Le BAPE sur l’exploitation du gaz de schiste dans le shale d’Utica de la vallée du Saint-Laurent a pourtant démontré que ce type d’exploitation impliquant la fracturation hydraulique n’était pas recommandable à cause du risque d’impacts majeurs sur la qualité de l’environnement, dont la qualité des eaux de surface et souterraines, en plus des émissions prévues de GES [1]. D’ailleurs plus de 250 municipalités ont réclamé au gouvernement le droit de déroger au Règlement sur les prélèvement des eaux et leur protection dans le cadre de projets de forages pétroliers et gaziers [2]. Ce règlement permissif sert les intérêts de l’industrie davantage que ceux des citoyens présents et futurs.
Le BAPE a souligné également que l’acceptabilité sociale des projets de développement gazier n’était pas au rendez-vous, notamment à cause de l’incapacité de l’industrie à préserver l’intégrité des puits à long terme, ce qui revient à transmettre aux générations futures une dette environnementale que personne ne sera en mesure de rembourser.
En fait, il est aujourd’hui démontré que, si on tient compte de l’ensemble des facteurs liés à l’utilisation du gaz naturel (impacts des procédés d’extraction par fracturation hydraulique, émissions fugitives de méthane dues aux migrations du gaz dans la roche fracturée et à la dégradation des puits, et GES liés à la combustion du gaz), la filière énergétique que le gouvernement actuel s’entête à développer au Québec est autant, sinon davantage polluante que le charbon [3] [4] [5]. Elle est aussi immensément plus polluante que la biométhanisation, la géothermie et toutes les sources d’électricité faibles en carbone que le Québec possède en abondance.
Pour favoriser certains intérêts économiques très particuliers, le gouvernement actuel se plait à entretenir le mythe que le gaz naturel est une énergie de transition alors que, comme on l’a constaté aux États-Unis, l’exploitation gazière nuit à la transition énergétique [6].
Face à la hausse continue des émissions de GES dans le monde, le spécialiste du réchauffement climatique Claude Villeneuve rapporte que l’humanité pourrait ne pas survive au 21ème siècle [7]. Au-delà de 2 degrés Celsius de réchauffement, le climat terrestre peut s’emballer de façon irréversible à cause, notamment, des boucles de rétroaction positive liées aux émissions de méthane. Or, même avec les engagements annoncés par les États pour la conférence de Paris sur le climat (COP 21), l’humanité se dirige vers un réchauffement global de 3 à 4 degrés d’ici 2100 et de 8 à 12 degrés d’ici 2300 [8].
Dans ce contexte de crise annoncée, malgré les impacts économiques et sociaux négatifs appréhendés, le gouvernement québécois continue d’avancer vers une filière énergétique que les scientifiques du GIEC et de l’Agence internationale de l’énergie, de même que les experts financiers du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, reconnaissent comme préjudiciable, voire néfaste. On peut se demander si le gouvernement jouit d’informations particulières qui échappent à la science et au commun des mortels. Le gouvernement recevrait-il, à l’instar de George Bush fils, ses directives et ses orientations directement de Dieu ?
Louise Morand
Comité vigilance hydrocarbures de L’Assomption
Extraits du mémoire présenté dans le cadre des consultations sur les Évaluations environnementales stratégiques concernant le Plan d’action gouvernemental sur les hydrocarbures, à Montréal, le 16 novembre 2015.