C’est avec déception que l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL), le Conseil des Atikamekw de Manawan, Femmes Autochtones Québec (FAQ), le Bureau du Principe de Joyce (BdPdj) et la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador (CSSSPNQL) constatent encore une fois le manque d’implication réelle et concrète des Premières Nations. De surcroît, il est déplorable que le gouvernement n’ait pas choisi de faire les choses autrement : le consentement préalable, libre et éclairé dans le cadre du projet de loi n° 32 n’a pas été respecté. Malgré leur participation de bonne foi au processus, les mesures prises par le gouvernement dans ce projet de loi restent bien en-deçà des objectifs, notamment en raison de l’absence de la pleine intégration du Principe de Joyce dans le libellé final du projet de loi.
« La consultation des Premières Nations est un droit et les processus législatifs actuels font défaut depuis trop longtemps. La sécurité est un droit inhérent et intrinsèque. Le gouvernement du Québec ne peut pas légiférer à propos de nous, sans nous. Le besoin d’entreprendre dès maintenant une réflexion approfondie dans le but de convenir d’une démarche de consultation spécifique aux Premières Nations est devenu une nécessité, voire un incontournable. Je tiens à assurer aux membres des Premières Nations que nous continuerons à faire tout en notre pouvoir afin d’assurer pleinement la sécurité de tous et toutes », a exprimé Ghislain Picard, chef de l’APNQL.
« Les Premières Nations et les Inuit sont les mieux placés pour définir leurs besoins en matière de santé et de services sociaux. Il est impératif que le gouvernement québécois reconnaisse, soutienne et mette en œuvre des solutions élaborées par nos gouvernements, notamment celles de première importance définies dans le Principe de Joyce, afin d’assurer des soins sécurisants et respectueux de notre identité culturelle » a ajouté le Chef du Conseil des Atikamekw de Manawan, Sipi Flamand.
Marjolaine Étienne, présidente de FAQ, a aussi réagi : « Il est regrettable que les femmes et filles des Premières Nations soient particulièrement affectées par un projet de loi insuffisamment sécurisant culturellement. Nous avons des droits que les gouvernements sont tenus de respecter, notamment à la santé et à la culture, comme le stipule la Recommandation générale n° 39 de la Convention pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes. Un véritable processus de co-construction dès le départ aurait permis d’intégrer des recommandations concrètes dans le projet de loi n° 32. »
« On ne peut pas travailler d’égal à égal, ni de nation à nation dans le contexte actuel. Certes, nos voix se sont croisées à la suite du décès de Joyce, mais depuis, nous n’arrivons pas à nous rejoindre sur la manière de collaborer afin d’assurer une réelle sécurité pour les Autochtones. Il est indéniable que nous poursuivrons notre travail de notre côté pour l’équité d’accès en santé et sur les moyens concrets d’adresser la situation en collaboration avec les nations autochtones et les organisations novatrices. », a attesté Jennifer Petiquay-Dufresne, directrice générale du Bureau du Principe de Joyce.
« Force est de constater que le principe fondamental de co-construction demeure abstrait pour le gouvernement du Québec. Les Premières Nations poursuivront leurs démarches quant au développement d’actions concrètes, tout en faisant valoir leur propre définition de la sécurisation culturelle auprès de leurs partenaires et de la population », a renchéri Dereck Montour, président de la CSSSPNQL.
Enfin, tous pressent le gouvernement du Québec à respecter les droits des Premières Nations et à assumer l’imputabilité dont il doit faire preuve. Les Premières Nations rappellent au gouvernement Legault de faire mieux « ensemble », il en va de la sécurité de leurs populations.
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