« Le rapport du comité d’examen ayant recommandé d’approuver le projet avait pourtant révélé plusieurs déficiences importantes dans l’évaluation des risques et des impacts pour l’environnement et les populations. La légitimité de la décision du ministre Kent est d’autant plus questionnable que le journal La Presse révélait le 20 décembre dernier que le président du comité d’examen fédéral (un genre de « BAPE » pour le Nord) travaille également pour des compagnies minières en opération sur le territoire où il a juridiction », dénonce Ugo Lapointe de la coalition Québec meilleure mine !..
La décision du ministre Kent survient au même moment où les Cris réitèrent une demande de moratoire concernant le projet d’uranium de la compagnie Strateco. Le ministre Kent s’appuie également sur le rapport du comité d’examen fédéral, qui reconnaissait pourtant l’acceptabilité sociale comme condition essentielle pour aller de l’avant avec le projet. « Le rapport identifiait également une longue liste de déficiences au plan de l’analyse des impacts du projet en ce qui a trait aux eaux de surface et souterraines, aux risques éco-toxicologiques, ainsi qu’aux conséquences socioculturelles appréhendées », explique Ramsey Hart de MiningWatch Canada.
En novembre 2010, le Grand Conseil des Cris et la Nation crie de Mistissini avaient d’ailleurs conclu que « les impacts potentiels de ce projet d’uranium sont de beaucoup supérieurs à tout bénéfice éventuel » et que le projet allait « à l’encontre des valeurs fondamentales des Cris ». Ils expliquent également que cette décision a été le fruit d’un long processus d’analyse des aspects positifs et négatifs du projet.
« Les Cris ont raison de s’opposer à ce projet d’uranium sans d’abord faire la lumière concernant l’ensemble des risques et des impacts qu’il pose à long terme pour le territoire et les populations. S’il devenait une mine, ce projet génèrerait tout près de 2 millions de tonnes de résidus miniers radioactifs, dont les risques de contamination dans l’environnement perdurerait à perpétuité », affirme François Lapierre de l’Association de protection des Hautes-Laurentides (APEHL).
Le projet d’exploration minière Matoush ne manque plus que l’autorisation du gouvernement du Québec pour aller de l’avant.
Plan Nord sans uranium
La coalition Québec meilleure mine ! demande un « Plan Nord sans uranium » et réitère sa demande de moratoire sur cette industrie qui génère d’immenses quantités de déchets radioactifs. Plus de 320 municipalités du Québec demandent actuellement un moratoire sur l’exploitation de mines d’uranium. « Or, ce sont sur les territoires du Plan Nord que se situent actuellement la majorité des projets d’exploration d’uranium. Le gouvernement du Québec devrait prendre acte du message que lui envoient les Cris et la population du Québec et décréter immédiatement un moratoire sur cette industrie », affirme Marc Fafard de Sept-Îles Sans Uranium.
Argent des Québécois gaspillé
La coalition Québec meilleure mine ! dénonce également le fait que l’argent des contribuables québécois soit investi dans des compagnies minières d’uranium. « Selon nos plus récents estimés, ce serait jusqu’à 20 millions $ que les Québécois ont accordé sous différentes formes à la compagnie Strateco depuis 2005, et possiblement jusqu’à 50 à 60 millions $ pour l’ensemble des compagnies d’exploration d’uranium au Québec. C’est inacceptable de gaspiller ainsi l’argent des Québécois alors que ces sommes pourraient être mieux investis dans la société ou pour soutenir d’autres secteurs économiques », dénonce M. Lapointe.