La FTQ, par exemple, avec sa campagne minimum15, a voulu plaire à ses membres qui demandaient une augmentation significative du salaire minimum. Néanmoins, cette campagne, qui peut paraître bien intentionnée, se retrouve être plus proche de la décoration éphémère que de la volonté de changement. En effet, la campagne minimum15 a la « très progressiste » demande d’atteindre un salaire minimum de 14,95$ par heure en mai 2022, soit à peu près assez pour que les travailleurs et travailleuses précaires puissent se payer 2 ou 3 sacs de chips de plus par année.
« Les travailleurs et travailleuses n’ayant pas droit à plus qu’un salaire minimum risible n’ont pas besoin du 15+ en l’an 4000, mais tout de suite ! »
Le salaire viable (salaire qui, selon l’IRIS, « permet de gagner assez d’argent pour satisfaire ses besoins de base et ceux des personnes à sa charge, et de participer à la vie culturelle, politique et économique, en plus de lui laisser une certaine marge de manœuvre en vue de transformer sa situation socioéconomique ») pour une personne seule habitant en 2016 à Montréal est de 15,78$ de l’heure. Ce que la FTQ propose, c’est d’atteindre moins que ce salaire... en 2022 ! Comment peut-on considérer comme légitime une telle revendication ? Elle ne veut pas atteindre un salaire décent, mais plutôt augmenter légèrement le pouvoir d’achat de ceux et celles qui ont besoin d’une amélioration drastique de leur qualité de vie.
De telles « campagnes » ne veulent pas le bien commun, mais seulement se faire du capital politique sur le dos des gens qui combattent pour l’amélioration de leur sort. La FTQ ne veut pas défendre efficacement les droits de la population québécoise, mais camoufler le fait qu’elle traîne du pied au point d’être presque immobile.
Il est du ressort des membres de ces immenses organisations de botter le cul des gratte-papiers frileux pour enfin faire cesser l’insulte en laquelle consiste minimum15 et réellement faire embarquer les syndicats et les organisations de masse dans une vraie lutte pour le 15$/heure. Les travailleurs et travailleuses n’ayant pas droit à plus qu’un salaire minimum risible n’ont pas besoin du 15+ en l’an 4000, mais tout de suite ! La pauvreté, l’endettement, l’impossibilité de dépasser l’horizon de la simple subsistance de sa famille, ce n’est pas en 2022 que ça apparaît, c’est déjà un état de fait.
PS : La FTQ est un exemple de choix pour illustrer cet opportunisme politique, mais il ne faudrait pas croire que la CSN et les autres organisations bureaucratiques soient mieux. Cette dernière a justement pris théoriquement position pour un salaire à 15$/heure, mais n’a aucunement précisé sa position, au point où elle pourrait bien le revendiquer pour 2035, question de jouer le même jeu que la FTQ.