Édition du 12 novembre 2024

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États-Unis

Bernie Sanders soutien les infirmières qui se préparent à la grève pour des conditions de travail humaines

Quand Bernie Sanders met tout son poids en faveur des travailleurs.euses, ça vaut son pesant d’or pour elles et eux et pour notre compréhension des enjeux de travail que ses interventions rendent plus clairs.

John Nichols, The Nation, 19 mars 2021
Traduction, Alexandra Cyr

C’est arrivé cette semaine quand, de son poste de président du Comité sénatorial du budget, il a fait valoir, sur les médias sociaux, tout son pouvoir en soutien aux infirmières du Wisconsin qui se préparent à la grève pour une convention qui, « les soutiendra après leur travail en première ligne contre la COVID-19 depuis le début de la pandémie ». Son message était fort et clair : « Je suis avec les infirmières à Madison, Wisconsin, qui demandent un environnement de travail sécuritaire et des congés de maladie payés. Elles sont sur la ligne de front dans notre lutte contre la COVID-19. Nous devons les traiter en héroïnes qu’elles sont ».

Il pointe la lutte des infirmières de Madison parce qu’il se préoccupe d’elles comme de toutes celles de tout le pays. Pendant que la population se fait vacciner, que les gouverneurs parlent de retour à la normale, les syndicats qui représentent les infirmières et les autres travailleurs.euse du secteur de la santé soulignent que leurs membres ont connu l’enfer et cherchent de nouvelles conventions collectives qui reconnaissent et respectent les sacrifices que cela représente. Et bien sûr qu’ils parlent d’aller en grève pour s’assurer d’obtenir ces ententes ».

Le SEIU Healthcare Wisconsin, le décrit ainsi : « (les départements) de nursing et les experts.es en santé publique mettent en garde contre un soutien inadéquat qui ferait que beaucoup de travailleurs.euses de la santé en première ligne puissent éprouver des symptômes de stress post-traumatique et d’autres conséquences psychologiques à cause du stress causé par l’effort demandé durant la pandémie ». Ce syndicat à l’hôpital UnityPoint Health-Meriter à Madison représente plus de 850 infirmières. Avec l’appui de B. Sanders et d’autres élus.es, ces infirmières se disent prêtes à aller en grève « pour s’assurer qu’elles puissent prendre soin d’elle-même autant que de leurs patients.es, se soigner et récupérer après une année traumatique et être reconnues et respectées pour leur travail essentiel ».

À titre de maire, d’élu à la Chambre des représentants, au Sénat et comme candidat à la Présidence, B. Sanders a établi des records de soutien aux syndicats. Et il a continué tout au long de la pandémie en exigeant que les protections individuelles pour les travailleurs.euses soient intégrées dans le plan de relance, prenant fait et cause pour la lutte syndicale en faveur de la hausse du salaire minimum à 15$ de l’heure et en annonçant son soutien à l’effort d’organisation du syndicat de l’entrepôt d’Amazon à Bessemer en Alabama.

Mais ce que le sénateur fait en faveur de la lutte des infirmières de Madison porte un cran plus haut sur deux points :

1- Il embrasse la cause de travailleuses qui parlent d’aller en grève ce que font rarement des politiciens.nes en vue, dont des Démocrates qui sont pourtant sympathiques aux syndicats. S’afficher favorable aux travailleurs.euses avant même la grève est vital parce que cela renforce leurs positions à la table de négociations. Quand un ancien candidat à la Présidence maintenant président d’un comité central au Sénat, s’engage dans une lutte locale, cela augmente la confiance des travailleurs.euses et la rend visible à la conscience de la population.

2- B. Sanders a mis en lumière de nouveaux enjeux apparus durant la pandémie. Le Syndicat international des employés.es de services et d’autres qui représentent les travailleurs.euses du secteur de la santé sont engagés dans de nouvelles stratégies de négociations plus fermes et fortes. En plus d’exiger des augmentations de salaire et d’autres bénéfices marginaux, ils exigent maintenant, avec leurs membres, que les directions des hôpitaux reconnaissent le besoin d’un meilleur équilibre travail-famille qui permettrait aux infirmières de donner de meilleurs soins à leurs familles et à elles-mêmes.

Après avoir assuré les soins de première ligne contre la COVID-19 pendant la dernière année, les infirmières de Madison ont commencé leurs négociations en élaborant une proposition de convention collective qui comporte les éléments suivants.

Durant la pandémie, ces infirmières et les autres travailleurs.euses dans l’hôpital UnityPoint Health-Merite ont été au front, dans les tranchées en risquant leurs vies et celles de leurs familles pour prodiguer des soins de qualité et attentionnés aux patients.es de leur communauté. À part avoir été qualifiés.es de héros et héroïnes en tant que professionnel.les nous ne nous sommes pas sentis.es respectés.es alors que nous avons travaillé sans protection adéquate, avec des horaires épuisants et un manque de transparence de la part de l’administration. Alors que les infirmières de l’hôpital Meriter entrent en négociations, nous avons l’intention de mettre en place un parcours qui nous sorte de pandémie et au-delà. La direction de l’hôpital a un devoir moral de prendre en compte nos revendications pour que tout en nous qualifiant de héros et héroïnes, nous puissions prendre soin de nous, de nos familles et de nos patients.es.

Carole Lemke, une infirmière de 32 ans d’expérience qui travaille dans cet hôpital dit que l’épuisement professionnel est un vrai enjeu et qu’il faut s’en occuper : « Les infirmières vont se décarcasser pour être certaines que leurs patients.es reçoivent tous les soins selon leurs besoins même si cela veut dire mettre les leurs de côté. Nous travaillons de longues heures dans des situations stressantes. Nous faisons du temps supplémentaire parce que les effectifs manquent ce qui nous laisse moins de temps avec nos familles mais nous sommes fières d’être là pour nos patients.es. Après avoir traversé cette année, nous avons besoin de temps pour récupérer, pour être dans nos familles et nous occuper de nous. Meriter doit nous donner des gages qu’il reconnait notre engagement et les sacrifices que nous avons fait au cours de la pandémie ».

Les négociateurs.trices de l’hôpital accepté plusieurs demandes phares du syndicat à la mi-mars. Mais des désaccords persistent sur la conciliation travail-famille dont les infirmières ont fait leur priorité. Reno Gatton, un infirmier en salle de réveil explique : « La pandémie a mis au jour de profonds problèmes systémiques qui doivent maintenant être résolus. Nous avons mis nos vies et celles de nos familles en danger, nous avons travaillé jusqu’à épuisement et nous avons été écrasés.es par l’anxiété devant cette maladie encore inconnue et terrifiante. Plusieurs d’entre nous ont quitté l’hôpital pour cause de maladie ou pour rechercher un environnement de travail plus sûr. Nos demandes (pour cette négociation) sont vitales. Il faut introduire des incitatifs pour les travailleurs.euses et des moyens de recrutement et de rétention pour plus d’infirmiers.ères diplômés.es ».

Avec des législateurs.trices du Sénat de l’État, comme la Sénatrice démocrate Melissa Agard de Madison qui a déclaré la semaine dernière : « Les infirmières ont été avec nous tout au long de la pandémie, la pire en un siècle. Il est temps que nous soyons là pour elles », trois des plus éminents démocrates élus.es de l’État, le gouverneur Tony Evers, la Sénatrice Tammy Baldwin et le représentant Mark Pocan, ont reconnu l’urgence de ces revendications et exprimé leur solidarité ce mardi.

Quand le syndicat a manifesté cette semaine devant le Capitol de l’État, Mme Agard et la Sénatrice de l’État, Kelda Roys, étaient là pour rappeler : « Durant toute l’année, les infirmières ont travaillé dans des salles trop dangereuses pour nous. Elles ont tenu des tablettes devant nos chers parents mourant pour que nous puissions leur dire au revoir avant leur départ. Elles leur ont tenu la main durant leur agonie. Le moins que nous puissions faire c’est d’être avec elles aujourd’hui pour nous assurer (quelles auront) une convention juste qui leur permettra de récupérer les heures qu’elles ont données en surplus en assurant les services durant cette pandémie mortelle ».

Comme B. Sanders, les élus.es du Wisconsin sortent de leurs travaux législatifs pour se joindre à une lutte pour les travailleurs.euses des soins de santé qui ont beaucoup sacrifié durant la pandémie, pour que ce soit reconnu et qu’on les respecte.

La représentante démocrate de Madison, Mme Francesca Hong, ajoute : « Cette année a été épuisante pour chacun.e de nous mais ce n’est rien comparé à la fatigue de nos infirmières. La composante émotive et l’épuisement professionnel sont réels. Elles ont largement dépassé l’ordinaire de leur travail. Unity-Point Health-Meriter doit en faire autant. Pour leurs valeurs, pour leur honneur, qu’ils payent leurs infirmièrs.es ».

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