3 mai 2023 | tiré du site de l’IRIS
Le revenu viable 2023 : dans la spirale de l’inflation et des baisses d’impôt
Dans la première partie de cette édition, nous décrivons les seuils du revenu viable tels qu’ils se présentent en 2023 selon la méthode utilisée lors des années précédentes, avec un ajustement relatif à l’évolution de la méthodologie du Dispensaire diététique de Montréal1. Dans la seconde partie, nous examinons les pressions inflationnistes sur le revenu viable 2023 comparativement aux données de l’année précédente. Dans la troisième partie, nous continuons de situer la contribution du revenu viable au suivi des situations de pauvreté par rapport à celle de la MPC, qui s’en tient à la couverture des besoins de base. Le revenu viable permet en effet de décrire un niveau de vie un peu plus élevé qui peut être comparé conjoncturellement au seuil de la Mesure de faible revenu à 60 % du revenu médian (MFR-60), utilisée au Québec pour les comparaisons internationales. Dans la quatrième partie, nous resituons le revenu viable et les diverses mesures de faible revenu dans l’ensemble de l’échelle des revenus. Nous observons comment, en 2020, les mesures fédérales de soutien du revenu des travailleurs et travailleuses ont eu un effet recentrant, bien que ponctuel, sur la distribution des revenus dans la population. Nous examinons aussi l’impact des baisses d’impôt prévues dans le budget du Québec 2023-2024, une mesure inégalitaire qui va priver le Québec de ressources précieuses pour redistribuer équitablement les revenus, ainsi que pour adopter des politiques axées sur l’amélioration de la qualité de vie collective et sur la résolution de la crise climatique.
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Faits saillants
En 2023, le revenu viable calculé pour une personne seule varie entre 27 047 $ (Saguenay) et 37 822 $ (Sept-Îles). À Montréal, il est de 32 252 $ pour une personne seule, en hausse de 2 676 $ (9 %) par rapport à 2022, alors qu’il s’élève à 71 161 $ pour 2 adultes avec 2 enfants en CPE, en hausse de 6 129 $ (9,4 %) par rapport à 2022.
En 2020, les mesures fédérales temporaires de soutien du revenu des travailleurs et travailleuses en temps de pandémie ont été favorables à une meilleure couverture des besoins de base selon la MPC (4,8 % de la population sous le seuil en 2020 comparativement à 8,9 % en 2019) et à un recentrage de la population vers la classe moyenne (55,1 % de la population en 2020 comparativement à 52,1 % en 2019).
À l’inverse, les baisses d’impôt dans le budget du Québec 2023-2024, qui profiteront essentiellement aux ménages à revenus élevés, prennent le relais des aides ponctuelles pour le coût de la vie de 2022, en retirant aux plus pauvres des soutiens encore plus vitaux en 2023 qu’en 2022.
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COMMUNIQUÉ | Revenu viable 2023 : combien faut-il pour vivre dignement dans sept villes du Québec en période d’inflation ?
3 mai 2023
Camille Legault Thuot
Montréal, le 3 mai 2023 – En 2023, il faut entre 27 047 $ et 37 822 $ à un ménage composé d’une personne seule pour vivre dignement, hors de la pauvreté au Québec. L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) publie aujourd’hui la 9e édition du revenu viable pour sept localités et trois types de ménages. Les données de cette année montrent que la hausse prononcée du coût des biens et services essentiels depuis deux ans a des conséquences particulièrement importantes pour les personnes au bas de l’échelle des revenus.
Hausse du revenu viable : les plus pauvres durement touché·e·s par l’inflation
Le revenu nécessaire pour atteindre un niveau de vie exempt de pauvreté a augmenté plus rapidement que l’inflation cette année. En effet, alors que le taux d’inflation officiel est de 6,7 % au Québec, le panier de biens et services qui sert à calculer le revenu viable d’un ménage composé de deux adultes et deux enfants en bas âge a augmenté de 8 % à 12 % selon les localités étudiées.
« Comme l’inflation a été particulièrement élevée dans les secteurs du logement, de l’alimentation et du transport, qui composent la majorité des dépenses des ménages au bas de l’échelle, une simple indexation des programmes de soutien au revenu ou du salaire minimum ne permet pas d’atteindre ou de maintenir un niveau de vie viable en 2023 », déplore Eve-Lyne Couturier, chercheuse à l’IRIS et co-autrice de la note ».
Des politiques gouvernementales qui laissent de côté les moins fortuné·e·s
Bien que la hausse du coût de la vie ait un impact vital sur les ménages à faible revenu, le gouvernement a choisi dans son budget 2023-2024 d’améliorer les revenus disponibles des personnes au sommet de l’échelle en appliquant des baisses d’impôt qui les avantagent durablement. « Il y aurait eu moyen d’agir autrement et de prioriser la protection du pouvoir d’achat des revenus au bas de l’échelle avec un effet positif sur l’ensemble de la société », rappelle Eve-Lyne Couturier.
Les aides financières temporaires versées aux ménages au début de la pandémie ont fait une démonstration intéressante, bien que ponctuelle, de cet effet positif. En effet, le nombre de personnes ne pouvant pas couvrir leurs besoins de base est passé de près d’une personne sur dix en 2019 (8,9 % de la population) à un peu moins d’une personne sur 20 (4,8 % de la population) en 2020. De plus, la part de la population pouvant être considérée comme faisant partie de la classe moyenne au Québec est passée de 52,1 % en 2019 à 55,1 % de la population en 2020, sans perte de niveau de vie pour les ménages plus riches.
Un salaire minimum encore trop bas pour sortir de la pauvreté
Cette année encore, malgré une hausse du salaire minimum que le gouvernement estime généreuse, une personne seule habitant à Montréal et travaillant à temps plein au salaire minimum touche un revenu qui équivaut à seulement 78% du revenu viable. « Pour faire en sorte que “travailler” ne rime plus avec “pauvreté”, il faudrait un salaire minimum à au moins 20 $ l’heure. Alors que le gouvernement consulte pour la prochaine édition du plan d’action requis par la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, les constats contenus dans l’édition 2023 du revenu viable indiquent les chemins à emprunter vers un Québec sans pauvreté », conclut Eve-Lyne Couturier.
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