Laurent Thivierge est membre du comité de coordination du Réseau militant intersyndical de QS et syndicaliste

À l’égard de la représentation des réseaux militants aux instances de notre parti, il s’avère indéniable que ce changement aux statuts, et conséquemment la métamorphose de la composition de la délégation votante, est un tournant plus qu’évocateur pour notre organisation. Bien qu’un parti de la rue, la reconnaissance des réseaux n’était que pour l’heure symbolique à l’intérieur de notre organisation. Une délégation officielle permettrait dorénavant aux militantes et aux militants que ces réseaux représentent d’avoir une véritable reconnaissance dans le parti, c’est-à-dire un poids politique.

Le rôle des réseaux militants ne peut être effectif et ces derniers ne peuvent prendre une importance capitale que dans la mesure où il leur devient possible de relayer les préoccupations, les demandes et les réalités de leurs militantes et militants à l’intérieur des instances de notre parti politique. Qui plus est, toute organisation politique qui acquière une certaine maturité finit tôt ou tard par orienter ses actions vis-à-vis l’urne ; Ce réflex électoraliste inhérent aux organisations qui aspirent à exercer le pouvoir peut engendrer occasionnellement l’effritement des idéaux politiques des premiers jours. Afin d’exercer à la fois un contre-pouvoir démocratique interne et à la fois faire vivre les idées des militantes et militants des réseaux, il est impératif de donner à ceux-ci un pouvoir politique interne à la hauteur des aspirations qui les animent. Une panoplie d’idées qui apparaissaient d’ailleurs utopiques il y a à peines quelques années sont maintenant normalisées dans le paysage social et politique québécois parce que notre parti a eu le courage politique de les débattre dans l’espace public. La reconnaissance des réseaux militants peut assurer à notre parti que des idées tantôt courageuses et tantôt audacieuses puissent continuer de vivre à l’intérieur de notre organisation et dans la société civile. La reconnaissance des réseaux militants doit aussi s’incarner dans la capacité de ces mêmes réseaux à s’exprimer librement, pour autant qu’ils respectent les orientations politiques et les statuts de notre organisation.

Par ailleurs, en ce qui concerne plus particulièrement le réseau militant intersyndical de Québec solidaire (RMI), à l’heure où nous cherchons ensemble une manière de s’émanciper et d’éclore davantage comme parti politique, ce réseau pourrait jouer un rôle de premier plan. Toutes les organisations dans le paysage politique se plaisent à répéter qu’elles représentent les intérêts de la classe moyenne, mais aucune depuis plusieurs dizaines d’années légifère dans son intérêt. Il faut aussi se questionner comme parti politique de gauche qui aspire à gouverner : Pourquoi les travailleuses et les travailleurs ne nous appuient pas systématiquement ? Des alliances avec le mouvement syndical québécois doivent absolument se faire. La reconnaissance d’un réseau qui représente les intérêts des salariés syndiqués au plancher de notre organisation est un pas symbolique important dans la mise en place d’un programme politique qui répond concrètement aux aspirations de quiconque vend sa force de travail au Québec. Il est tout aussi important de souligner au passage – surtout dans le contexte de nos ambitions régionales - que chacune des circonscriptions du Québec regorgent d’associations organisées de travailleuses et de travailleurs et que les liens que notre parti pourrait tisser avec ces unions nous permettraient assurément d’inscrire les luttes de ces camarades au cœur de nos préoccupations et de notre projet politique, et pourra ultimement se traduire en gains électoraux, tout en gardant les plus hauts principes qui nous animent intacts.

Lorsque nous aurons finalement la chance comme délégué(e)s au Congrès de notre parti de nous prononcer sur la reconnaissance des réseaux militants à l’intérieur de notre parti, nous aurons avant tout la chance de décider collectivement de l’avenir de ce que nous voulons comme parti, c’est-à-dire un parti qui incarne les préoccupations des mouvements sociaux. Nous aurons la chance de faire des luttes que nous portons, celles de toutes les agitations rêveuses qui prennent racine sur nos territoires.

En définitive, nous aurons aussi au Congrès, quelque part, la capacité de faire un pas dans la bonne direction afin que Québec solidaire porte encore davantage les espoirs des travailleuses et des travailleurs du Québec.

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