Dominique Anglade, anciennement présidente de la CAQ devenue candidate du PLQ, a réussi à conserver ce château fort libéral, malgré le fait que ses appuis ont fondu, passant de 52 % à 38 %. La candidate péquiste Gabrielle Lemieux a enregistré une nette progression, profitant de l’effondrement de la CAQ. C’est Québec solidaire, sans la machine des vieux partis, qui a accompli la remontée la plus impressionnante, passant de 10 % à plus de 20 % d’appuis.
Malgré les imposants moyens dont dispose le PLQ, les électeurs libéraux sont restés à la maison lundi dernier : avec un taux de participation de 24 %, Mme Anglade et M. Couillard n’ont pas de quoi se vanter. Pour plusieurs libéraux, l’abstention à cette partielle était un moyen de protestation. En 2014, personne n’a voté pour les mesures d’austérité !
Évidemment, des chroniqueurs et des partisans du Parti québécois accusent Québec solidaire de diviser le vote souverainiste. Selon eux, sans candidat solidaire, le PQ aurait pu emporter la circonscription.
Ce calcul ne tient pas compte des grandes distinctions entre les deux partis. QS propose une vision inclusive et progressiste du projet indépendantiste. Pour nous, le droit à l’autodétermination des Québécois.es est indissociable des autres droits fondamentaux : le droit au logement, le droit à un niveau de vie décent et le droit à un environnement sain.
Nous nous sommes toujours battus pour que les droits des minorités, qu’elles soient ethniques, culturelles, linguistiques ou religieuses, soient respectés. Personne ne peut croire sérieusement que, sans Québec solidaire, nos électeurs se seraient tous rabattus sur le PQ de Pierre Karl Péladeau. Pour cela, ce parti aurait dû présenter des propositions progressistes en mesure d’attirer le vote de l’électorat progressiste qui aujourd’hui vote pour QS.
D’ailleurs, le Parti québécois n’a que lui-même à blâmer pour ce triste état de fait. La « division du vote » n’est permise qu’à cause d’une seule chose : notre mode de scrutin. Si le Parti québécois avait réellement à cœur la souveraineté et la démocratie, il s’engagerait à modifier le mode de scrutin, disparu de son programme juste avant l’arrivée au pouvoir de Pauline Marois.
Lors de la campagne fédérale, Pierre Karl Péladeau avait pourtant livré un vibrant plaidoyer contre le « vote stratégique » anti-Harper. Pour les péquistes, la division du vote est un épouvantail qui sert d’abord et avant tout à effrayer les électeurs solidaires. Heureusement, les Québécoises et les Québécois sont de moins en moins dupes.
Il est grand temps que les partis politiques sur la scène provinciale s’engagent à modifier un mode de scrutin qui ne sert qu’à maintenir au pouvoir les deux vieux partis. Ce modèle, hérité de l’Empire britannique, est dépassé. Il ne reflète pas la diversité des opinions exprimées dans les urnes.
Par respect pour les électeurs et électrices, par respect pour la démocratie, les partis devraient arrêter leurs calculs partisans et travailler ensemble pour réformer le mode de scrutin. La CAQ et Québec solidaire se sont déjà engagés à ce que chaque voix compte. Nous attendons que le PQ s’engage lui aussi dans cette voie. C’est la démocratie québécoise qui en sortira gagnante.
Marie-Eve Rancourt
Avocate et candidate de Québec solidaire dans Saint-Henri-Sainte-Anne