À eux deux, le RVHQ et le RQGE représentent plus de 200 groupes citoyens et écologistes. Pour sa part, le CMAVI est un groupe citoyen qui lutte depuis de nombreuses années contre l’exploitation des gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent.
« En jouant savamment sur les mots avec des slogans comme « Réduisons notre dépendance au pétrole », cette campagne de Cossette mise sur le manque d’information des Québécois pour les induire en erreur en laissant entendre que le gaz naturel est une solution de rechange au pétrole », déplore Jacques Tétreault, du RVHQ, en rappelant que le gaz naturel est un hydrocarbure d’origine fossile qui contribue massivement aux émissions de GES en Amérique du Nord.
« On peut s’interroger sur l’honnêteté des messages qui associent Gaz Métro au biométhane, à l’énergie solaire et à l’énergie éolienne, sans mentionner le gaz naturel fossile qui demeure de loin la principale source d’énergie proposée au Québec par cette firme, ajoute Maude Prud’homme, présidente du RQGE. D’autant plus qu’une part appréciable de ce combustible est du gaz de schiste extrait au moyen de la controversée fracturation hydraulique. »
Selon les porte-parole des trois groupes, une telle campagne à ce moment-ci n’a rien de fortuit, car Gaz Métro a intérêt à cultiver son image « bleue », à la veille de la présentation d’une loi sur les hydrocarbures par le gouvernement du Québec.
L’exploitation des gaz de schiste permise à la grandeur du Québec ?
« Gaz Métro a des alliances avec des sociétés qui veulent exploiter le gaz de schiste à grande échelle, comme Petrolia à l’île d’Anticosti et Talisman à Bécancour et Lotbinière », rappelle Serge Fortier, de CMAVI. Selon lui, plus les Québécois et Québécoises auront l’impression que le gaz est une énergie propre, plus il sera facile, pour le gouvernement, de continuer à soutenir l’établissement d’une filière gazière intégrée incluant l’extraction, la liquéfaction, le transport et la consommation de gaz naturel fossile au Québec. Selon M. Fortier, cela pourrait signifier que l’exploitation des gaz de schiste serait permise partout au Québec, y compris dans les Basses-Terres du Saint-Laurent.
Le gaz naturel ne fait pas partie d’un vrai plan de transition énergétique
Le gaz naturel fossile que Gaz Métro distribue au Québec n’est pas renouvelable, contrairement à ce que croient près de trois Québécois sur dix, et sa contribution aux émissions de GES est très élevée. Même en acceptant les hypothèses les plus optimistes avancées par Gaz Métro, qui sont d’ailleurs contestées par le milieu scientifique, la contribution du gaz naturel à l’atteinte des cibles que le gouvernement du Québec s’est fixées ne pourrait être que marginale. « Le Québec ne réussira jamais à diminuer ses émissions de GES de 37,5 % d’ici 2030 et de 80 à 95 % d’ici 2050, par rapport à 1990, en axant sa politique énergétique sur cette filière », souligne Jacques Tétreault.
Les trois groupes sont sensibles à l’intérêt que Gaz Métro porte au développement des énergies renouvelables. Toutefois, ils estiment que cette société perd toute crédibilité en utilisant ces activités, marginales dans son chiffre d’affaires, pour se donner une image verte. « Le cœur de la stratégie de Gaz Métro contribuerait à enfoncer le Québec dans l’ère des énergies fossiles tout en entraînant le déploiement à grande échelle des techniques de la fracturation hydraulique, auxquelles la population s’oppose », conclut Maude Prud’homme.
Membres du Front commun pour la transition énergétique, le RQGE, le RVHQ et le CMAVI estiment que le Québec doit délaisser tout projet de développement de la filière des hydrocarbures et opter plutôt pour une transition énergétique axée sur l’économie d’énergie, en tout premier lieu, puis sur les énergies passives et le déploiement d’énergies véritablement propres, renouvelables et créatrices d’emplois au Québec.