« Au Québec, les pratiques des libéraux en matière de copinage et de bâillonnement des institutions démocratiques ont provoqué une grave crise de confiance », de poursuivre Claudette Carbonneau. « Le refus de ce même gouvernement de mettre en place une commission d’enquête sur l’octroi des contrats publics donne des airs de “duplessisme” à un gouvernement qui est au bout de son rouleau ! »
Pour la dirigeante syndicale, l’adoption du projet de loi sur les écoles passerelles, l’annonce à quelques jours de Noël de la construction du CHUM en PPP sur la base d’un rapport secret, la rencontre manquée des partenaires de l’éducation sur la hausse des droits de scolarité et la gestion catastrophique du dossier des gaz de schiste, ne sont que le pâle reflet du mépris des libéraux pour la démocratie politique. « Ce gouvernement a une propension naturelle pour bâillonner le débat. À Ottawa, la longue feuille de route du gouvernement de Stephen Harper en matière d’ultraconservatisme, de décisions unilatérales, d’arrogance et d’opacité inspire un bilan tout aussi sombre. »
Une droite de plus en plus provocante
Crise de confiance et montée du cynisme à l’égard de l’action politique et collective constituent un terrain fertile pour des organisations de droite telles le Réseau Liberté Québec. « Sur des airs de nouveautés, ce réseau ne fait que reprendre les vieux mantras de Thatcher, Reagan et Bush », affirme Claudette Carbonneau. « Les libertés dont ils se réclament ne sont que des “illusions tranquilles” pour l’immense majorité de la population qui n’aura jamais les moyens de s’en prévaloir. Il est grand temps de répondre vigoureusement à ces groupes qui prennent d’assaut la place publique à grand renfort de marketing politique et de remettre à l’ordre du jour la question du bien commun et de l’intérêt collectif », soutient la président de la CSN qui entend en faire un point fort de l’action syndicale en 2011.
Pénible sortie de crise en 2010, austérité en 2011
Malgré la reprise anémique, Québec et Ottawa gardent le cap sur l’austérité budgétaire. En maintenant ses objectifs de baisses d’impôt, particulièrement pour les entreprises, le gouvernement de Stephen Harper se prive de revenus importants. Son penchant bien affiché pour l’industrie du pétrole retarde les innovations de recherche qui permettraient une transition vers les énergies propres. Tout indique que le prochain budget conservateur sera contesté, ce qui devrait conduire à des élections printanières. Avec le budget Bachand, construit selon les préceptes des « lucides » et de la bande des quatre économistes de droite (Gagné, Montmarquette, Fortin et Godbout), la reprise se fera à coups de hache dans les services et les programmes. Ce sont les fondements mêmes de l’État social qui sont remis en question.
Un budget dévastateur
Poursuivant leur travail de démolition, les libéraux de Jean Charest ont opté pour un budget axé sur les compressions et les mesures fiscales à caractère régressif, comme la franchise santé. « Jouant d’une rare malhonnêteté, ils ont poussé l’odieux jusqu’à refiler l’ensemble de la facture aux citoyennes et aux citoyens. Ils ont prétendu assumer 62 % de l’effort budgétaire en se cachant derrière une sous-estimation de la croissance des coûts de système », de poursuivre la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau.
L’avènement de l’Alliance sociale
Pour la deuxième année consécutive, la CSN a fait des finances publiques sa priorité en menant une campagne sur le thème Se donner le Québec qu’on veut. Il fallait augmenter la force de frappe, explique la dirigeante syndicale. C’est dans ce contexte qu’est née l’Alliance sociale, coalition composée des grandes organisations syndicales et étudiantes au Québec, dont les membres travaillent toujours à son élargissement pour rassembler l’ensemble des forces progressistes au Québec. « L’objectif est clair : combattre le discours de la droite et infléchir la trajectoire du prochain budget du Québec », de rappeler Claudette Carbonneau. L’Alliance sociale participera aux consultations prébudgétaires qui débuteront en janvier. Elle prépare aussi un événement d’envergure avant le dépôt du budget. L’année 2011 sera donc marquée par la poursuite de cette lutte.
Une année de congrès
Pour la CSN, 2011 sera aussi une année de congrès. Le 63e Congrès de l’organisation, qui soulignera son 90e anniversaire, aura lieu à Montréal, du 15 au 20 mai. À cette occasion, elle s’engagera dans la promotion d’un véritable pacte social pour le Québec, qui s’appuiera sur trois axes : la lutte aux inégalités, un nouveau modèle de développement et le renouvellement du syndicalisme. Pour la présidente de la CSN, le mouvement syndical doit militer en faveur d’un filet de sécurité sociale et d’un système d’éducation public fort. « Nous savons que 70 % des nouveaux emplois nécessiteront un diplôme d’études postsecondaires et que pour chaque dollar investi en éducation, cinq reviendront dans les coffres de l’État, profitant ainsi à l’ensemble de la société. » L’environnement, le travail décent et des emplois verts de qualité doivent être au cœur d’un nouveau modèle de développement durable qui aura pour socle notre indépendance énergétique et un virage pour une économie faible en émissions de carbone. La CSN veut aussi ouvrir un grand chantier sur le renouvellement du syndicalisme.
Des règlements majeurs
En 2010, deux règlements majeurs ont marqué le monde du travail, soit ceux dans l’industrie de la construction et le secteur public. Une entente historique aura également été conclue entre le gouvernement et les responsables de garde en milieu familial. « Ça me fait chaud au cœur de voir le chemin parcouru par ces femmes courageuses qui ont été les premières à ouvrir la voie à une modernisation de notre législation du travail et des protections sociales qui en découlent. Ça fait plus de 10 ans que la CSN les accompagne dans leur lutte, depuis leur difficile syndicalisation jusqu’à aujourd’hui. Par cette entente, ces femmes viennent prouver qu’on peut réussir à améliorer nos conditions de vie en faisant preuve de solidarité et de ténacité », a déclaré la présidente de la CSN.
Un conflit qui perdure
Le 24 janvier prochain, cela fera deux ans que les travailleuses et les travailleurs du Journal de Montréal seront en lock-out. L’emploi et la qualité de l’information demeurent les enjeux majeurs identifiés par l’assemblée générale du 12 octobre dernier qui avait rejeté à près de 90 % une première offre patronale déposée après plus de 20 mois de conflit. « Nous comptons intensifier nos efforts pour arriver à un règlement négocié qui tarde depuis trop longtemps. À ce jour, plus de 30 000 personnes ont signé notre pétition en ligne pour adhérer à la campagne de boycottage lancée par la CSN et obtenir une modernisation des dispositions anti briseurs de grève de façon à prendre en compte les nouvelles technologies de l’information. J’invite la population a soutenir ces 253 familles en signant sur le site de l’Assemblée nationale la pétition qui presse le gouvernement du Québec d’agir et de ne plus tolérer l’intolérable », de conclure de la présidente de la CSN.