Tiré d’El Watan.
Ce retrait, inattendu, intervient le jour même où de nouveaux pourparlers sont prévus au Caire entre le mouvement de résistance Hamas et Israël, via des médiateurs internationaux (Etats-Unis, Egypte et Qatar), en vue d’une trêve dans la bande de Ghaza. Etaient attendus hier au Caire le chef de la CIA, Bill Burns, le chef des services secrets, David Barnea, le Premier ministre qatari, Mohammed Ben Abdelrahmane Al Thani, et une délégation du Hamas, selon le média égyptien progouvernemental Al Qahera News.
Une délégation israélienne dirigée par les chefs du Mossad et du Shin Bet « partira demain (aujourd’hui, ndlr) » pour Le Caire afin de participer aux négociations, a, pour sa part, rapporté Israel Today. Ces négociations coïncident ainsi avec le retrait des troupes israéliennes, notamment de la ville de Khan Younès, réduite en poussière par les raids israéliens.
Selon des médias israéliens, l’ensemble des troupes ont quitté le sud de Ghaza. « Aujourd’hui (hier, ndlr), dimanche 7 avril, la 98e division de commandos de l’armée israélienne a terminé sa mission à Khan Younès. La division a quitté la bande de Ghaza afin (...) de se préparer à des futures opérations », a indiqué l’armée israélienne dans un communiqué.
Elle a précisé qu’une « force significative » continuerait à opérer dans le petit territoire palestinien au gré de ses besoins stratégiques. « Une force menée par la 162e division et la brigade Nahal continue d’opérer dans la bande de Ghaza pour garantir la liberté d’action de l’armée et sa capacité à conduire des opérations précises basées sur du renseignement », a précisé le même communiqué.
Le quotidien israélien Haaretz a avancé que le retrait de l’infanterie du sud de Ghaza est motivé par le fait que l’armée « y a atteint ses objectifs ». Un responsable militaire, cité par Haaretz, a affirmé que les troupes israéliennes n’avaient « plus besoin de rester dans le secteur sans nécessité » stratégique.
Champ de ruines
Il a également affirmé que la 98e division « a démantelé les brigades du Hamas à Khan Younès ». Des affirmations démenties peu de temps après le retrait par des tirs de missiles depuis Khan Younès, épicentre de la résistance depuis plusieurs semaines.
La radio de l’armée israélienne a d’ailleurs confirmé hier que cinq roquettes ont été tirées depuis Khan Younès – d’où les forces israéliennes se sont retirées – en direction des colonies israéliennes, ajoutant que le Dôme de fer a intercepté un certain nombre d’entre elles.
D’après l’armée israélienne, les Palestiniens déplacés de Khan Younès – une partie seulement des déplacés – peuvent désormais retourner chez eux après avoir trouvé refuge à Rafah, plus au sud près de la frontière avec l’Egypte.
Un photographe de l’AFP a vu hier des dizaines de personnes quitter Rafah en direction de Khan Younès, à pied, en voiture ou sur des charrettes tirées par des ânes. L’attention se porte désormais sur Rafah où, malgré l’inquiétude de nombreuses capitales étrangères, Israël s’est dit déterminé à engager une offensive terrestre alors que plus de 1,5 million de Ghazaouis y ont trouvé refuge.
L’armée israélienne se retire de cette portion de la bande de Ghaza après avoir semé une désolation totale. Elle laisse derrière elle un décor apocalyptique, des villes réduites à néant et une détresse humaine indicible. Elle a, surtout, provoqué une catastrophe humanitaire avec la majorité des 2,4 millions d’habitants menacés de famine, selon l’ONU.
Située à 3 km au sud de Rafah et transformée en champ de ruines par les bombardements israéliens, la ville de Khan Younès, la plus grande du sud du territoire, est depuis plus d’un mois le fief de la résistance palestinienne face à l’agression israélienne.
Al Qassam sceptique
Le Hamas, qui a déclaré samedi qu’il « ne renoncerait pas à ses exigences » pour un accord sur un cessez-le-feu complet, s’est dit hier sceptique après le retrait des troupes israéliennes du sud de Ghaza. « Nous sommes sceptiques quant aux intentions de l’occupation concernant le retrait de Khan Younès », a déclaré à Al Jazeera Ismail Thawabta, directeur du bureau d’information du gouvernement dans la bande de Ghaza.
Il a ajouté que « ce qui se passe sur le terrain est différent de ce que l’occupant dit aux médias », expliquant que les Israéliens « ferment tous les points de passage de Ghaza et n’autorisent pas l’entrée de l’aide humanitaire ».
Des proches de prisonniers israéliens ont manifesté samedi soir à Tel-Aviv pour réclamer la libération des leurs et pour marquer les six mois de leur captivité. Ils ont aussi réclamé la démission du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, de plus en plus contesté sur tous les fronts pour son obsession à poursuivre l’opération génocidaire dans les Territoires palestiniens.
« S’il vous plaît, faites tout, payez le prix, quel qu’il soit, le prix le plus élevé, je m’en fiche. Je veux qu’Ofer et tous les autres » reviennent « à la maison », a martelé Yifat Kalderon, cousine d’Ofer Kalderon, un père de famille détenu à Ghaza.
Selon Al Jazeera, citant des médias israéliens, l’offensive contre Khan Younès a duré 4 mois en raison « des difficultés majeures rencontrées par les troupes au sol ».
La chaîne qatarie a aussi révélé hier que les estimations de l’armée israélienne indiquaient que la bataille de Khan Younès « se terminerait dans les deux mois, mais qu’elle a duré quatre mois ».
La raison pour laquelle l’armée de l’occupant a mal calculé son intervention à Khan Younès « est due à la grande complexité et aux difficultés auxquelles elle a été confrontée ».
De leur côté, les Brigades Al Qassam, bras armé du Hamas, ont fait savoir qu’Israël « a été forcé de mettre fin à ses opérations avant d’avoir atteint ses objectifs ». « L’occupant est entré dans la plupart des zones de la bande de Ghaza, les détruisant complètement et se vantant d’avoir réussi à démanteler les Brigades du Hamas.
Chaque fois qu’il est retourné dans des zones où il pensait ne pas trouver de résistance, il a été surpris par une riposte violente et qualitative », a souligné Al Qassam. Après six mois d’intenses bombardements sur la bande de Ghaza, le bilan des victimes s’est élevé hier 33 175 morts et 75 886 blessés, selon le ministère palestinien de la Santé.
Au cours des dernières 24h, l’armée israélienne a commis quatre massacres dans la bande de Ghaza tuant 38 personnes et en blessant 71 autres.
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