Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Référendum sur l’indépendance de l’Écosse

A bas l’Union ! Soutien à l’indépendance de l’Ecosse !

NdT : Le Parti Socialiste de Travailleurs (Socialist Workers Party, SWP) est la principale
organisation de la gauche révolutionnaire britannique.

Dave Sherry est membre du SWP

Le référendum va décider si le peuple soutient la perspective d’une Ecosse indépendante.C’est une consultation simple, avec un bulletin « Oui » et un bulletin « Non ». En Ecosse, lesmembres du Parti socialiste des travailleurs (Socialist Workers Party, SWP) défendent et fontcompagne pour le « Oui ».

En Ecosse, les socialistes ne peuvent pas rester en retrait et simplement attendre le résultat duvote. Nous avons la possibilité de nous lier avec des gens qui veulent quelque chose de plusque ce que le Parti national écossais (SNP) peut leur offrir.

Les Conservateurs, les Travaillistes et les Libéraux – Démocrates sont contre l’indépendance.Mais, au sein du Parti travailliste, il y a des désaccords sur les conséquences électorales d’un tel alignement sur les Conservateurs. Régulièrement, les sondages n’accordent qu’un tiers aux partisans de l’indépendance et le camp du « Oui » a été jusqu’alors incapable de retournerl’opinion publique en sa faveur. Si beaucoup, notamment des syndicalistes, n’ont pas étéconvaincus, c’est parce que le camp du « Oui » n’a pas présenté de stratégie contre l’austérité ni expliqué en quoi l’indépendance bénéficierait à la classe ouvrière.

Le SNP et son dirigeant, Alex Salmond, dominent la campagne du « Oui » et se présententcomme des nationalistes qui penchent à gauche. Mais, en fait, Salmond a autrefois travaillécomme économiste à la Banque royale d’Ecosse et est totalement dévoué au capitalisme.Tous ceux qui soutiennent l’indépendance ne partagent pas la vision qui est celle de Salmondd’une Ecosse capitaliste. On peut être pour l’indépendance sur une base anti-impérialiste,partisan de la rupture avec le Royaume-Uni et ne pas s’aligner sur les nationalistes.Un vote en faveur du « Oui » affaiblirait l’Etat britannique et son rôle d’allié soumis desEtats-Unis. La Grande-Bretagne est une puissance impérialiste qui veut intervenir en Syrie eten Iran. C’est l’une des raisons pour lesquelles David Cameron cherche désespérément àpréserver l’unité de la Grande-Bretagne.

La campagne « Sauvegardons l’Union » soutient totalement l’idée réactionnaire d’une identitébritannique fondée sur l’impérialisme, le racisme et l’hystérie anti-immigrés. Tous ceux-làvont utiliser le centenaire de la Première guerre mondiale et les Jeux du Commonwealth afinde faire la propagande du glorieux passé impérial.

Il ne s’agit pas de l’unité de la classe ouvrière britannique, mais de l’unité de l’Etatbritannique. Il ne s’agit pas de célébrer le mouvement chartiste, les suffragettes ou la grandegrève des mineurs…

Les socialistes qui argumentent contre l’indépendance fournissent une couverture de gaucheauxpartisans de l’Union. Il faut défendre une véritable alternative ouvrière et socialiste.Sinon, nous abandonnerons le terrain aux nationalistes et aux partisans de l’Union.La dévolution s’est traduite par une délégation de pouvoir pour réaliser les coupesbudgétaires. En 2010, le gouvernement écossais, dirigé par le SNP, a accepté« avec répugnance » la diminution sauvage de sa subvention, décidée par les Conservateurs.Ensuite, Alex Salmond, premier ministre écossais et dirigeant du SNP, a prétendu qu’aprèstout une diminution de 35% du budget consacré au logement n’était pas si terrible, comparéeà une diminution de 65% de ce même budget en Angleterre et au Pays de Galles. Il a aussiaffirmé qu’une Ecosse indépendante resterait membre de l’OTAN, l’alliance militaireoccidentale.

Quitter l’OTAN était l’une des revendications les plus populaires présentées par ce parti. Lapolémique crée par la décision de l’abandonner a constitué un tournant majeur du débat surl’indépendance. Les remous à ce sujet montrent la nécessité d’une intervention socialiste,sérieuse et sans concession au nationalisme.

Sous la direction de Salmond, le SNP a cherché à se positionner comme l’héritier de latradition social-démocrate, afin de récupérer l’électorat travailliste déçu. Mais, en réalité, le NP est soumis à un agenda favorable aux milieux d’affaire.

L’aura de Salmond a été ébranlée par la révélation de ses liens avec Rupert Murdoch. Lejournal Sun l’a soutenu, ainsi que le SNP. Il y a eu des révélations sur le fait qu’il avaitrencontré Murdoch et que, tout comme Jeremy Hunt (membre du Cabinet conservateur), ilavait promis en retour d’appuyer sa tentative de s’assurer le contrôle total de BskyB.L’option du SNP en faveur d’une Ecosse capitaliste était clair depuis son choix lors del’adoption du premier budget dont il était responsable, en 2007. De l’argent a été dépensépour permettre la baisse des tarifs pour les entreprises privées, au détriment des services
publics locaux.

L’an dernier, John Swinney, le ministre des finances (SNP), a déclaré qu’il « essayait defournir tout le soutien possible au monde des affaires » afin que l’Ecosse atteigne « les plushauts taux de compétitivité du Royaume-Uni ».

L’existence d’un sentiment national écossais n’est pas discutable et il n’y a vraiment aucuneraison à ce que l’Ecosse ne puisse pas devenir un Etat national capitaliste comme tous lesautres. Il est tout à fait hypocrite de combattre le nationalisme écossais en expliquant qu’il estcomplètement réactionnaire tout en faisant silence sur le nationalisme britannique ou, pireencore, en soutenant ce dernier.

Mais il ne faut pas non plus avoir d’illusions sur le genre d’Ecosse qu’envisage le SNP. Ilsouhaite conserver la famille royale, la livre sterling, la Banque d’Angleterre et l’OTAN.C’est un parti dont le seul objectif est de parvenir à l’indépendance de l’Ecosse, et riend’autre.

En 1910, le socialiste révolutionnaire James Connolly - né à Edinburgh - a écrit à propos del’Irlande : « si, demain, l’armée britannique se retire et si le drapeau vert flotte sur laforteresse de Dublin, vos efforts seront restés vains… sauf si vous instaurez une républiquesocialiste ».

La solution proposée par le SNP est simple : c’est le gouvernement d’Edinburgh. Il n’y auraaucune transformation du système gouvernemental ni de la société corrompue dont cesystème de gouvernement est une pièce maîtresse. C’est un peu comme si on affirmait queCoca Cola abîme vos dents s’il est mis en bouteille à Londres, mais que si les usinesd’embouteillage sont à Edinburgh, alors c’est super !

Une Ecosse indépendante ne sera pas une Ecosse socialiste. Les Ecossais ne sont pas plus àgauche que les Anglais et il n’y a pas de voie parlementaire écossaise au socialisme. Si lepeuple vote en faveur de l’indépendance, les travailleurs auront toujours besoin d’unité pourla lutte contre ceux qui les exploitent. Mais la rupture avec la Grande-Bretagne sera une petite victoire pour la classe ouvrière mondiale. C’est donc une cause qu’il faut défendre.

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