Cependant, pour limiter le réchauffement à 1,5°C, il faut que les énergies renouvelables soient progressivement intégrées à notre système énergétique et que les combustibles fossiles soient progressivement éliminés. Un fait particulièrement inquiétant est que certains crédits d’impôt à l’investissement du budget pourraient au contraire offrir un soutien supplémentaire à l’industrie pétrolière et gazière. À l’approche de l’échéance de l’engagement pris par le Canada d’éliminer les subventions aux combustibles fossiles d’ici la fin de 2023, cette situation est préoccupante. Par ailleurs, le budget ne prévoit pas les investissements nécessaires dans les transports en commun et l’efficacité énergétique pour les foyers à faible revenu, qui sont essentiels pour assurer un avenir plus sécuritaire, plus abordable et plus sain aux Canadien.ne.s.
Aujourd’hui, le Canada n’a pas présenté une vision internationale pour un changement transformateur. Alors que le monde est confronté à une convergence de crises, l’absence de nouveaux investissements dans l’aide étrangère est décevante. L’aide internationale ayant été considérablement réduite par rapport au budget 2022, le leadership du Canada sur la scène internationale est maintenant compromis.
Citations
Caroline Brouillette, Directrice générale par intérim, Climate Action Network – Réseau action climat Canada :
« Le budget 2023 fait des grands pas en avant mais n’élimine pas ce qui nous retient en arrière. Des investissements records dans l’électricité propre permettront de construire le réseau de l’avenir et de fournir aux Canadiens une énergie plus sécuritaire, plus propre et plus abordable – à condition qu’ils soient appuyés par une réglementation solide et par le respect des droits et de la souveraineté autochtones. Il est aussi encourageant de voir que les crédits d’impôt à l’investissement sont assortis de conditions solides en matière de conditions de travail. »
« En même temps, ce budget ne montre pas de progrès vers la réalisation de la promesse du Canada de mettre fin aux subventions aux combustibles fossiles cette année. L’absence d’un examen honnête sur l’avenir de l’industrie pétrolière et gazière dans cette économie mondiale en pleine transformation, qui aurait pu être illustré par des investissements nouveaux et transformationnels pour une transition juste, est également flagrante. »
Marc-André Viau, Directeur des relations gouvernementales, Équiterre :
« Ce budget s’inscrit dans la droite ligne de la vision environnementale du gouvernement, qui s’appuie largement sur des technologies propres – et d’autres moins propres – pour atteindre ses objectifs environnementaux. Certaines mesures annoncées comme la décarbonation des réseaux électriques sont prometteuses, mais certaines, comme l’important financement de la capture et du stockage de carbone, suscitent la perplexité. »
Anne-Céline Guyon, chargée de projet experte climat, Nature Québec :
« Si la décarbonation du Canada est nécessaire et urgente, ce budget laisse toutefois perplexe quant à notre capacité à l’opérer tout en protégeant les écosystèmes naturels et la biodiversité. L’accélérateur est clairement mis sur une transition énergétique menée par le secteur privé et basée sur des technologies dîtes « propres ». Toutefois, celle-ci sera-t-elle suffisamment encadrée par une réglementation rigoureuse pour qu’elle ne se fasse pas sur le dos du vivant ? Si le passé est garant de l’avenir, il y a de quoi s’inquiéter. »
Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie, Greenpeace Canada :
« Ce budget est le premier à reconnaître que la seule voie possible pour un avenir prospère et sécuritaire repose sur la mise en place de mesures drastiques pour lutter contre la crise climatique. Il reste toutefois beaucoup à faire afin que les actions du gouvernement soient alignées avec ses promesses. Nous saluons les investissements fédéraux sans précédent dans le verdissement du réseau électrique qui est essentiel pour réussir à remplacer les combustibles fossiles par les énergies renouvelables.
« Nous restons préoccupés par les nouvelles subventions accordées aux pétrolières et gazières qui nagent dans des bénéfices records. Il n’y aura jamais assez d’argent dans le monde pour les convaincre de devenir exemplaires en matière de lutte contre les changements climatiques. Il serait de loin plus efficace de simplement réglementer leurs émissions et d’investir les précieux fonds publics dans l’accélération des investissements en matière d’efficacité énergétique et d’électrification ».
Kate Higgins, CEO, Cooperation Canada :
« Le mot du jour est “compromettre”. Ce budget compromet la position du Canada dans le monde, il compromet les progrès en matière de développement et il compromet notre sécurité. À l’heure où le monde est confronté à des crises mondiales de plus en plus graves, les Canadien-ne-s attendent de leur gouvernement qu’il s’engage à faire preuve d’un leadership mondial audacieux. Ce budget ne répond pas à ces attentes. »
Aliénor Rougeot, Responsable de programme Climat et Energie, Environmental Defence :
« Ce budget investit dans des solutions climatiques susceptibles de créer de bons emplois verts dans tout le pays. Nous saluons l’ajout historique des conditions de travail aux incitatifs fiscaux et les sièges réservés aux syndicats au conseil d’administration du Fonds de croissance du Canada. Cependant, le gouvernement doit encore préciser comment il soutiendra les travailleurs et les communautés directement touchés par la transition à mesure que nous éliminerons les combustibles fossiles et d’autres secteurs à forte teneur en carbone. Il faut un financement dédié aux communautés et aux nations autochtones pour diversifier leur économie, et des programmes spécifiques pour les travailleur.euse.s qui risquent de perdre leur emploi. Malheureusement, le budget d’aujourd’hui repose encore sur le principe du pollueur payé. Alors que les communautés autochtones en aval des sables bitumineux sont actuellement aux prises avec des fuites toxiques massives, le gouvernement remet l’argent de nos contribuables aux entreprises qui causent les dommages. »
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