aux besoins de la population. La grève générale sera nécessaire pour casser l’offensive gouvernementale. La forme de grève sociale cherchant à impliquer de larges secteurs de la population (mouvement étudiant, populaire et des femmes, ) qu’elle pourrait revêtir est la forme qui lui permettra d’avoir le plus d’ampleur et le maximum d’impact et pouvoir ainsi assurer la meilleure protection face à la répression. Ce gouvernement en est un de destruction de l’État social. Nous devons exiger sa démission et appeler à une nouvelle élection. ...
C. De construire un programme d’urgence de façon unitaire et démocratique
Il serait important pour unifier les luttes des travailleurs et des travailleuses du secteur public et des différents mouvements sociaux, il serait important de tenir des États généraux des organisations syndicales, populaires, féministes et jeunes ayant un pouvoir délibératif et décisionnel.
Des états généraux pour l’établissement d’un programme d’urgence et d’un plan d’action chercheraient à impliquer sur une base unitaire et démocratique l’ensemble des organisations prêtent à s’engager dans la création d’un tel front.
2. Les grands axes d’un programme d’urgence :
1. Contre la privatisation – Pour un réinvestissement massif dans les services publics.
– Réinvestissement dans le secteur de l’éducation pour mettre fin à la détérioration des conditions de travail des employés. Investissements de fonds gérés par les étudiantEs et les enseignantEs en instaurant des budgets participatifs dans l’ensemble des institutions scolaires. Plus d’argent pour tout le monde : 1G$ en éducation, 10G$ de solutions fiscales, audit citoyen de la dette. Arrêt des subventions aux écoles privées
– Réinvestissement dans le secteur de la santé pour diminuer la lourdeur de la tâche et améliorer l’accessibilité aux services. Fin des privatisations et retour du financement des cliniques privées vers le public.
–
2. Non aux oléoducs – Pour des emplois verts !
– Refus du passage des oléoducs et la construction de ports pétroliers pour transporter le pétrole tiré des sables bitumineux en territoire québécois
– Mandater la Caisse de dépôt de retirer ses placements dans les sables bitumineux et les énergies fossiles.
– investissements publics dans le développement des énergies propres et déprivatisation de toutes les énergies renouvelables dans la perspective de la création d’un vaste chantier créateur d’emplois.
– Soutien aux transports publics écologiques et gratuits
3. Pour une révision radicale du régime fiscal – pour une véritable redistribution de la richesse
– Remplacement des tarifications des services par des impôts visant les plus fortunés, les entreprises et les banques
– Impôt minimum aux entreprises et taxes sur le capital
– Élimination les mesures permettant l’évitement fiscal et qui bénéficient aux plus riches
– Intensification de la lutte contre l’évasion fiscale, à l’économie souterraine et aux paradis fiscaux
– Augmentation immédiate du salaire minimum à 15$
4. Non à la criminalisation de l’opposition sociale – Pour l’élargissement des droits démocratiques
– Exiger l’abolition des règlements antimanifestation, fin de la répression politique et la reconnaissance du droit de grève dans le secteur public et pour les organisations étudiantes
– Abrogation de la loi C-51
III. Dehors Couillard et consorts. Battre le gouvernement Couillard en 2015
1. Pour devenir une alternative politique véritable, Québec solidaire doit appeler à la démission de ce gouvernement et se construire au sein de la résistance populaire.
Contester les politiques néolibérales, si les mobilisations sont au rendez-vous, peut permettre de ralentir le train des mesures d’austérité, leur férocité, l’arrogance du pouvoir. Cela peut même permettre d’imposer des réformes importantes à la classe dominante en perturbant son agenda. Devant la monopolisation de la scène politique par des partis qui se distinguent seulement par le rythme des réformes antisociales qu’ils proposent, on doit dans un premier temps s’acharner à briser ce monopole des partis de l’oligarchie. Il faut cesser de faire comme si le PQ était une alternative valable et construire dès maintenant l’outil qui permettra non seulement de s’opposer aux politiques néolibérales, mais de nous mettre en position de concrétiser nos propres solutions.
Québec solidaire doit se présenter comme une alternative politique qui en finira avec l’austérité et qui inscrira son action dans un véritable processus de rupture avec les politiques capitalistes et la domination du fédéral sur le Québec. Il se présentera sur la scène électorale en favorisant la présentation de militantEs des organisations sociales en lutte.
2. Québec solidaire doit agir maintenant au sein de la résistance populaire
Québec solidaire a déjà joué un rôle positif en appuyant la grève étudiante et en mobilisant ses membres pour diverses manifestations. Il peut aller plus loin en réalisant le potentiel transformateur qui existe parmi ses membres. L’organisation de celles-ci et ceux-ci dans des associations de circonscription est loin de correspondre aux nécessités immédiates de la lutte contre le régime Couillard.
QS pourrait jouer un rôle clé dans le virage stratégique du mouvement syndical en organisant les centaines de membres du parti qui sont également membres à la base des syndicats. Le principe d’un tel regroupement a été adopté par le dernier conseil national. Il faut insister auprès de la direction et des diverses instances du parti pour que cette résolution soit mise en pratique. CE regroupement devrait être un levier vers un rassemblement encore plus large de la gauche syndicale, sans affiliation partisane.
Dès maintenant, il faut donner l’exemple à partir des associations locales et régionales les plus actives et former des sections locales de ce réseau de syndicalistes solidaires. Un tel regroupement pourrait donner une nouvelle dimension à des efforts louables, mais à portée limitée comme Offensive syndicale.
Pour être véritablement un parti de la rue, Québec solidaire ne peut se contenter d’apporter son soutien aux luttes en cours. Il doit être partie prenante, dans un esprit unitaire et respectueux, de la réévaluation de nos instruments de lutte, des stratégies, des politiques d’alliance et du programme qu’il faudra mettre de l’avant pour répondre à la remise en question des acquis syndicaux et populaires.
Québec solidaire pour se construire doit :
– rejeter la perspective de concertation sociale et en posant la nécessité d’abord compter sur l’unité dans les luttes
– soutenir la construction d’un vaste front social de résistance aux politiques néolibérales en soutenant les propositions du mouvement les plus susceptibles de faire avancer l’unification du mouvement et de lui permettre de réalité un saut qualitatif.
– défendre la création de cadres de débats (états généraux des organisations syndicales et sociales en luttes) pour pouvoir discuter d’un programme d’urgence (revendicatif) et d’un plan d’action partagée auxquels les composantes du front seront appelées à se rallier dans des actions d’ensemble.
– regroupement ses militantes et militants oeuvrant dans les secteurs mouvements syndical et social pour lui permettre de développer une analyse plus fine des enjeux et d’élaborer des propositions pour l’avancement du mouvement
– participer à unifier un courant dans le mouvement syndical défendant un syndicalisme de transformation sociale, des revendications prioritaires établies démocratiquement et un programme d’action commun et décliné selon les spécificités des différents mouvements.
B. La lutte contre le cours pétrolier au Canada et au Québec
S’il faut adresser des exigences aux pouvoirs économiques et politiques en place, on ne peut se contenter d’exercer des pressions sur la classe dominante. On peut la faire reculer sur des points précis, mais on ne peut changer son orientation qui exprime ses intérêts de classe. On a vu que l’accumulation de savoirs scientifiques sur le réchauffement climatique n’a pas suffi à engager réellement la classe capitaliste dans la transformation du système économique qui sert leurs intérêts les plus immédiats.Elle résiste donc et résistera de toutes ses forces à s’attaquer aux causes profondes du réchauffement climatique. Il est donc nécessaire pour le mouvement écologiste de dépasser les pressions sur les pouvoirs en place.
1. Un premier axe : bloquer les tentatives de désenclavement du pétrole sale et les projets néfastes pour l’environnement.
La première tâche qui est devant le mouvement contre le basculement climatique en cours est le blocage du tournant actuel vers l’élargissement de l’utilisation des énergies fossiles qui constitue, en soi, un refus de prendre au sérieux la nécessité de s’engager à implanter un système énergétique utilisateur, essentiellement, des énergies renouvelables.
Sur le continent nord-américain, au Canada et au Québec, un mouvement global contre les énergies fossiles est en train de se constituer et il s’articule autour du refus de l’exploitation du pétrole des sables bitumineux et des gaz de schiste et de son transport sur le continent afin de la rendre disponible à l’exportation partout dans le monde.
Une campagne politique contre le désenclavement des énergies sales peut gagner une majorité de la population. Cette campagne passe par une dénonciation des dangers des oléoducs Energie Est, Enbridge, Northern Gateway et Keystone XL mais elle doit également viser le transport ferroviaire et maritime du pétrole sale. Une telle campagne pourra délégitimer de tels projets qui vont à l’encontre des intérêts les plus immédiats de la population et crée une situation d’insécurité environnementale insoutenable à court terme et constitue un véritable crime contre l’avenir de la planète. Cette campagne peut également se décliner dans l’exigence de coupures de toutes les subventions aux entreprises du secteur des énergies fossiles, et par la demande de retrait de tous les investissements des institutions publiques du secteur des énergies fossiles. La demande du désinvestissement de la Caisse de dépôt et placement des énergies fossiles est exemplaire à cet égard.
Au Québec, on ne saurait négliger la dimension nationale des projets de pipelines et du transport ferroviaire et maritime du pétrole sale de l’Alberta en territoire québécois. Le refus de se voir réduit à lieu de transit du pétrole sale de l’Alberta, obligé d’en subir les conséquences les plus néfastes, sans que le peuple québécois n’ait eu son mot à dire, le refus de cette soumission nationale aux intérêts du grand capital canadien, doit constituer un axe démocratique dans le travail d’opposition à l’utilisation des énergies fossiles. Le pétrole de l’Alberta n’a pas à couler chez nous comme le rappelle le slogan de la campagne contre l’oléoduc Énergie est.
2. Un deuxième axe : construire une alternative au niveau des choix énergétiques, des transports et du développement industriel
Les choix énergétiques doivent devenir des choix démocratiques de la collectivité. Ils ne peuvent et ne doivent pas être laissés aux aléas du marché et du secteur privé, mais financés par des investissements publics que ce soit aux niveaux national, régional ou local. Les contrôles démocratiques des choix énergétiques sont des conditions essentielles à un développement d’un système énergétique basé sur les énergies renouvelables au service du peuple québécois.
Un tel tournant écologique du système énergétique à l’initiative du secteur public tout en favorisant le contrôle citoyen et sa décentralisation de créer massivement des emplois verts. Si cet objectif devient celui d’une solide coalition des syndicats, des mouvements étudiant, populaire et environnementaliste, il peut permettre d’amorcer, dès maintenant, cette transition énergétique.
Le développement d’un secteur des transports collectifs et écologiques, tant au niveau de son utilisation que de la production des moyens le rendant possible, peut également être l’occasion de la création de milliers d’emplois. C’est l’ensemble de la structure industrielle d’un Québec réellement écologique qui peut ainsi être reconstruit. Mais le développement des transports collectifs doit hâter une accessibilité gratuite aux divers moyens de transport public pour pouvoir s’imposer aux dépens de complexe auto-pétrole.
Ces choix stratégiques sont ceux du programme de Québec solidaire qui rejette clairement les fausses solutions avancées par les tenants du capitalisme vert. C’est pourquoi il s’oppose aux « bourses du carbone qui sont des outils d’enrichissement des multinationales, et qui risquent de devenir un nouvel instrument spéculatif ; qu’il rejette les fausses solutions techniques qui n’engagent pas de réelles réductions d’émissions de gaz à effet de serre (les agrocarburants, la géoingénérie, le stockage du carbone, etc., et qu’ils s’opposent aux taxes sur le carbone qui frappent surtout les plus pauvres. » (Programme de Québec solidaire, Pour une économie solidaire, écologique et démocratique)
L’utilisation d’actions collectives contre les projets des pétrolières, le tissage de liens avec les organisations syndicales, les organisations étudiantes, les organisations populaires et féministes et le rejet des solutions inspirées du capitalisme vert (comme la bourse du carbone) sont les axes de la gauche écosocialiste dans le mouvement écologiste.
3. Un troisième axe : poser nos exigences face aux négociations de l’ONU sur les changements climatiques, mais ne pas compter principalement là-dessus
Nous devons exiger de nos gouvernements qu’ils suivent impérativement les propositions de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) selon les recommandations du GIEC et viser les bornes supérieures actuelles de 40 % d’ici 2020 et de 95 % avant 2050 afin d’avoir les meilleures chances de stabiliser la température moyenne du globe sous le seuil sécuritaire de 2 degrés Celsius.
Si la conférence de l’ONU COP21 peut être une étape et un moment fort d’une mobilisation massive pour en faire une caisse de résonance pour défendre une perspective de développer durablement le rapport de force en faveur d’une transition écologique et sociale de grande ampleur, il ne faut pas se faire trop d’illusions sur un processus dont le contrôle est aux mains de représentantEs de la classe dominante. Il ne faut pas trop attendre des négociations et voir que les objectifs décrits dans le axes 1 et 2 sont les bases à partir desquelles construire un véritable mouvement pour la justice climatique capable d’irriguer largement la société.
C. Les élections fédérales. - un enjeu majeur pour le mouvement social
Les prochaines élections fédérales se tiendront le 19 octobre 2015. Déjà au sommet des peuples, cette échéance électorale a été l’objet de nombreux débats. Le consensus qui se dégageait alors était la nécessité de se coordonner pour s’opposer au gouvernement Harper et à ses politiques. La lutte pour la préservation du service postal, contre la réforme de l’assurance-emploi, contre l’expansion pétrolière, contre le déni des droits démocratiques, contre les négations des droits ds syndicats (droit de grève, droit à la syndicalisation...) doivent être unifiées dans une perspective de mobilisation générale unitaire à l’échelle pancanadienne.. La mobilisation sociale est le premier moyen pour consolider la conscience politique et donner un sentiment de force contre les politiques néolibérales.
Mais l’objectif de chasser le gouvernement Harper était largement partagé. La stratégie pour ce faire était de voter pour le-la candidat-e qui serait la mieux placé-e pour battre un-e candidate du Parti conservateur. Le mouvement syndical (et particulièrement la FTQ) envisageait la possibilité, dans ce cadre d’appeler à voter pour le Parti libéral du Canada.
Nous rejetons une telle perspective, car le PLC défend, essentiellement le projet de la bourgeoisie canadienne : développement de l’exploitation des sables bitumineux et son désenclavement par la construction de pipelines et le renforcement du transport par train. Il défend la même logique de la lutte contre le « terrorisme » et la criminalisation des oppositions (soutien à la loi C-51). Il a initié les politiques d’austérité et de privatisation des services publics. La question du vote stratégique suppose en bout de piste, si cela fonctionne, qu’un vote pour un gouvernement libéral peut nous assurer un répit. C’est grandement se méprendre sur l’orientation politique de ce parti parti, qui même s’il n’est pas seulement basé sur les institutions régionales de l’ouest comme c’est le cas avec les conservateurs, n’est pas moins constitué des grandes entreprises canadiennes et des multinationales, lesquelles ne laisseront pas partir facilement les gains effectués sous les Conservateurs.
Compte tenu de son origine et de son histoire, et des liens qu’entretient le mouvement syndical avec le NPD, particulièrement au Canada, le vote pour un gouvernement NPD pourrait apparaître comme une victoire contre les partis du grand capital. Il ne s’agit pas pour nous d’oublier les limites du NPD et de partager ses illusions sur les réformes d’un capitalisme miné par une crise structurelle. Il ne s’agit pas de masquer sa timidité si ce n’est sa fermeture aux aspirations du Québec à l’indépendance. Il s’agit de soutenir une volonté de rupture avec les grands partis capitalistes fédéraux.
Pour démontrer, notre démarcation programmatique avec ce parti, concrètement favorisons la présentation de certaines candidatures liées aux mouvements contre les oléoducs, contre les politiques d’austérité et contre la politique de criminalisation des oppositions (avec la loi C-51). Des candidatures indépendantes seraient pertinentes et utiles à partir du moment où elles permettent de lier la mobilisation de la rue et à celle des urnes. Ces propositions permettraient de pousser plus loin la campagne envisagée par Équiterre dans le cadre des élections fédérales qui vise à amener la population à voter en s’appuyant sur sa conscience environnementale. Il est cependant peu probable que ce type d’initiatives aient la chance de se concrétiser. Mais nous pourrons appuyer de telles expériences qui permettraient d’appel à un vote concret pour un candidat-e lié-e au mouvement social.
Et cette proposition s’inscrit dans la perspective qu’il faille bien dépasser la situation où la gauche au Canada demeure inorganisée sur le terrain politique. Si la gauche ne réussit pas à construire une alternative politique, elle restera désarmée pour proposer ses solutions sur la scène fédérale. Déjà des discussions impliquant des militantEs de la gauche québécoise et canadienne sont engagées sur la nécessité d’un construire une alternative politique à l’échelle canadienne. Un très grand nombre de questions stratégiques sont posées sur le type de partis de gauche qu’il faut construire. Mais la question est posée de construire un parti politique à la gauche du NPD. Nous devons suivre les efforts entrepris en ce sens.
Compte tenu de l’impossibilité que le Bloc soit un instrument du renversement des partis du grand capital, un vote pour ce parti, qui ne s’est en démarqué des politiques du gouvernement péquiste sur des sujets essentiels (si ce n’est celui du pipeline d’Énergie est), un vote pour un tel parti ne permet pas de renforcer, ni le mouvement contre l’austérité, ni le mouvement indépendantiste. Le Bloc est le parti des élites nationalistes, souverainiste en paroles et autonomiste en fait qui est toujours resté inféodé au Parti québécois et qui a accepté sans mot dire ses politiques néolibérales. Il ne constitue en rien un instrument à défendre ou à renforcer.
Retour au premier texte
5. Propositions pour le plan d’action du Réseau écosocialiste (10 mai 2015)
Axe d’intervention 1 – Contribuer au développement d’un mouvement politique international fondé sur des principes écosocialistes, féministes et anti-impérialistes
1.1 Participer à la rencontre des groupes anticapitalistes à Halifax les 6-7 juin.
1.2 Organiser une discussion publique à la fin de l’été sur les perspectives pour la gauche indépendantiste dans les élections fédérales.
1.3 Organiser un forum de discussion cet automne sur l’évolution de la crise économique, sociale et politique en Grèce.
1.4 Produire une brochure sur l’impérialisme, en développant comment cette structure des rapports internationaux affecte la question du climat, les politiques d’austérité, les conflits armés, la montée du fondamentalisme et de la xénophobie, etc.
1.5 Participer à l’organisation d’une tournée québécoise par un-e auteur-e écosocialiste réputé-e.
Axe d’intervention 2 – Encourager le développement de Québec solidaire comme alternative politique de rupture avec l’État canadien, les institutions économiques néolibérales, l’impérialisme et l’économie du carbone.
2.1 Produire un document de réflexion sur Québec solidaire, ses forces et ses limites, les dangers de l’électoralisme et du parlementarisme, les défis de la construction d’une nouvelle gauche qui ne soit pas qu’une nouvelle voie vers le social-libéralisme mais plutôt une nouvelle forme de rassemblement des forces sociales en vue d’une rupture, d’un véritable dépassement du capitalisme.
2.2 Encourager Québec solidaire à se concevoir comme étant constamment en campagne pour rejoindre la population par ses propres moyens et par la mobilisation de ses membres, et non seulement comme un joueur parmi d’autres sur le terrain parlementaire ou médiatique.
2.3 Pour ce faire, proposer l’élaboration d’une politique des communications à QS incluant la relance du comité du journal Solidarités et la mise sur pied d’outils favorisant la communication horizontale et interactive au sein de la base militante du parti.
Axe d’intervention 3 - Favoriser le développement de Québec solidaire comme réseau de militantes et de militants et parti des mouvements
3.1 Organiser une rencontre en marge du prochain congrès de Québec solidaire pour discuter des perspectives stratégiques dans la lutte contre les politiques d’austérité et les négociations du secteur public.
3.2 Intervenir dans les associations locales et régionales de Québec solidaire, ainsi que lors des instances nationales, pour une mise en œuvre de la résolution du CN de décembre 2014 pour le regroupement des membres selon leur implication sociale en général, et l’organisation des membres syndiqué-e-s en particulier.
Axe d’intervention 4 – Contribuer à la mutation stratégique du mouvement syndical vers un syndicalisme combatif en rupture avec le néolibéralisme
4.1 Dans les différents regroupements de syndicalistes solidaires, proposer une orientation pour le regroupement large de la gauche syndicale sur la base d’un programme d’urgence contre l’austérité et de la perspective de la grève sociale et politique contre le gouvernement Couillard.
Axe d’intervention 5- Encourager l’évolution du mouvement écologiste dans un sens anticapitaliste et écosocialiste
5.1 Mettre sur pied une équipe de travail pour produire une brochure présentant un argumentaire de base pour l’écosocialisme dans le contexte québécois.
5.2 Participer à diverses activités et action du mouvement écologiste et y apporter une perspective écosocialiste dans un esprit d’unité et de dialogue.
Axe d’intervention 6 – Augmenter l’influence et la capacité d’action du Réseau écosocialiste
6.1 Activer les assemblées régionales du Réseau autour de l’intervention dans Québec solidaire et dans les mouvements sociaux.
6.2 Mettre sur pied le comité femmes national en vue d’apporter une perspective écosocialiste dans certaines des activités de la Marche mondiale de 2015.
6.3 Relancer le comité des communications en le concevant principalement comme le comité de rédaction du site du RÉSo. Il serait chargé de planifier les publications, de solliciter des textes, de mettre régulièrement le site à jour et de le promouvoir.
6.4 Mener chaque automne une campagne de financement en ligne et de renouvellement des adhésions.
6.5 Mandater le CE d’adopter un budget d’ici septembre en tenant compte de l’estimation des coûts pour les différents projets contenus dans le plan d’action adopté par l’Assemblée générale.
6.6 Organiser des activités locales de financement du Réseau.
6.7 Reporter à l’AG 2016 la discussion sur la révision des statuts
6.8 Tenir au moins une rencontre du Conseil inter-régional (CIR) d’ici la prochaine assemblée générale.
Axe d’intervention 7 – Favoriser la convergence des mouvements sociaux combatifs et des nouveaux partis politiques d’opposition systémique vers un programme d’action écosocialiste de plus en plus concret
7.1 D’ici deux ans, présenter un plan pour sortir du capitalisme qui sera le résultat de notre travail préalable sur les six autres axes d’intervention.