Ces trois valeurs, rappelle cet infatigable militant de gauche, ont animé les mouvements sociaux qui ont fait l’histoire depuis la modernité. « Elles n’étaient pas présentes dans les siècles passés, n’ont pas pénétré toutes les sociétés contemporaines et peuvent disparaître dans les siècles à venir. Elles ne sont donc pas universelles. Mais elles sont miennes. Je les défends avec conviction et entretiens le rêve fou de leur réalisation, tout en sachant qu’elles ne peuvent être imposées de l’extérieur à des sociétés qui ne les partagent pas », écrit-il. Jean-Marc Piotte revient sur ses lectures des grands philosophes qui ont forgé sa pensée, réfléchit sur le sens de l’acte d’enseigner, dénonce avec vigueur le conservatisme et un certain nationalisme.
À la fois homme de tête et homme de cœur, il plaide pour une gauche politique conséquente qui mettrait l’accent sur la justice sociale, la protection de l’environnement, l’égalité entre hommes et femmes et l’intégration des immigrants.
S’il croit à la démocratie des urnes, Jean-Marc Piotte réaffirme parallèlement l’importance de la démocratie de la rue, telle qu’elle s’est récemment exprimée, se réjouit-il, dans le conflit qui opposait les étudiants à l’État québécois. La démocratie directe demeure le meilleur instrument de lutte, mais elle doit servir à renforcer la démocratie représentative, prévient-il, et non à se perdre dans l’illusion de son institutionnalisation.
Extrait
Les textes que vous allez lire me semblent rigoureux et clairement exposés, mais ils ne sont évidemment pas Vrais, n’atteignent pas l’Être de la société. Mon interprétation orientée par un marxisme révisé et par des valeurs modernes jette cependant un regard qui me semble pertinent sur la société et la politique. (...)
Je suis donc un marxiste « révisionniste ». Je le révise à la lumière des connaissances que nous ont apportées les sciences sociales depuis la mort de son fondateur. Mon analyse des conjonctures et des problèmes contemporains est également orientée par les valeurs de la modernité qui m’habitent. Les valeurs La Révolution française se réalise au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Cette dernière excluant la sororité, je lui substitue la solidarité. Ces trois valeurs, dans leurs relations et leurs oppositions, ont animé les mouvements sociaux qui ont fait l’histoire depuis la modernité. Elles n’étaient pas présentes dans les siècles passés, n’ont pas pénétré toutes les sociétés contemporaines et peuvent disparaître dans les siècles à venir. Elles ne sont donc pas universelles. Mais elles sont miennes. Je les défends avec conviction et entretiens le rêve fou de leur réalisation, tout en sachant qu’elles ne peuvent être imposées de l’extérieur à des sociétés qui ne les partagent pas.
Démocratie des urnes et démocratie de la rue : Regard sur la société et la politique
Éditions Québec Amérique
2013, 154 pages
24,95 $