Un des animateurs du syndicat, Jackson Potter, mit aussi l’accent sur l’importance des gains non économiques (par exemple, les limites du pouvoir discrétionnaire des directeurs, la possibilité de s’opposer à des décisions disciplinaires, etc.). Il ajouta : « Nous avons construit une force et nous serons encore plus efficaces dans nos écoles lorsque nous allons y retourner. Et cela va nous rendre plus aptes à faire face à des décisions arbitraires des directeurs et à nous opposer à la fermeture d’écoles. » Lors de l’assemblée des délégué·e·s, le mardi 18 en fin d’après-midi, le vice-président du CTU, Jesse Sharkey, a situé la dimension historique de cette grève pour un nouveau contrat collectif en soulignant que le CTU avait réussi à résister, sur des questions essentielles, au moment où de très nombreux syndicats, du secteur public, étaient mis sur la défensive et faisaient des concessions.
Il souligna que la fin de cette grève n’équivalait pas à renoncer à une longue bataille pour une « éducation juste ». Et c’est dans cette perspective qu’il souligna l’apport que pourraient avoir celles et ceux, minoritaires, qui pensaient qu’il fallait prolonger le mouvement de grève. Toutes les discussions indiquaient, à la fin de cette assemblée, qu’un sentiment combiné de force et d’unité non seulement existait, mais s’était renforcé. Ce qui est d’une grande importance, car le CPS envisage, dans ses plans, la fermeture de 100 écoles de quartier.
Le vote pour la reprise du travail ne s’accompagne pas d’illusions sur des concessions qui ont été faites et sur la nécessité de préparer de nouvelles batailles contre les diverses facettes des plans d’austérité visant l’éducation publique. Une des questions débattues concerne les emplois futurs et les conditions d’emploi d’enseignants qui ont perdu leur travail à l’occasion de la fermeture d’établissements ou de leur restructuration.
Les 9 jours de grève et la façon dont la mobilisation a été menée sont devenus un point de référence pour de nombreux syndicalistes du secteur de l’enseignement public bien au-delà des frontières de Chicago. Ce d’autant plus que le CTU devait s’affronter à un des dirigeants démocrates les plus représentatifs et qui est en connexion directe avec la Maison-Blanche. Le CTU a réussi à gagner l’appui d’un très grand nombre de parents en se battant à la fois pour le nombre d’élèves par classe, les conditions matérielles d’enseignement et l’amélioration du programme dans des domaines tels que la musique, les arts ou l’apprentissage de langues étrangères.
Autrement dit, il sut mettre en échec la politique de Rahm Emanuel visant à susciter parmi les parents un mouvement d’opposition au combat des enseignants, à leurs revendications et, sur le fond, aux modalités d’organisation et de lutte syndicales du CTU. La formule « Le combat pour des écoles de quartier est le combat du CTU » a été comprise. Les mois à venir indiqueront la place que prendra cette mobilisation dans les éléments d’un mouvement social qui s’est exprimé dans le Wisconsin ou lors d’Occupy Wall Street. Un mouvement social encore fort limité, mais où chaque expérience peut nourrir une réflexion et une pratique dans la mesure où elle est relayée au plan syndical et politique.