La présidente de la CSQ, Louise Chabot, va jusqu’à dire que le budget présenté aujourd’hui par le ministre des Finances et de l’Économie, Nicolas Marceau, semble avoir été tout spécialement pensé pour plaire aux partis d’opposition.
« Dans un contexte où l’opposition est mal placée pour le renverser et retourner trop tôt en élection, le gouvernement aurait dû en profiter pour mettre en place les mesures parmi les plus progressistes de son programme. Malheureusement, il n’en est rien et le gouvernement semble avoir voulu éviter toute confrontation », déplore Louise Chabot.
L’équilibre budgétaire au détriment du développement des services publics
Mme Chabot regrette que le gouvernement ait priorisé l’atteinte de l’équilibre budgétaire et le remboursement de la dette, au détriment du développement des services publics. Moins du tiers des efforts exigés provient de nouveaux revenus, dont une très faible proportion est demandée aux entreprises (environ 10 %). « Les promesses d’augmentation des redevances sur les ressources naturelles, la révision des crédits d’impôt sur les dividendes ou les gains en capitaux sont remisées indéfiniment », déplore Louise Chabot. Des réformes profondes de la fiscalité sont nécessaires afin d’assurer un financement suffisant et équitable des services publics auxquels la population est attachée.
« Avec des dépenses de programmes qui augmentent d’un maigre 1,8 %, il est évident que la pression qu’ont subie les services publics sous le règne libéral sera encore accentuée. Seul le réseau de la santé fera exception avec une hausse de budget de 4,8 %, et c’est tant mieux », explique la présidente de la CSQ.
Éducation et enseignement supérieur
Du côté de l’éducation, Louise Chabot s’interroge sur la capacité du réseau scolaire à satisfaire ses besoins avec une hausse du budget aussi faible que 1,8 %. « Les services aux élèves en souffriront sûrement et cette mince marge de manœuvre ne laisse aucune place à de nouvelles initiatives visant l’amélioration de la réussite scolaire », mentionne Mme Chabot.
« Pour ce qui est de l’enseignement supérieur, nous sommes rassurés de voir les promesses du Parti Québécois se confirmer. L’abolition de la hausse des frais de scolarité est officialisée, tout comme l’augmentation de la contribution gouvernementale au financement des universités », rapporte la présidente de la CSQ.
Une bonne nouvelle pour les services de garde
Par ailleurs, l’annonce de l’ajout supplémentaire de 15 000 nouvelles places subventionnées dans les services de garde d’ici 2017 nous réjouit puisqu’il répond aux besoins des familles du Québec. « Le gouvernement effectue un virage positif en attribuant la grande majorité de ces places dans le réseau public des centres de la petite enfance (CPE). Par contre, il aurait été souhaitable qu’un plus grand nombre de places soient dirigées vers le secteur public, notamment le réseau familial », commente Louise Chabot.
Quelques mesures intéressantes
Plus positivement, la CSQ voit quelques mesures d’un bon œil. Le remplacement de l’augmentation agressive du tarif patrimonial de l’électricité par son indexation représente un moindre mal. Les 3000 logements sociaux supplémentaires constituent un minimum. L’abandon de la règle des 15 ans dans le secteur pharmaceutique à la faveur d’une injection supplémentaire de fonds publics pour la recherche et le développement (R&D) est accueillie comme un rajustement positif. Enfin, l’ouverture du gouvernement à une bonification du régime de rentes du Québec (RRQ), seul régime de retraite véritablement universel, représente un pas concret vers une solution durable aux enjeux liés aux régimes de retraite.
Des inquiétudes du côté des compressions
Les compressions dans plusieurs ministères préoccupent également la CSQ. « Dans un contexte où la corruption et les dépassements de coûts liés à la sous-traitance viennent mettre de la pression sur les dépenses gouvernementales, ces compressions risquent d’accélérer la perte d’expertise au sein de la fonction publique québécoise », craint Louise Chabot. « De plus, 100 millions de dollars de coupes au sein des organismes parapublics ne sont pas détaillés. Devons-nous nous inquiéter de l’avenir des différents offices ou commissions traitant de l’équité salariale, des relations de travail ou de la langue française ? », demande la présidente de la CSQ.
En terminant, Louise Chabot, qui espérait qu’un changement de gouvernement amènerait de nouvelles orientations plus favorables aux travailleuses et aux travailleurs et à la classe moyenne, ne cache pas sa déception.