Qui sont ces gens ?
Le comité sera présidé par l’ex-présidente du Mouvement Desjardins Monique Leroux, elle dont le règne fut marqué par un virage marqué vers une gestion néolibérale de l’institution financière. Il comprendra notamment le président du conseil d’Alimentation Couche-Tard, Alain Bouchard (324 millions$ de profits au premier trimestre de 2016, une hausse de 63,7%), de la présidente de Gaz Métro, Sophie Brochu, du président du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, du président d’Investissement Québec, Pierre Gabriel Côté, du président du Groupe Canam, Marc Dutil (un chiffre d’affaires de 1,6 milliard$ et des profits de 46 millions$ en 2015), et du président d’Hydro-Québec, Éric Martel. La ministre de l’Économie, Dominique Anglade assurera le suivi gouvernemental auprès du comité. Bref nous avons toute une brochette de grands capitalistes québécois et de grands mandarins de l’État. Ces gens qui sont semble-t-il dotés de science infuse doivent trouver la recette magique pour relancer l’économie. On peut se permettre de douter des résultats de l’exercice considérant que la situation actuelle relève davantage d’une conjoncture économique mondiale en panne que d’une particularité québécoise. Lire à ce sujet l’analyse de la situation économique mondiale de Nicolas Bénièspubliée dans nos pages.
En quoi peuvent-elles contribuer à redresser la situation économique
Mais qu’est-ce que ces experts peuvent dire au PLQ que celui-ci ne sait pas déjà. L’économie capitaliste est en panne. Ce n’est que par concentration, rachats et concentration que certains finissent par prendre du volume, comme dans le cas d’Alimentation Couche-tard. Remarquez que dans ce cas, la recette est simple : garder les salaires bas et résister à toute tentative de syndicalisation. Des salariéEs dociles et sans grande ambition. Pour d’autres c’est la mondialisation qui représente la recette, comme dans le cas de Canam ou bien la proximité avec l’État qui permet à une entreprise comme Gaz Métro de s’inscrire dans les grands projets de l’État libéral en matière d’utilisation du gaz naturel dans la supposée transition énergétique vers la réduction des gaz à effet de serre. Il y a même dans ce comité quelques technos comme Google Canada, entreprise bien connue pour pratiquer l’évasion et l’évitement fiscal et dont les bénéfices nets se sont envolés de 45% à près de 4 milliards de dollars US à l’échelle mondiale en 2015.
Il semble donc y avoir une concentration d’intérêts de la grande entreprise dans ce comité. De fait, une habile utilisation des mots parvient à camoufler le véritable mandat du comité. Bien que l’on mentionne à satiété dans les communiquésque le mandat de ce comité est de « contribuer ensemble à la prospérité durable du Québec », il est en réalité plus précis lorsque l’on se réfère au site du ministère de l’Économie, de la Science et de l’innovation qui précise que « l’accroissement de l’innovation, de la recherche et de la compétitivité des entreprises est le premier mandat pour lequel le conseil sera appelé à formuler des recommandations. » Donc le sujet principal de l’opération n’est pas la prospérité pour tous, mais bien pour les « entreprises ». Et on nous servira sans doute la remarque classique du « il faut créer la richesse avant de la redistribuer » pour faire avaler au bon peuple que l’élite travaille pour lui et qu’il faut se montrer patients.
Le PLQ, un gouvernement du grand capital pour le grand capital
Leur prospérité, c’est celle de la prospérité exclusive des classes dominantes. Attendre de ce groupe de grands capitalistes qu’il se préoccupe du sort des classes ouvrières et populaires, c’est faire preuve d’une grande naïveté. Dans la conception de la société de ces grands bourgeois, les seules retombées pour les travailleurs et les travailleuses sont les salaires qui seront versés si des entreprises s’avèrent rentables pour les 1%. Les entreprises ne créent pas d’emploi. Elles recherchent les opportunités de profits et les emplois subséquents ne sont que des conditions pour réaliser ces profits. Pas de profits, pas d’emploi. Et l’État doit prendre les mesures nécessaires pour rendre la situation attrayante pour d’éventuels investisseurs. Ça veut dire des exemptions d’impôts, des incitatifs fiscaux et toute une panoplie de mesures visant à rendre le bonbon encore plus savoureux pour les chercheurs de profits.
Les libéraux ont délibérément exclu les centrales syndicales et les organisations populaires de cet exercice. Il semble que pour le PLQ, ces organisations qui se sont par le passé laissées séduire par les sirènes de la concertation patronales-syndicales ne sont plus que quantités négligeables dans la stratégie libérale. On ne tente même plus de les intégrer à la stratégie gouvernementale en matière d’économie. Ça en dit beaucoup sur les intérêts qui seront servis autour de la table.