Le parcours est assez long. On impose sa présence et par celle-ci, on dit aussi qu’il n’y a pas que le commerce qui doit dominer la rue. Un jour, face à une jeune commerçante qui pestait contre les manifestants, une amie l’a gentiment invitée à se débarrasser de son assurance sociale puisqu’elle était contre tous ces gens qui luttent pour ce genre de choses inutiles...
Ici pour le 1er mai, même lorsqu’on est 100 000 personnes comme en 2004, on manifeste au loin, à l’écart, dans une sorte d’espace confidentiel qui unit ceux qui appartiennent aux milieux syndicaux, associatifs et communautaires. On peut très bien ne pas se rendre compte de cette fête. Je sais bien qu’il y a des raisons pratiques et de sécurité publique qui justifient le choix des trajets. Mais franchement, comment peut-il y avoir plus d’espace à Paris ou à Rome qu’ici pour accueillir d’importants cortèges ? Et attention, je ne dis pas qu’il faut « Plateauiser » le parcours. Mais je pense que nous acceptons peut-être un peu trop de laisser le coeur de la ville imperturbé. En laissant le commerce prendre toujours le dessus sur la citoyenneté.
À l’heure où la précarisation du travail s’installe comme une norme de plus en plus généralisée favorisant la concentration de la richesse et l’injustice sociale, cela m’apparaît essentiel de faire en sorte que la fête du 1er mai concerne vraiment tous les citoyens et citoyennes. Et on devrait le sentir comme une vibration claire dans la cité.
Catherine Caron, Montréal