Mais des négociations se sont poursuivies tout au long du week-end pour répondre à 15 autres doléances d’une plate-forme communiquée par les Indiens aux autorités. Les pourparlers ont permis « que tous les points soient résolus, avec des engagements sur les délais », a annoncé Fernando Vargas, un des représentants indiens, sans toutefois fournir de précisions sur les termes de l’accord, qui n’avaient pas été communiqués à la presse lundi après-midi.
Parmi les demandes des Indiens d’Amazonie figuraient également la fin des activités gazières dans le parc Aguaragüe, qui fournissent 80% de la production nationale de gaz, la principale richesse du pays, des garanties sur la préservation de leur habitat ainsi que la réaffirmation de leur droit à vivre dans un milieu naturel préservé. « Je pense que le gouvernement a fini par comprendre qu’il ne pouvait pas détruire un parc national. Je ne sais pas si c’est parce qu’il a compris ou parce qu’il a cédé sous la pression de la marche », a poursuivi M. Vargas.
Grèves générale et démissions de ministres
Plusieurs centaines d’Indiens avaient entrepris le 15 août une marche de protestation de 600 km entre Trinidad, en Amazonie, et La Paz, la capitale, au coeur des montagnes andines, principalement pour manifester leur opposition au projet de route devant traverser le Tipnis, territoire ancestral de 50.000 Indiens. Le projet routier Villa Tunari-San Ignacio de Moxos prévoyait de relier deux provinces enclavées et devait traverser sur 177 km le Tipnis. D’un coût de 332 millions de dollars, le projet devait être financé et réalisé par le Brésil. Les Indiens ont parcouru à pied 600 km et bravé l’altitude, le froid, les intempéries, ainsi qu’une violente tentative policière de dispersion qui avait fait 74 blessés à Yucumo (nord-est), avant d’être accueillis en héros la semaine dernière par les habitants de La Paz.
L’intervention de la police du 25 septembre, dont le gouvernement nie avoir été à l’origine, avait débouché sur une grève générale, la démission de deux ministres et une demande publique de pardon de la part d’Evo Morales, lui-même d’origine indienne aymara. A la veille de l’arrivée de quelque 2.000 Amazoniens à La Paz -et devant la mobilisation de l’opinion et des médias- ce dernier avait finalement accepté de rencontrer directement les représentants indiens, après avoir tenté, en vain, de négocier par l’intermédiaire de 11 ministres envoyés successivement à la rencontre des marcheurs.
Une centaine d’Indiens ayant établi un campement de fortune devant la présidence attendaient pour lever le camp le vote par l’Assemblée et la promulgation par le président -prévus lundi soir- d’une loi annulant le projet de construction du tronçon de route contesté. Avec ce vote « nous pourrons mettre un point final à ce conflit qui nous a causé du souci pendant ces deux derniers mois », a confié aux journalistes le ministre de la Communication, Ivan Canelas.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2006, c’est la deuxième fois que M. Morales fait marche arrière sous la pression populaire. En décembre 2010, il avait annulé un décret sur la hausse des prix des carburants qui avait déclenché grèves et manifestations violentes.