Photo et article tirés de NPA 29
Les Conférences sont l’organe de décision collective, d’analyse, d’évaluation et de planification des 182 organisations nationales représentant les peuples sans terre, les femmes, les travailleur·euses agricoles, les migrant·es, les pêcheur·euses, les éleveurs·euses, les peuples autochtones et les diversités dans 82 pays d’Afrique, des Amériques, d’Europe et d’Asie, aux niveaux national, régional et continental.
Lors de ces conférences internationales, avec près de 500 délégué·es réparti·es dans 10 régions différentes, diverses questions touchant à la diversité des régions rurales sont débattues et analysées dans leur ensemble. C’est là que La Vía Campesina définit, actualise et affine ses lignes stratégiques d’action, tout en examinant et en ratifiant de nouvelles organisations membres, en discutant du fonctionnement interne et en lançant de nouvelles campagnes.
Au cours des 30 années d’existence de La Vía Campesina, sept conférences internationales ont eu lieu. La première a eu lieu à Mons, en Belgique, en 1993, où pour la première fois, elle a réussi à unifier la force et la solidarité des luttes paysannes du nord et du sud global, en proposant la Souveraineté Alimentaire comme une défense concrète de l’Agriculture Paysanne face à l’agrobusiness.
Lors de la conférence au Mexique en 1996, le mouvement a livré une réponse forte contre les Accords de Libre-Échange et l’OMC. Lors de la conférence en Inde en 2000, le rôle et la participation politique des femmes ont été essentiels, puisque la première Assemblée Internationale des Femmes a été célébrée, semant les graines du Féminisme Paysan et Populaire. Lors de la conférence au Brésil en 2004, le continent africain a rejoint La Vía Campesina, s’organisant en deux régions. L’Afrique a apporté une diversité de luttes et de formes d’organisation, renforçant la lutte pour la justice environnementale et contre l’extractivisme, le colonialisme et le racisme.
Lors de la conférence au Mozambique en 2008, nous avons lancé la Campagne “Stoppons les violences faites aux femmes” comme un outil pédagogique au sein de nos organisations, mais aussi pour dialoguer avec la société. Cette campagne a été adoptée par l’ensemble du mouvement. En 2013, en Indonésie, la conférence a mis en avant la large participation des jeunes dans les différentes tâches et structures du mouvement.
À Derio, en 2017, pour la première fois, un groupe de 50 délégué·es de nos organisations membres s’est réuni en parallèle de la Conférence pour discuter de la diversité sexuelle et de genre. En 2023, nous officialiserons notre dixième région constituée, la région Arabe et Afrique du Nord (ARNA), qui relie diverses organisations de Palestine, du Maroc et de la Tunisie, pour mettre en lumière les luttes des peuples arabes résistant dans des contextes de guerre et de famine.
Avant la Conférence Internationale, les Jeunes et les Femmes de LVC tiendront, comme d’habitude, leurs Assemblées Internationales. Il s’agit d’espaces importants pour les femmes et les jeunes du mouvement, des groupes historiquement marginalisés, afin de développer leurs analyses et leurs stratégies, intégrées aux résultats de la Conférence Internationale.
La Via Campesina se bat pour de meilleures politiques publiques soutenant la Souveraineté Alimentaire, la réforme agraire, la production agroécologique paysanne, les systèmes semenciers paysans et le féminisme paysan et populaire. Ces piliers sont en accord avec la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des paysan·nes et Autres Personnes Travaillant dans les Zones Rurales (UNDROP), reconnue en 2018, qui représente une réalisation significative résultant des luttes et de l’organisation du mouvement paysan.
Suite à la pandémie, La Via Campesina réaffirme la Souveraineté Alimentaire comme la seule véritable alternative contre la faim, les guerres et les crises climatiques et sanitaires. Aujourd’hui, plus que jamais, nous insistons sur l’importance de reconnaître les paysan·nes en tant que sujets de droits. Leur rôle est crucial dans les sociétés qui cherchent à promouvoir la justice sociale et climatique sur leurs territoires, en fournissant une alimentation saine et accessible pour la classe ouvrière. Nous croyons qu’il est possible de vivre dignement dans les zones rurales, en cultivant des valeurs humanistes, en soignant et en préservant la terre, et en luttant pour donner la priorité à la vie plutôt qu’au profit.
10 août 2023 – Bogota (2023)
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