Édition du 12 novembre 2024

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États-Unis

61% des Américaines sont prêtes à destituer D. Trump et à le remplacer

En avril dernier, Elizabeth Warren appelait à la destitution de D. Trump. La plupart des Démocrates les plus en vue chipotaient à ce sujet. Elle a lu le rapport Mueller et déclaré : « R. Mueller remet la prochaine étape dans les mains du Congrès qui a le pouvoir d’empêcher un Président d’utiliser de manière corrompue ses prérogatives et ainsi, (exercer son devoir) de protection de l’administration de la justice. Le processus adéquat pour agir selon cette règle est celui de la destitution. »

John Nichols, The Nation, 27 novembre 2019
Traduction : Alexandra Cyr

Plus tard, les aspirants.es à la candidature démocrate à la présidence ont fini par s’y engager, mais la Sénatrice du Massachusetts qui ne cherche pas tant à remplacer D. Trump qu’à être la première femme Présidente des États-Unis, n’a pas laissé tomber l’enjeu de la responsabilité présidentielle.

Voilà que la destitution est au programme. Mme Warren en parle dans toutes ses rencontres publiques et au cours des interviews qu’elle donne. Lorsqu’elle a déposé ses documents pour la Primaire du New Hampshire plutôt ce mois-ci, on lui a demandé si elle ne craignait pas que la procédure de destitution n’interfère dans cette campagne. Elle a répondu : « J’ai des responsabilités constitutionnelles. J’ai prêté serment comme l’ensemble des membres du congrès. Une partie de ce serment stipule le principe de base que personne n’est au-dessus des lois. Cela inclut le Président des États-Unis. Si la Chambre va de l’avant et porte la procédure au Sénat, je serai présente au procès. Je pense que cette enquête doit se poursuivre. Elle aurait dû commencer plus tôt. Mais nous y sommes ! Laissons-la continuer. »

Les sondages montrent que cette position, de laisser continuer la procédure, est en phase avec l’attitude des Américaines, beaucoup plus emballées par l’idée de tenir ce président responsable que ne le sont les hommes. Un sondage CNN publié le mardi 26 novembre 2019 montre que 61 % des femmes soutiennent la destitution de D. Trump et veulent qu’on le remplace, alors que seulement 40 % des hommes adhèrent à cette position et 53 % s’y opposent clairement.

C’est un écart de 21 % entre les deux sexes quand il s’agit de soutenir l’action du Congrès contre le Président. Ce sondage montre également que, dans la population en général, 50 % soutiennent la procédure de destitution alors que 43 % s’y opposent, ce qui correspond grosso-modo aux résultats des autres sondages. Par exemple, celui de l’Université Quinnipiac démontrait, en octobre dernier, que 58 % des femmes étaient d’accord avec l’enquête du Congrès alors que seulement 39 % des hommes partageaient ce point de vue. Le sondage dégageait une approbation générale de 55 % contre 43 % d’opposition.

Depuis l’arrivée de D. Trump à la Présidence, les sondages ont toujours démontré que les femmes, spécialement les femmes de couleur, étaient en surnombre dans l’opposition. Presque trois ans après son entrée en fonction, l’analyste des sondages, Celinda Lake, parle d’un écart sans précédent entre les hommes et les femmes sur cet enjeu. Elle en dégage que les femmes sont bien plus critiques de D. Trump que les hommes et quand il s’agit de la destitution, l’écart s’agrandit encore et rapidement.

CNN souligne que, pour la première fois, son dernier sondage « montre que plus de 60 % des Américaines ont déclaré soutenir la procédure de destitution et veulent que D. Trump soit relevé de ses fonctions. En mai dernier, elles n’étaient que 51 % et, en octobre, le nombre avait progressé à 56 %. Actuellement, elles sont plus de 3 sur 5 à dire que le Congrès doit mettre fin à la Présidence Trump.

Depuis que Mme Nancy Pelosi (présidente démocrate de la Chambre des représentants) a lancé l’enquête formelle sur la destitution, cette perspective est devenue réelle. Les auditions du Congrès ont soulevé l’attention des médias sur cet enjeu. La représentante démocrate de Californie, Mme Maxine Waters, qui a depuis longtemps et souvent été la seule à militer pour que le Président Trump soit tenu responsable (de ses décisions et agissements), déclare : « En fait j’éprouve un peu de rancune envers ces gens qui ne comprenaient pas pourquoi je prenais cette position et pour laquelle j’étais insistante. Mais, je trouve qu’il y a probablement une meilleure compréhension en ce moment. »

Il semble bien que le niveau de compréhension ait augmenté fortement et particulièrement chez les femmes de couleur. Le mois dernier, les résultats d’un sondage Washington Post et Schar School montaient que : 75 % des femmes de couleur trouvaient que le Congrès agissait correctement en démarrant les procédures de destitution du Président Trump et 66 % disaient qu’il devait être retiré de sa fonction, alors que seulement 58 % des femmes blanches trouvaient adéquat que le Congrès ait démarré les procédures et 48 % que le Président devait être retiré de ses fonctions.

Si jamais D. Trump est destitué, il est clair que l’écart entre les sexes y aura été pour beaucoup. S’il s’élargit encore, la pression sera de plus en plus forte sur les Républicains.es du Sénat pour soutenir cette procédure. Et si jamais, leur vote laissait le Président en place, comptons sur Mme Warren pour lui faire perdre son poste lors de l’élection de novembre prochain.

Cette semaine, de passage en Iowa, elle a laissé entendre qu’une fois les Primaires gagnées, elle pourrait choisir une femme comme colistière dans sa course à la présidence. Quand on lui a demandé si elle pourrait aussi choisir une femme comme vice-présidente, elle a répondu : « Il serait totalement présomptueux pour moi de parler de cela. Mais, sinon, je devrais m’en expliquer. »

Mme Warren n’est pas la seule à penser que la candidature de deux femmes à la Présidence serait un facteur de mobilisation pour la très large majorité des femmes qui, non seulement soutiennent la destitution, mais qui démontrent sondages après sondages qu’elles sont en désaccord avec la Présidence Trump. Plus tôt cette année, on avait demandé à la Sénatrice de Californie, Kamala Harris, si elle pourrait mener campagne à la présidence avec une autre femme comme vice-présidente. Elle avait répondu : « Bien sûr ! Ce serait fabuleux ! »

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