« Comme les violences sexuelles trouvent leur origine dans une société encore patriarcale et dans la construction sociale des rapports de sexe, c’est toute la socialisation des filles et des garçons qu’il faut changer, d’où l’urgence par exemple de mettre en place, au primaire et au secondaire, un cours d’éducation sexuelle qui fasse la promotion de rapports non sexistes et non hétérosexistes », de déclarer Silvie Lemelin, vice-présidente de la FEC-CSQ et responsable du dossier de la condition des femmes.
Sensibilisation, prévention et formation au cœur des propositions
Bien que l’on manque de données précises sur la situation dans les établissements collégiaux, les enquêtes réalisées dans le milieu universitaire dressent un portrait de situation inquiétant. Pour cette raison, le Comité de la condition des femmes de la FEC-CSQ propose tout d’abord qu’une enquête soit menée dans les cégeps, afin de documenter scientifiquement la question des violences sexuelles au sens large (viol, agression sexuelle, harcèlement sexuel et sexiste, cyberharcèlement et sexisme ordinaire).
Dans les cégeps, il est proposé de réviser les politiques et les sanctions, de mieux les faire connaître et de planifier la gestion de crise. Le CCF recommande également que les cégeps mènent une analyse différenciée selon les sexes pour évaluer la sécurité de l’environnement collégial en identifiant les lieux (résidences, vestiaires, stationnements, etc.), les périodes (soirs et fins de semaine) et les événements à risque (initiations, « partys », etc.) En outre, le CCF réclame que les rapports amoureux et sexuels soient proscrits entre le personnel et les étudiantes et étudiants.
« Il est primordial que toutes les personnes travaillant dans un établissement, incluant les membres de la direction, soient sensibilisées à cet enjeu de façon à ne pas reproduire, même inconsciemment, la culture du viol. Même lorsqu’une personne refuse de porter plainte, il faut lui offrir la possibilité d’être écoutée et accompagnée par une personne formée en matière de violence sexuelle », précise la vice-présidente de la FEC-CSQ.
Cette sensibilisation pourra se faire par des consultations et des formations, mais également par la mise sur pied de comités intercatégoriels de concertation. Or, trop de cégeps manquent de ressources pour ce faire. C’est pourquoi le CCF interpelle le ministère de l’Enseignement supérieur et le gouvernement, en réclamant que des budgets soient mis à la disposition des collèges pour tenir des activités de prévention, pour embaucher du personnel et pour tisser des partenariats avec des organismes régionaux tels les CALACS (Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel). Une campagne de sensibilisation grand public devrait également être déployée dans les médias sociaux et traditionnels. « Toutes les bonnes intentions risquent de demeurer lettre morte sans le financement adéquat pour soutenir de nouvelles mesures », conclut Silvie Lemelin.
Le Comité de la condition des femmes (CCF) sera représenté par Silvie Lemelin (vice-présidente de la FEC-CSQ et enseignante au Cégep de Victoriaville) Sylvie Fradette (responsable du CCF et enseignante au Cégep de Rivière-du-Loup) et Isabelle Marcoux (membre du CCF et enseignante au Cégep de Sainte-Foy).
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