Tiré de MondAfrique.
Il est difficile de dater l’arrivée de Wagner au Mali précisément tant leur présence a donné lieu à des spéculations et des dénis. Officiellement, le ministre des Affaires étrangères a reconnu la présence au Mali d’instructeurs russes en novembre 2021, mais il a toujours réfuté celle d’un bataillon paramilitaire.
L’arbre qui cache la forêt
En septembre dernier, Evguéni Prigojine le patron des « musiciens » a assumé publiquement la paternité de ce groupe. Curieusement, il a ouvert un bureau à Saint-Pétersbourg alors que la loi russe interdit toujours le mercenariat. Les sociétés militaires privées (SMP) liées à Moscou et elles sont nombreuses, au moins 14 dont SEWA maison mère de Wagner, Antiterror-Orel, Shield, PMC, Slavonic Corps, ATK, sont donc toutes logées dans des paradis fiscaux.
Mais les « Musiciens » ont tellement été surmédiatisés, qu’ils ont occulté toutes les autres entreprises de ce type, y compris leur concurrent américain, comme Academy, l’ancêtre de Blackwater, active en Libye aux côtés du maréchal au moins jusqu’en 2021.
1500 mercenaires sur tout le territoire
Ironie de l’histoire, malgré toute l’encre que les mercenaires russes ont fait couler au Mali, il est très difficile de trouver des informations les concernant. Selon des sources fiables, ils sont actuellement 1500 sur tout le territoire, plus nombreux dans le centre du pays, ils sont néanmoins répartis sur tout le territoire, y compris au Nord, dans les camps militaires d’Asongo ou de Menaka.
Twitter est inondé de leurs méfaits. Le troll « Gauthier Pasquet », dont Mondafrique a fait le portrait, annonçait, par exemple, que les Forces armées maliennes (FAMA) accompagnés de Wagner et des Dozos, membres d’une puissante tribu de chasseurs, avaient tué trois personnes à 15 km de Sévaré et avaient emporté le bétail. Mais personne, comme pour beaucoup d’autres informations, n’est en mesure de confirmer ces rumeurs.
Luttes de sérail
En revanche, la collaboration entre la SMP et les FAMA s’avère parfois houleuse. Ainsi en septembre dernier une dispute à propos des conditions de vie dans l’enceinte a tourné à l’affrontement direct entre les deux parties. Résultat, deux morts et sept blessés côté armée malienne.
Leur responsabilité est également avérée lors de l’assaut des troupes maliennes à Moura, dans le cercle de Djenné, en avril 2022, où avec les FAMA, ils avaient mené une opération anti-djihadistes sans discernement. La Minusma n’a jamais été habilitée par les autorités du pays à enquêter sur ce massacre.
Sans doute sur le départ
La complexité des situations du pays, ajoutée à la différence de culture, n’aide pas à l’entente mutuelle. En outre, ils ne sont pas assez nombreux pour remplacer Barkhane, ils ne disposent pas de renseignements, ni de la même logistique, difficile dans ce cadre de faire la différence sur le plan militaire par conséquent la situation sécuritaire se dégrade dans certains endroits du pays. Elle s’améliore dans d’autres, cela n’est pas dû à l’efficacité de la société privée russe mais aux accords locaux passés avec les djihadistes.
En prime, ils sont une cible privilégiée par les groupes armés, en août dernier, le JNIM revendiquait la mort de quatre d’entre eux.
Enfin, leur est prix trop lourd pour les autorités de Bamako. Elles verseraient chaque mois entre 7 et 9 milliards de Francs CFA, soit entre 7 et 9 millions d’euros. Au départ, comme en Centrafrique, Wagner devait se payer sur les ressources du pays et des mines devaient leur être attribuées, mais les négociations n’ont pas abouti.
Autant de raisons qui permettent de penser que les jours de Wagner sont comptés au Mali, ce qui ne changerait pas, pour autant, la coopération entre Bamako et Moscou.
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