Premièrement, le groupe qui a érigé un barrage sur la 117 porte le nom de Confédération des peuples autochtones du Québec et du Canada et son porte-parole est M. Guillaume Carl. Ce groupe ne possède aucune reconnaissance officielle de la part des Chefs des Premières Nations du Québec. Ce groupe et son porte-parole n’ont aucune légitimité à proclamer qu’ils représentent les intérêts des Autochtones hors-réserve.
J’en sais quelque chose, je suis moi-même une Autochtone hors-réserve.
Dans toute démocratie, pour proclamer qu’on parle au nom des citoyens, on doit obtenir ce mandat auprès de ceux pour lesquels on affirme défendre les droits et les intérêts. Or, dans le cas de M. Carl et son groupe, je peux témoigner que ce dernier n’a aucune légitimité de me représenter, ni défendre mes intérêts. En ce qui me concerne, ce sont les Chefs des Premières Nations qui représentent mes intérêts, et ce, même si j’habite hors réserve.
La réalité des Autochtones hors réserve est méconnue. Les Centres d’amitié autochtones ont justement été créés pour servir de point de ralliement dans les villes pour ces derniers. Les Centres d’amitié autochtones reçoivent l’appui des communautés autochtones dans la réalisation de leur mission. Cette mission vise justement à améliorer la qualité de vie des Autochtones hors réserve. Les Centres d’amitié sont le prolongement des services de la communauté dans les villes.
En mai 2005, les Chefs des Premières Nations ont officiellement et légitimement reconnu les Centres d’amitié autochtones du Québec comme « des organismes de services en milieu urbain pour les Premières Nations du Québec et agissent en complémentarité aux autorités élus des Premières Nations du Québec, soit les Conseils de Premières Nations ». Pour leur part, les Centres d’amitié autochtones reconnaissent que « les Conseils de Premières Nations ont l’autorité exclusive de reconnaître, de représenter et de desservir tous leurs citoyens, indépendamment de leur statut et de leur lieu de résidence, que ce soit sur ou hors réserve ».
Le Chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), M. Ghislain Picard a déclaré dans son communiqué de presse du 14 mars dernier que « les droits des peuples autochtones sont quelque chose de sérieux, et ils ne peuvent pas être utilisés à tout vent par le premier venu. Les détenteurs de droits sont les nations autochtones, dûment représentées par des conseils élus par leur population respective. »
Je milite en faveur des droit et des intérêts des Autochtones hors réserve depuis près de 20 ans. Croyez-moi, il est beaucoup plus facile de se faire aller les « babines » sur toutes les tribunes et faire un « show » que de se retrousser les manches et travailler, jour après jour, année après année, à faire une réelle différence pour les siens, loin des projecteurs.
Je travaille également au rapprochement entre les peuples depuis 20 ans. Sachez que l’épisode de la route 117 ne contribue en rien au renforcement de nos liens. Ces gens, qui se sont servis des droits des peuples autochtones pour ériger un barrage, ont plutôt contribué à ébranler nos relations, encore fragiles. Une fois le barrage levé, ces individus sont repartis d’où ils sont venus, laissant la population de l’Abitibi-Témiscamingue ramasser les pots cassés….
Heureusement, les années d’efforts de rapprochement ne sont pas vaines lorsqu’on est mis à l’épreuve. Je suis confiante que les gens de Val-d’Or et de la région de l’Abitibi-Témiscamingue feront preuve de discernement et de bon jugement devant cette situation. Vous saurez faire la part des choses. Ne laissons pas une poignée d’individus détruire ce que nous travaillons depuis plus de 30 ans à Val-d’Or : faire de notre communauté, une communauté fière de sa diversité.
Edith Cloutier
Directrice générale
Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or