Tiré de Tlaxcala.org
En grosses lettres dorées (quoi d’autre ?), sur un morceau de gazon synthétique (bien sûr), un grand panneau a été érigé sur les Hauteurs du Golan, comme tiré directement des meilleurs sketches comiques. Ramat Trump, ou Trump Heights (les Hauts-de-Trump), sera construite ici. Même les fortes rafales, qui ont rendu difficile l’installation du décor, ont donné à cet événement ridicule l’atmosphère d’une satire israélienne - un moment avant que divers ministres du gouvernement ne commencent leur marche tragi-comique vers la cérémonie.
Commençons par la fin. Aucune nouvelle communauté nommée en l’honneur du président US Donald Trump n’a vu le jour dimanche sur les Hauteurs du Golan. Comme l’a même fait remarquer le fondateur du caucus de la Knesset pour le Golan, le député de Kahol Lavan (Bleu et Blanc, « centre-gauche ») Zvi Hauser : « Quiconque lit les petits caractères de la décision "historique " comprend qu’il s’agit d’une décision conceptuelle. Il n’y a pas de financement. Il n’y a pas de planification. Il n’y a pas de lieu et il n’y a vraiment pas de décision engagée. C’est à cela que ressemble l’"Israbluff" - pour emprunter un terme à la comédie israélienne, pour éviter le problème d’une solution fictive - "d’établissement d’une nouvelle communauté sur le plateau du Golan. C’est du meilleur Sallah Shabati » , a-t-il ajouté, se référant au film satirique israélien de 1964.
En effet, la proposition présentée au cabinet pour fonder la nouvelle communauté ne comporte aucune étape réelle vers sa création. Il s’agit principalement de "travail administratif", ce qui, en isralangue, signifie à peine une seule réunion autour d’un plat de sucreries. De nombreuses autres expressions du lexique très créatif de l’"Israbluff" y apparaissent en force : "Formuler des recommandations ", " examiner divers aspects ", " soumettre des opinions ", " le gouvernement note " et ainsi de suite.
Il n’y a qu’une seule phrase à la fin qui révèle le mensonge : « Quand la décision finale du gouvernement sera prise sur l’établissement de la communauté, et dans la mesure où l’emplacement de la nouvelle ville sera dans la zone de la communauté de Kela... ». Et voilà. C’est là. En effet, aucune décision finale n’a été prise et il n’est pas certain qu’après l’installation du panneau, une telle communauté s’établira un jour, ou si cela restera, une "Ramat Trump/Trump Heights" céleste, une ville mythologique à l’existence purement imaginaire.
Dans les notes explicatives sur la décision du gouvernement, la ruse à nos dépens continue : « Il est important de faire avancer la décision de renforcer les liens diplomatiques entre Israël et les États-Unis ». D’un autre côté, la blague n’est pas vraiment à nos dépens, en termes financiers réels, parce que la clause suivante est la plus charmante : « Données économiques et impact sur l’économie du pays : non pertinent ». Enfin, une lueur de vérité.
Et pourquoi n’est-ce pas pertinent ? En raison de la clause intitulée « Difficultés juridiques éventuelles et moyens de les résoudre ». Ces difficultés existent certainement. Un gouvernement temporaire, comme celui qui s’est réuni dimanche sur les Hauteurs du Golan et qui n’est pas du tout un gouvernement, ne peut pas prendre une telle décision tant que de nouvelles élections n’auront pas eu lieu et qu’un véritable gouvernement ne sera pas établi. La solution ? L’avis juridique indique que c’est le prochain gouvernement qui décidera et qu’il n’est nullement tenu de le faire. Et pendant ce temps, les bavardages sur le "travail administratif" vont se poursuivre et un joli panneau va se dresser sur le gazon artificiel. Si un gouvernement Netanyahou est réélu, ils verront bien s’ils vont résoudre le problème et comment.
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