« Le gouvernement s’est engagé à augmenter la cible, déjà ambitieuse, de réductions des gaz à effet de serre de moins 20 % à moins 25 % d’ici 2020. De son propre aveu, les mesures prévues n’étaient déjà pas suffisantes pour atteindre l’ancienne cible. Or, le budget ne contient aucune nouvelle mesure liée à la réduction des gaz à effet de serre. Le temps file et il devient difficile de comprendre comment le gouvernement va respecter ses engagements », a déclaré Sidney Ribaux, directeur général d’Équiterre.
Alors que 43 % des émissions de gaz à effet de serre provient du transport, il n’y a rien dans le budget à cet égard. Devant l’explosion des coûts de certains projets routiers comme l’échangeur Turcot à Montréal et les besoins criants en transport en commun, il est urgent de changer de direction.
Selon Alexandre Turgeon, président exécutif de Vivre en Ville, « le gouvernement veut réduire de 30 % la dépendance du Québec au pétrole d’ici 2020, mais n’a prévu aucune mesure en ce sens. Cette cible ambitieuse avait pourtant été annoncée par Madame Marois en période électorale. Plus on attend, plus il sera difficile et coûteux de l’atteindre. Il faudra pour y arriver avoir la vision et les moyens de nos ambitions en matière des transports collectifs et d’aménagement du territoire ».
Un fait saillant du budget demeure le refus du gouvernement Marois d’imposer une redevance de 5 % sur la valeur brute des ressources minières sortant de son sous-sol. « Le recul sur cette question, qui était pourtant un de ses engagements phares du Parti Québécois de la dernière campagne électorale prive l’État d’un revenu garanti d’environ 400 M$ annuellement, revenu auquel venait s’ajouter une redevance sur les surprofits. En lieu et place, les redevances minières sur les profits, dont on peut déduire beaucoup de dépenses, diminueront de plus de 20 % par rapport aux projections du dernier budget pour s’établir 245 millions $ pour la présente année. « La promesse de négocier avec les minières un nouveau régime apparaît comme un marché de dupes et risque de ne jamais voir le jour », a déclaré Christian Simard de Nature Québec.
Pour Suzann Méthot, directrice régionale au Québec de l’Initiative boréale canadienne (IBC) « On est loin de l’équilibre budgétaire entre l’exploitation des ressources naturelles et la protection des territoires nordiques. Avec ce budget, le nouveau gouvernement Marois a manqué l’opportunité d’exprimer une réelle vision en matière de développement durable des territoires nordiques, en choisissant plutôt d’investir des capitaux colossaux dans l’extraction des ressources naturelles au détriment d’une planification écologique qui permettrait d’assurer de prendre les bonnes décisions pour garantir la protection des écosystèmes et le bien-être des communautés nordiques tout en maintenant un développement soutenable des ressources. L’IBC suggère qu’une partie de l’argent consenti dans les multiples fonds de développement des ressources naturelles soit créditée à la planification écologique ».
Notons toutefois que le budget maintient le Fond vert et contient les engagements relatifs à la fermeture de Gentilly 2 et du dossier de l’amiante en créant un fonds de diversification économique de 250 millions de dollars. Le budget contient aussi une annonce de 200 millions de dollars pour la création d’un fonds sur le développement des technologies propres et de l’électrification des transports. Il ne s’agit toutefois que d’une simple réallocation de sommes déjà annoncées.