Aliénation : lt. Alienatio, alienare aliéner, « qui appartient à un autre », de alius « autre ».
Processus par lequel un être humain devient ou est comme rendu étranger à lui-même. État d’un individu qui, dans certaines conditions (économiques, politiques ou religieuses), est asservi, c’est-à-dire privé de son humanité. État dans lequel une personne est détournée de sa conscience et de son être véritables.
Dans la théorie du Contrat social de Hobbes, l’aliénation fait référence à la renonciation de l’individu à ses droits naturels en échange de la reconnaissance et de la protection de ses droits naturels par le pouvoir politique (la monarchie absolue).
Dans la théorie marxiste, le terme décrit la situation de la personne humaine dans le cadre de la société capitaliste (soumission inconditionnelle aux institutions et aux symboles créés). L’être humain aliéné se trouve dans un état de domination et d’exploitation qui le détourne de ses véritables et propres problèmes. L’aliénation correspond à des processus de dépossession du produit du travail, de dépersonnalisation de l’acte du travail et de deshumanisation de la vie qui résulte de la propriété privée des moyens de production. Elle est la conséquence de la séparation de la personne humaine en tant que membre de la société civile et de la citoyenne ou du citoyen membre de l’État. Pour Marx, elle se manifeste sur les plans suivants : économique, politique, culturel et religieux. Voir les deux citations à ce sujet un peu plus bas.
En psychologie, il s’agit d’une pathologie qui correspond à des troubles, de nature psychique, qui rendent la personne « étrangère » à sa propre vie et à la vie sociale.
Citations
« […] plus l’ouvrier s’extériorise dans son travail, plus le monde étranger, objectif, qu’il crée en face de lui, devient puissant, plus il s’appauvrit lui-même et plus son monde intérieur devient pauvre, moins il possède en propre. Il en va de même dans la religion. Plus l’homme met de choses en Dieu, moins il en garde en lui-même. L’ouvrier met sa vie dans l’objet. Mais alors celle-ci ne lui appartient plus, elle appartient à l’objet. Donc plus cette activité est grande, plus l’ouvrier est sans objet. Il n’est pas ce qu’est le produit de son travail. Donc plus ce produit est grand, moins il est lui-même. L’aliénation de l’ouvrier dans son produit signifie non seulement que son travail devient un objet, une existence extérieure, mais que son travail existe en dehors de lui, indépendamment de lui, étranger à lui, et devient une puissance autonome vis-à-vis de lui, que la vie qu’il a prêtée à l’objet s’oppose à lui, hostile et étrangère.
Marx, Karl. 1972. Manuscrits de 1844. Paris : Éditions sociales, p. 54.
« […] dans son travail, celui-ci (l’ouvrier Y.P.) ne s’affirme pas mais se nie, ne se sent pas à l’aise, mais malheureux, ne déploie pas une libre activité physique et intellectuelle, mais mortifie son corps et ruine son esprit. En conséquence, l’ouvrier n’a le sentiment d’être auprès de lui-même qu’en dehors du travail et, dans le travail, il se sent en dehors de soi. »
Marx, Karl. 1972. Manuscrits de 1844. Paris : Éditions sociales, p. 56.
Cooccurrences :
Aliénation : mentale, parentale, culturelle, économique, sociale et politique.
Aliénation : d’esprit, des biens, de l’individu.
Dénoncer l’aliénation.
Sentiment d’aliénation.
Aspect non couvert dans le présent texte : le « Syndrome de l’aliénation parentale ».
Yvan Perrier
28 avril 2021
19h
yvan_perrier@hotmail.com
Zone contenant les pièces jointes
Un message, un commentaire ?