Édition du 17 décembre 2024

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Politique canadienne

Canada : les coupures de la recherche en eau douce

Tiré du site des AmiEs du Richelieu (http://lesamisdurichelieu.blogspot.ca/) - J’ai traduit ici un billet d’opinion dans un quotidien en ligne de l’Ontario. C’est sur un important centre de recherche en eau douce du Canada dont les découvertes ont révolutionné les méthodes d’assainissement des cours d’eau au travers la planète.

La tentative d’Ottawa de vendre un centre de recherche en eau douce est une autre gifle à la science.

Le plus important centre de recherche en eau douce de la planète est à vendre pour $1 et le gouvernement Conservateur a fait de son mieux pour s’assurer que personne ne peut se permettre de l’acheter.

La région appelée Experimental Lakes Area, un centre de recherche dont les bureaux centraux sont à Kenora qui a fait des découvertes importantes quant aux études des écologies des lacs d’eau douce pendant 50 ans, a vu son budget disparaître comme neige au soleil dans le budget voté tout dernièrement. Pêches et Océans dit que le centre de recherche ne cadre plus parmi ses priorités de plus en plus pratiques et devrait fermer en mars 2013, à moins qu’un nouveau directeur soit engagé d’ici ce temps-là.

On en cherche un en ce moment, bien que le gouvernement doit probablement savoir que c’est inutile. Les universités se serrent la ceinture et ne sont pas disposées à faire un achat impulsif d’une installation qui coûte $2 millions par année d’entretien, en plus du $1 dépensé pour l’acheter. C’est surtout vrai depuis que l’on sait que les Conservateurs ont déclaré un moratoire au Programme d’appui aux ressources majeures du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, le choix de financement le plus adéquat pour avoir pu rendre cet achat réalisable.

Probablement que les universités se méfieront de s’engager à financer la fermeture du site et réhabiliter les lacs de la région si elles risquent de ne pas pouvoir continuer de recevoir du financement. À la place, il semblerait que le gouvernement paiera le prix estimé de $50 millions pour le fermer afin d’économiser la somme annuelle de $2 millions.

Pourquoi est-ce que les Conservateurs ne garderaient pas le site actif pour disons, 3 ans, afin de donner une chance aux universités soit attendre la levée du moratoire du NSERC ou trouver d’autres moyens de ramasser les fonds afin de garder le centre ouvert ? Dépenser $6 millions pour économiser $50 millions, et sans oublier que c’est un centre de recherche environnemental de renommée mondiale, serait un investissement bien avisé.

Peut-être, comme l’a suggéré la communauté scientifique canadienne, que le gouvernement ne veut tout simplement pas le faire parce qu’il n’a nullement l’intention de sauvegarder le centre. Après tout, les découvertes de l’ELA sont souvent malcommodes pour les promoteurs, incluant le gouvernement, à cause du développement agressif des sables bitumineux de l’Alberta.

Tout dernièrement, par exemple, l’ELA a découvert que les lacs pollués au mercure peuvent être réhabilités si on cesse l’intrant de mercure. Cela contredit l’argumentaire souvent avancé par les sables bitumineux qui génèrent beaucoup de mercure, qu’un lac pollué par le mercure le restera à jamais.

Cela est le genre d’information que n’importe quel gouvernement devrait tenter de s’approprier et diffuser avec le public tout en prenant des décisions sur ses dépenses. Mais les Conservateurs ont démontré maintes et maintes fois, par exemple la fois qu’ils ont décidé d’annuler le formulaire version allongé du recensement, ou leur volonté de faire taire leurs scientifiques, et maintenant la fermeture du ELA, qu’ils ont l’intention de garder les Canadiens dans l’ignorance des faits gênants, même si cela veut dire qu’ils doivent gouverner dans l’ignorance également.

Le gouvernement continue toujours sa poursuite d’objectifs à court terme au détriment des coûts à long terme. C’est une approche politique contre l’information qui démontre, au mieux, de l’indifférence, et au pire, un antagonisme à la capacité de faire de la recherche nécessaire pour gouverner correctement.

NDLR : contrairement à ce que dit le commentaire de beancounter, les sables bitumineux génèrent du mercure comme l’affirme l’étude scientifique menée par le célèbre David Schindler ici : http://www.theecologist.org/News/news_round_up/581400/canada_tar_sands_industry_ignoring_toxic_river_pollution.html

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