En effet, l’équipe et le conseil d’administration déplorent la réorientation du gouvernement sur l’unique question du développement économique, évacuant du fait même l’aspect sociétal de la consultation. Plutôt que d’explorer en profondeur les structures et les mécanismes menant à la discrimination des personnes racisées, le gouvernement ne souhaite traiter que les discriminations rendant difficile l’accès à l’emploi. Or, le discours sur la pénurie de la main d’oeuvre et la francisation expulse le problème du racisme et son caractère systémique. Le gouvernement, en ne s’intéressant désormais qu’aux immigrant-e-s dans une optique strictement économique, ignore ainsi l’existence des personnes racisées nées au Québec. Exit les pratiques discriminatoires et racistes dans les milieux de l’éducation, de la santé et des services sociaux, dans la justice et la sécurité publique, dans le monde des arts et des médias.
Il est inacceptable pour DAM de prendre part à une démarche qui exclut la réalité quotidienne et institutionnelle du racisme au Québec. Le ministre Heurtel, dans une rhétorique politicienne inappropriée, souhaite dorénavant mettre de l’avant les « bons coups » liés à la « valorisation de la diversité », alors même que l’intérêt de cette consultation se trouvait dans la capacité à faire ressortir les problématiques profondes pour pouvoir les contrer efficacement. Si, aujourd’hui, le gouvernement retire l’essence d’une consultation sur le racisme et dans le même souffle adopte une loi qui ajoute au fardeau systémique (Loi 62), la population et les organismes sont en droit de poser des questions et d’exiger des réponses.
De plus, la décision du MIDI d’être à la fois le mandataire et le pilote de la consultation constitue une atteinte grave à son indépendance. Aussi, DAM sonne l’alarme face à cette instrumentalisation à des fins partisanes et craint la mise au ban des rapports des organismes qui s’écartent des nouvelles orientations gouvernementales. D’ailleurs, DAM souhaite souligner aussi l’absence de transparence en amont du processus vis-à-vis des organismes mandatés, tout au long de l’évolution politique du dossier. Non seulement les organismes n’ont reçu aucune information du MIDI depuis la sortie publique du 4 octobre dernier de M. Philippe Couillard, remettant en question la tenue de la consultation, mais à aucun moment ils n’ont été consultés concernant le virage de cet exercice qui se devait d’être démocratique.
DAM s’est engagé auprès de ses membres et du milieu en général dans une consultation sur le racisme systémique et ne cautionne en aucun cas sa réorientation. Cependant, son équipe et son conseil d’administration sont déterminés à poursuivre l’exercice indépendamment du gouvernement et envisagent davantage une collaboration avec la CDPDJ qui continuera ses travaux de recherche et d’analyse. Le pôle recherche mis en place récemment au sein de DAM prendra les rênes de cette consultation qui fera l’objet d’une étude. Consultez cette page pour connaître les détails du nouveau processus.
Enfin, compte tenu des travaux amorcés depuis fin septembre pour préparer la consultation, DAM demande le remboursement intégral des frais engagés. Il n’est pas question pour des organismes à but non lucratif déjà largement sous-financés de paupériser leurs moyens d’action.
SOURCE : Diversité artistique Montréal
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