Prélude
Cet été, à l’ombre de nouveaux épisodes caniculaires, la démocratie française est morte, les murmures de son agonie étouffés par les chuintements de millions de climatiseurs tournant à plein régime. Laissez moi vous raconter ce drame shakespearien qui a vu le pays des droits de l’homme aveuglé, assassiner ce à quoi il tenait le plus.
Tout a commencé le 9 juin, pour les élections européennes. Enfin, comme vous vous en doutez, cela avait en vérité commencé il y a longtemps, très longtemps … au moment où les politiciens ont compris que l’extrême droite pouvait être un atout pour celui qui voulait s’attribuer le pouvoir sans avoir à s’embarrasser de l’adhésion populaire. À force de jouer sur cette corde, ils ont fini par amener l’extrême droite aux portes du pouvoir, nous obligeant à chaque élection à barricader les portes au détriment de tout autre espoir d’élargir nos remparts.
Acte I
Notre premier acte s’ouvre donc le 9 juin sur une victoire écrasante du fascisme. Le Rassemblement National ne remporte pas seulement les élections européennes, ils obtiennent deux fois plus de députés que les libéraux en deuxième position, et plus que la gauche et les macronistes réunis, c’est un ras de marée. Depuis le temps que les oiseaux de mauvaises augures annonçaient la catastrophe … comme Cassandre personne n’a voulu les croire bien que tous savaient le fond de vérité qu’il y avait dans ces prédictions. Et comme Troie en son temps l’Europe court volontairement à sa perte.
Fort de ce qu’il estime être un soutien populaire massif, Jordan Bardella exige du président une dissolution de l’assemblée nationale qui, selon lui, ne correspondrait plus aux aspiration des français. Je dis « selon lui » car le petit Jordan oublie que seuls 50% des électeurs se sont exprimés lors de ce scrutin. Et là je dois faire une aparté dans mon histoire pour vous présenter le personnage de Jordan Bardella.
Je dirais que c’est un mélange entre Cassius le traître opportuniste dans Julius Caesar et Edmond, l’ambitieux bâtard de Gloucester dans le Roi Lear. Un jeune homme avide de pouvoir mais propulsé par des forces qui le dépassent. Tombé dans le giron de l’extrême droite avant même sa majorité, il est leur petit enfant prodige, formaté jusqu’au bout des ongles pour devenir la parfaite vitrine masquant l’arrière cuisine du fascisme à la française. Costume impeccable, rasé de près, pas un cheveux qui ne dépasse, chaque expression de son visage est contrôlée … dans son propre camp on le surnomme « le cyborg ». Mais c’est avant tout un Iago (l’ingéniosité en moins...), un spécialiste du mensonge et de la duplicité … Depuis qu’il a remarqué que le monde journalistique le laissait dire tout ce qui lui passait par la tête sans jamais vérifier la véracité de ses propos, il s’en donne à cœur joie en alignant les fake news à longueur d’interview, inventant des chiffres et faussant les statistiques dans l’indifférence générale. Tout comme le traître Shakespearien, Bardella se construit un personnage afin de donner le change. C’est sur Tiktok qu’il nous raconte des histoires, se mettant en scène jouant à Call of Duty ou mangeant des bonbons, avec le sous titre « Regardez je suis comme vous les gueux » à peine masqué. Sauf que Jordan Bardella et très loin de ressembler à ses électeurs. A 28 ans, le seul emploi qu’il ait jamais exercé c’est un job d’été dans l’entreprise de papa !
Vous l’avez compris, ce personnage n’est pas très étoffé, en dehors du récit officiel il ne faut surtout pas trop lui en demander en ce qui concerne la politique … il n’y comprend rien ! Interrogez le en profondeur sur l’économie et vous aurez droit à de longs silences embarrassés, et n’essayez surtout pas l’écologie, il ne sait pas ce que c’est. Il aurait pu en entendre parler au parlement européen mais il n’y va que pour faire acte de présence … Avec plus de 70% d’abstention en commission, il a été surnommé par ses collègues Bardé-pas-là !
Peu convainquant n’est-ce pas ? Et pourtant, abrutis par des heures de télévision qui leur rongent leur temps de cerveau disponible, une partie des français s’en contente, le trouvant « beau gosse » comme s’il s’agissait d’élire la dernière star de télé réalité. Quelle tristesse !
Bon, maintenant que notre outsider est introduit, poursuivons ce premier acte … Nous en étions à ce moment étrange où Bardella exige du président de la république une dissolution. Le spectateur, qui a vu Macron n’écouter que sa propre volonté depuis sa prise de pouvoir, rit sous cape, croyant à un effet comique.
Mais patatra, coup de théâtre ! Contre toutes attentes l’Empereur Macron décide pour la première fois de sa carrière de respecter la demande d’une opposition … Il annonce la dissolution de l’Assemblée Nationale. Stupeur. Rideau.
Intermède
Avant de passer au deuxième acte, prenons le temps d’analyser la scène :
Pourquoi macron fait-il le choix de dissoudre l’Assemblée ? Il dira dans un de ses monologues insupportables « J’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. » Retenez bien ce vœux pieu. C’est donc le respect de la démocratie qui pousse le président à remettre en question la situation politique française.
Mais pourquoi à cet instant précis, alors que le Rassemblement National, qu’il a toujours décrit comme son ennemi ultime et en opposition duquel il s’est toujours fait élire, est au plus fort ? Et pourquoi impose-t-il un calendrier aussi serré, le plus serré de notre histoire … il impose de nouvelles élections dans trois semaines, c’est le délai minimum prévu par notre constitution. Le camp libéral argumentera ce choix ainsi : « C’est bientôt les jeux Olympiques, il nous faut un gouvernement stable et représentatif du choix des français avant le début des jeux pour éviter toute instabilité ».
En parallèle de ce discours se voulant raisonnable, le président déclare : « Je leur ai balancé ma grenade dégoupillée dans les jambes. Maintenant on va voir comment ils s’en sortent. » (retenez cette réplique culte, on en reparlera …).
En vérité le but de Macron semble évident : il veut forcer de nouvelles élections en empêchant ses concurrents de faire campagne. Et pour cause, la gauche est totalement divisée … la campagne des européennes qui vient de s’achever a été une boucherie interne. La France Insoumise qui tient le leadership à gauche depuis des années a été victime d’un véritable acharnement médiatique qui a poussé ses alliés de la Nupes à s’éloigner d’eux, voire à participer au lynchage.
Acte II
C’est là dessus que s’ouvre notre deuxième acte : La gauche hors jeu, Macron espère se retrouver de nouveau en duel face au RN et utiliser le barrage républicain pour obtenir la majorité absolue qui lui fait défaut depuis les dernières élections. Il se frotte les mains, aveuglé par ses petites manigances au point d’oublier que son camp vient de prendre une déculottée historique et que le RN est au plus haut. Le spectateur frémit … voyant approcher dans l’ombre de l’arrière scène la bête immonde.
Sur les plateaux télé les libéraux défilent pour répéter leur respect du vote des français … quelques soient les résultats, ils seront obligés de les respecter car ils sont démocrates, insistent ils. C’est à se demander s’ils n’ont pas tout simplement envie de passer la main à l’extrême droite … en tout cas si c’était leur désir ils ne s’y prendraient pas mieux. Qui sait … quand Edouard Philippe, ancien premier ministre de Macron et son allié dans cette nouvelle élection, rencontre en secret Marine Lepen pour un dîner, ne sont ils pas en train de planifier une passation de pouvoir ? Et si le capitalisme était arrivé dans une telle impasse qu’il avait besoin du fascisme pour passer à la vitesse supérieure ?
Moi toutes ces questions m’angoissent un peu et je vous avoue que j’ai vécu ces trois semaines de suspens assez fébrilement.
Mais notre deuxième acte est plein de rebondissements ! Le premier c’est l’alliance inespérée des gauches. Alors qu’on les disait irréconciliables, les quatre principales forces de gauche trouvent un accord en quelques jours et s’allient autour d’un nom qui résonne symboliquement dans l’histoire de la gauche française : le Nouveau Front Populaire (NFP).
C’est principalement la France Insoumise qui paiera la note. Ceux que tous, ennemis et partenaires, traitent à longueur d’interviews de non républicains, dictatoriaux, hégémoniques etc … prennent sur eux de donner une centaine de circonscriptions à leurs amis/ennemis du parti socialiste. En revanche c’est globalement sur le programme de LFI que se battit l’alliance. Il faut dire qu’ils sont les seuls à avoir sous la main un programme détaillé aux financements fléchés et qu’il serait impossible d’en construire un nouveau en trois semaines.
C’est un programme de rupture, avec de grandes réformes économiques telles que l’augmentation du smic, la taxation du capital, le retour d’un impôt sur la fortune … Les sociaux démocrates n’ont d’autre choix que d’accrocher leur wagon à la locomotive anti capitaliste, ça leur a bien réussi aux dernières législatives et ça ne les a pas empêché de trahir leurs engagements aussitôt élus.
Malgré toutes les tentatives des médias enragés par ce rebondissement, l’union des gauches est actée et les dirigeants de parti tiennent bon. On leur tend des micros en les incitant à critiquer leurs alliés, on leur tend des pièges qu’ils déjouent patiemment, trop heureux de démentir ceux qui voulaient enterrer la gauche.
Tel est pris qui croyait prendre … Macron et ses alliés sortent l’artillerie lourde, cette campagne législative sera un festival de désinformation. C’est évidemment la gauche qui est ciblée tandis que le Rassemblement national est étonnamment mis de coté, sauf par les instituts de sondage qui l’annoncent grand gagnant incontestable. Notre ministre de l’économie nous explique que le programme du NFP est marxiste… carrément. Le pauvre ne fait que nous prouver une fois de plus son inculture politique car il n’y a pas la moindre trace de nationalisation dans ce programme. Durant ces trois semaines on a entendu des choses qui seraient hilarantes hors d’un contexte aussi sérieux. On nous promets « le chaos » si la gauche est élue, « la ruine totale du pays », j’ai même entendu chez un influenceur d’extrême droite « des rues pavées de cadavres de blancs ».
Si le petit microcosme politico-médiatique est focalisé sur la gauche et ses dangers, durant les trois semaines de campagne l’extrême droite ne dort pas. Enhardis par leur victoire aux européennes, les militants ont multiplié les agressions violentes, plus d’une par jour recensées par Médiapart. On a aussi eu droit à l’habituel florilèges de candidats improbables. Comme à chaque législative, ils nous ont régalés de profils plus délirants les uns que les autres, de la braqueuse au déficient mental sous curatel. Pour ceux qui préfèrent la comédie à la tragédie, je vous conseille de taper sur Youtube « pires candidats RN » ça vaut vraiment le détour ! Et sinon je vous renvoie à ma dernière chronique qui énumère non seulement les profils problématiques mais également les agressions qui ont eu lieu durant cette campagne des législatives.
Je crois que le climax de notre histoire explose au moment du premier tour, quand le RN arrive en tête avec le meilleur score de son histoire : 10 647 914 voix, contre 9 millions pour le NFP.
Il faut dire que les médias ont bien accompagné cette marche sinistre en prophétisant une victoire écrasante de l’extrême droite et en s’acharnant sur la gauche.
Pour beaucoup d’entre nous se fut un coup de massue. Nous avions bien vu que Macron faisait tout pour asseoir Jordan Bardella à Matignon, mais nous ne voulions pas y croire et l’avènement du Nouveau Front Populaire nous avait donné des ailes. Stupeur et tremblements … Que devions nous faire ?
Moi qui n’hésite pas à critiquer la gauche quand elle cède à ses vieux démons, je dois dire que l’attitude des dirigeants du NFP a été exemplaire. Quelques minutes à peine après les résultats ils annonçaient que tous leurs candidats arrivés en troisième position se retireraient de la course au profit de celui qui devrait affronter le RN. Tous … 130 candidats de gauche renoncent à participer au second tour des élections. Des millions d’électeurs de gauche vont devoir ravaler leurs idéaux pour aller voter en faveur de ceux qui les martyrisent depuis 7 ans ; les macronistes. Certains devront voter pour des gens odieux et dangereux comme Gérald Darmanin ou Aurore Bergé, afin d’éviter l’hégémonie des fascistes. La pilule est dure à avaler, d’autant que c’est avec l’aide des macronistes que le RN en est là. Mais la gauche sait identifier les grands moments de l’histoire et leurs électeurs n’en sont pas à leur premier sacrifice.
Dans le camp d’en face, ceux qui se prétendent démocrates et s’octroient le droit d’exclure tel ou tel parti de l’arc républicain vont être beaucoup moins clairs dans leurs consignes. Aucun discours officiel de chef de parti n’appelle à la formation d’un front républicain grâce à un désistement systématique de leurs candidats. Sur les plateaux télés ça bafouille, Gabriel Attal, actuel Premier Ministre, appelle au : « désistement des candidats d’Ensemble dont le maintien en troisième position ferait élire un député RN face à un autre candidat qui défend les valeurs de la République »
Seulement voilà … ça fait trois semaines qu’ils nous répètent en boucle que l’alliance des gauches n’est pas républicaine et plusieurs années qu’ils ont exclu de l’arc républicain la France Insoumise. Un flou qui sera entretenu durant tout l’entre deux tours, certains membres du camp présidentiel appelant carrément à faire barrage à la gauche !
Ça n’est finalement que 81 candidats de la majorité sortante qui se désisteront , et souvent en donnant à leurs électeurs des consignes plus que nébuleuses. Une dizaine se maintiendront et offriront 9 députés supplémentaires au rassemblement National.
À gauche nous enrageons ! Ils ne jouent pas le jeu … ils détiennent le pouvoir grâce aux voix de la gauche lors d’un énième barrage républicain et à présent que c’est à leur tour de se comporter dignement et de prendre leurs responsabilités ils tergiversent ! Ils n’ont décidément honte de rien … Et après tous les sacrifices que nous avons fait ils viennent encore nous dire que nous ne sommes pas républicains … cet inversement de la réalité peut rendre fou.
Leurs atermoiements se répercuteront sur les résultats du second tour … lors des duels entre le RN et un candidat de la France insoumise pour le NFP, les électeurs macronistes n’ont fait barrage qu’à 43%, 20% choisissant l’extrême droite et 37% préférant s’abstenir et regarder le chaos de loin. Du coté de la droite soit disant républicaine (dont le vice président a appelé à faire barrage à la gauche et dont peu de candidats ont accepté de se désister) c’est pire : 38% de leurs électeurs (une majorité) se sont tournés vers le RN, actant le fait que l’opposition entre gaullistes et pétainistes n’existe plus. Seulement 26% de leurs électeurs ont participé au barrage républicain. J’ai honte pour tous ceux que je connais qui se prétendent encore Républicains en votant pour ces gens.
Chez nous c’est à plus de 70% que nous avons tenu le barrage, donnant souvent notre voix à des gens qui nous pourrissent concrètement la vie depuis des années. Encore une fois ce sont les électeurs de gauche qui tiennent à bout de bras le fameux barrage républicain, ce sont les électeurs de gauche qui empêchent le fascisme de prendre le pouvoir … envers et contre une droite et des libéraux complices.
Le soir du second tour, nous étions tous fébriles … les médias nous avaient largement préparés à une victoire de l’extrême droite, elle était annoncée dans tous les sondages, déjà actée sur les plateaux télé. C’est donc dans une explosion de joie et d’incrédulité que nous avons vu apparaître les premières estimations, l’avance de la gauche était telle que l’estimation la plus haute du RN restait inférieure à l’estimation la plus basse du NFP ; nous étions sûrs et certains de notre victoire ! Cela faisait très longtemps qu’on avait pas vu une telle liesse dans les rues, des gens en larmes se tombant dans les bras, une grand mère et des étudiants chantant en cœur la marseillaise, … C’était beau. Mais la beauté est éphémère …
ACTE III
Macron c’est Coriolanus. Ça n’est pas la pièce la plus connue de Shakespeare mais je vous invite à la lire ou la relire car elle est intemporelle. C’est l’histoire d’un despote qui se prend pour un héros. Un homme qui méprise le peuple et qui, perdant des élections, se vexe et choisit de s’allier aux ennemis de Rome pour y semer le chaos et punir les citoyens de n’avoir pas voulu de lui. La ressemblance avec notre despote à nous est frappante. Au troisième acte Coriolanus fait même une longue tirade dénonçant la faiblesse de la démocratie qui gagnerait à accepter une autorité plus ferme … du Macron dans le texte !
Notre Empereur ne pouvait pas tolérer que son plan machiavélique échoue, son caractère rend impossible une quelconque cohabitation. Il a commencé par se murer dans le silence et nous avons dû attendre plusieurs jours avant qu’il ne daigne commenter le résultats des élections qu’il avait lui même provoquées. Comme le despote de Shakespeare, Macron est un boudeur susceptible …
Quatre jours plus tard il adresse une lettre aux français dans laquelle il nie purement et simplement le résultat des urnes en disant que « personne ne l’a emporté ». Pourtant, moi qui ait appris les mathématiques à l’école publique, il me semble que le nombre 178 (députés) est supérieur au nombre 150 et au nombre 125. Non ?
Mais notre hypocrite président s’appuie sur le fait que personne n’a de majorité absolue (289 députés). Ce qu’il oublie bien vite c’est que son propre camp gouverne depuis deux ans sans majorité absolue … Mais ce qui est valable pour lui ne tient pas pour les autres.
Dans sa lettre il insiste en premier lieu sur le fait que c’est le Rassemblement National qui a obtenu le plus de voix, oubliant là encore de préciser qu’ils ont présenté deux fois plus de candidats que le NFP, ce qui explique cet écart en nombre de voix. À présent que les désistements de la gauche lui ont servi à gratter quelques voix, il fait comme s’ils n’avaient jamais eu lieu.
Mais surtout, ce qui m’interpelle dans le courrier présidentiel, c’est qu’il annonce son intention de se placer acteur et metteur en scène dans la tragi-comédie qu’il nous prépare. Il demande « à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’Etat de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance française, d’engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide » … étant donné qu’il a passé ces deux dernières années à exclure ceux qui ne partageaient pas son opinion du champ républicain … cela signifie qu’il ne s’adresse qu’à ceux qui s’inscrivent dans son cadre.
Sortant immédiatement de son rôle de simple garant des institutions, il pose d’ores et déjà des conditions : « ce rassemblement devra se construire autour de quelques grands principes pour le pays, de valeurs républicaines claires et partagées, d’un projet pragmatique et lisible ». Donc il lui suffit de décréter que le projet proposé par la gauche n’est pas « pragmatique » pour l’écarter. Sauf que ça n’est absolument pas le rôle du président de la République de sélectionner le projet de gouvernement de son choix, à fortiori s’il vient de perdre deux élections consécutives ! C’est à la représentation nationale et aux parlementaires de faire ce choix.
Il termine en déclarant qu’il « Décidera de la nomination du premier ministre » quand les acteurs politiques auront bâti l’alliance qui lui convient. Si notre constitution précise que c’est au président de NOMMER le premier ministre, en aucun cas son rôle est de DECIDER quoi que ce soit concernant l’Assemblée Nationale et le gouvernement. C’est ce qu’on appelle la séparation des pouvoirs.
Le coup d’état institutionnel semble évident mais les médias choisissent encore une fois de regarder ailleurs et se focalisent, pour changer, sur la critique du NFP. Car la gauche peine à trouver un candidat au poste de premier ministre. Aucun des commentateurs ne fera remarquer qu’il est déjà extraordinaire d’avoir été capables de forger une alliance allant des sociaux démocrates aux communistes, de présenter un programme clair aux financements fléchés et de s’accorder sur une stratégie électorale de désistements, le tout en 3 semaines. Non, aujourd’hui ce qui les scandalisent tous c’est que le NFP est incapable de s’accorder sur un nom. Ils oublient évidemment que leurs concurrents n’ont pas non plus de noms à proposer … ils n’ont même pas de programme.
Nous aurons droit à 10 jours de feuilletons, entre Vaudeville et Marivaudage, les médias chroniquent la moindre chamaillerie au sein du NFP, mettant leur loupe déformante sur les négociations et faisant des éditions spéciales pour décortiquer le moindre mal entendu. Après quelques tentatives avortées et deux mésententes, le NFP fini par s’accorder sur le nom de Lucie Castets.
Il est très périlleux d’introduire un nouveau personnage au cœur du troisième acte d’une tragédie. L’acteur devra se mettre au diapason de ses compagnons dès les premières répliques, occuper suffisamment la scène pour que le spectateur retienne son nom, mais être relativement discret pour ne pas apparaître en simple trouble fête. C’est un rôle empoisonné qui échoue à Lucie Castets, d’autant qu’elle est une actrice débutante dans ce théâtre qu’est la politique.
Qui est-ce ? Qui a été capable d’accorder une gauche aussi plurielle ? Moi, je trouve que son profil est idéal. Elle n’appartient à aucun parti, c’est une fonctionnaire qui a travaillé à la direction générale du Trésor puis a présidé la branche dédiée à la lutte contre la fraude fiscale du service de renseignement Tracfin. Elle a fondé un collectif dédié à la défense de nos services publics et elle est membre de l’Observatoire National de l’extrême droite contre qui elle lutte assidûment. Dans sa jeunesse elle était au parti socialiste, mais elle l’a quitté en 2015 car elle était en désaccord avec la politique de François Hollande. De quoi rassurer ceux qui craignent l’avènement d’un nouveau social-traitre. Depuis 10 mois elle est directrice des finances de la mairie de Paris. C’est le seul argument que ses détracteurs trouveront contre elle : la mairie de Paris est endettée ! Quoi ? Une capitale de 10 millions d’habitants accueillant les Jeux Olympiques est endettée ?! Mon dieu mais c’est inacceptable ! Voilà à quoi en sont rendus les macro-lepénistes … Il suffit de leur rappeler que l’agence de notation Moody’s a attribué sa meilleure note de stabilité financière à notre capitale pour leur rabattre le caquet.
Depuis qu’elle a accepté le rôle sacrificiel de la cible à abattre, je trouve que Lucie Castets s’en sort à merveille. Elle évite tous les pièges des journalistes qui, se fichant totalement de politique, ne cherchent qu’à lui faire dire du mal de la France Insoumise. Elle reste calme et mesurée en toutes circonstances, tordant le coup aux procès en hystérie qui visent généralement les femmes politiques et surtout elle reste droite dans ses bottes. Elle défend sans faillir la ligne tracée par le programme de gauche : taxation du capital et des grandes fortunes, revalorisation des services publics, et politiques sociales. Une vraie femme de gauche !
Moi qui craignait qu’on nous sorte un nouveau ventre mou consensuel prônant un changement immobile … me voilà soulagée et galvanisée. Jamais je n’aurais cru que, dans l’état où elle était, la gauche serait capable d’une telle union.
En attendant, nous avons droit à toutes sortes de petites magouilles de la part du camp présidentiel car il faut élire le bureau de l’Assemblée Nationale. Voyant qu’il n’a pas assez de voix pour maintenir ses petits soldats aux postes clés, Macron tord de nouveau le bras de notre constitution : la veille du vote il accepte la démission (jusque là refusée) de l’actuel gouvernement Attal. Ainsi, les anciens ministres peuvent voter en temps que députés. C’est grâce à ces 13 voix que Yael Braun Pivet, macroniste (et sioniste) acharnée conserve la présidence de l’assemblée. Hors les ministres démissionnaires restent en poste, ils continuent à prendre des décisions (comme celle de supprimer 1500 postes de médecins internes.). Ils sont à cheval entre l’exécutif et le législatif dans un cumul de pouvoir que seul le flou de notre constitution leur permet. Mais la presse ne semble pas s’en inquiéter … non eux ce qui les préoccupe c’est que Mélenchon a éternué.
Malgré leurs magouilles, le NFP est factuellement majoritaire à l’Assemblée et cela ressort dans les votes … Yael Braun Pivet se retrouve isolée à la présidence d’un bureau majoritairement à gauche, ce qui me redonne le sourire.
Une fois Lucie Castets désignée, le petit monde politico-médiatique ne peut plus détourner les yeux et ils sont bien obligés de tourner leur regard vers le président. Qu’attend-il ? Lui qui a dissout l’Assemblée dans l’urgence car il était très important de consulter les français pour adapter la politique du pays à leur volonté … Le voilà qui traîne des pieds.
Fuyant les journalistes, il fait l’anguille jusqu’à décréter en petit autocrate une « Trève Olympique ». Rejetant avec dédain la candidature de Lucie Castets, il déclare que, les Jeux Olympes étant sur le point de commencer, l’heure n’est plus à la politique. Ainsi soit-il.
Si vous cherchez la logique d’une trêve alors qu’il avait fait savoir à quel point il était important de régler la situation politique AVANT les JO … mettez vous de son point de vue égoïste. Les JO sont une occasion en or pour un chef d’état de s’attribuer un peu de la gloire des athlètes. Il suffit de sourire, de lever les bras et d’applaudir. Depuis l’antiquité les tyrans ont toujours bien compris l’utilité des jeux pour canaliser la plèbe …
Pendant cet interlude festif, Macron espère avoir le temps de chercher un autre candidat au poste de premier ministre, un qui lui convienne. Car décréter que la gauche n’a pas une majorité suffisante pour gouverner c’est oublier le fait que sa majorité à lui est encore plus restreinte. Il doit impérativement se trouver des alliés. Son premier réflexe est de chercher à sa droite, c’est vers là que tend sa politique. Mais les Républicains sont dans une situation assez particulière … Ces élections les ont divisés, le chef du clan Eric Ciotti est parti en emportant quelques troupes grossir les rangs du Rassemblement National, sous les huées des anciens gaullistes. Ce parti qui a dirigé la France pendant 40 ans en est réduit à faire moins de 5% aux élections présidentielles avec seulement 47 députés. Car macron les a dépouillés, à force de piocher chez eux des ministres et les électeurs les ont définitivement associés à la politique désastreuse en cours. Leurs voix ne seraient pas suffisante au président pour obtenir une majorité, mais elles lui permettraient au moins de prendre la tête sur le NFP. Ce qui octroie aux républicains un poids certains dans les négociations. S’allier officiellement à Macron, ce serait perdre ce précieux levier et se faire absorber par le camp présidentiel. Hors, en l’état actuel des choses personne n’a envie d’être associé au pouvoir en place. Macron est une sorte de lépreux que personne ne veut approcher de trop près. Sa dissolution surprise a été une catastrophe qui a jeté le pays dans le chaos, son bilan politique est désastreux, la dette a explosée et le budget personnel du président a bondi de 8 millions … Il est isolé, même dans son propre camp ses ministres et ses députés lui en veulent d’avoir décidé de dissoudre sans les consulter. Le chroniqueur d’extrême droite Pascal Praud a même déclaré en direct qu’il avait été informé de la dissolution avant le premier ministre, qui ne l’a appris que sur le fait accompli. Dur à avaler
…
Macron a donc besoin de temps s’il veut pouvoir proposer une autre option que celle de Lucie Castet.
Interlude sportif et festif
Les JO ont eu l’effet escompté. Les français s’extasient devant les feux d’artifices et les performances et les médias ne diffusent plus que des sourires béats, nous affligeant de longs reportages sur les français heureux et satisfaits, comblés par l’organisation et la sécurité. Personne ne parle des droits des travailleurs bafoués sur les chantiers olympiques ou des lois liberticides passées en douce au prétexte de la sécurité des jeux. Et si vous avez l’audace d’évoquer ne serait-ce qu’à mi voix quelques nuances … attention ! Vous êtes un vilain trouble fête !
Parmi les couteaux les moins affûtés du tiroir français, j’ai entendu des concitoyens dire : « Finalement on n’a pas besoin de premier ministre, ça fait 15 jours qu’on est heureux ! »
C’est une petite musique que les médias ont distillé assez discrètement ; avons nous vraiment besoin d’un premier ministre ? Nous avons un leader suprême, n’est-ce pas suffisant ? « Et ça ferait des économies de salaire ... » glisse un chroniquer sur la première chaîne TV du pays.
ACTE IV
Seulement voilà, toutes les bonnes choses ont une fin …
Après les JO, Macron se mure de nouveau dans le silence. Les médias à son service tentent quelques suggestions, histoire de voir la réaction des spectateurs. Comment réagirait le public si on lui annonçait que le héros était finalement un figurant. Bernard Cazeneuve ? Ancien premier ministre de Hollande tristement connu pour sa répression des manifestants contre les lois travail … un gauchiste de droite, qui vomit sur le NFP et vendrait sa mère pour un peu de pouvoir, même illusoire. Rire goguenard du parterre de français.
Ou bien le héros de l’histoire pourrait surgir du camp des perdants ? Xavier Bertrand ? Un républicain peu regardant sur ses principes issu du parti arrivé en quatrième position … Jets de légumes avariés sur la scène.
Alors les macronistes dégainent leur arme ultime, usée mais toujours efficace : la peur de la France Insoumise. Cela fait deux ans qu’on nous répéte à longueur de plateaux que LFI est d’extrême gauche (bien que le conseil d’état ait statué le contraire), que ce sont des révolutionnaires couteaux entre les dents, pire ! des islamo-woko-eco-terroristo-femino-gauchistes qui mangent les enfants et sodomisent les chats ! Voilà de quoi terroriser l’honnête ménagère … (et dites vous que j’exagère à peine le trait … nous avons entendu des choses vraiment délirantes à leur propos).
Tout bon républicain, garant de la démocratie et dévoué au bonheur des citoyens se doit de s’opposer à cette horde de sauvages. Alors c’est simple, un gouvernement au sein duquel siégerait des ministres LFI ne saurait être toléré en démocratie, ce serait beaucoup trop dangereux …
La voilà leur dernière excuse et l’opinion publique a été si bien préparée, que ça passe !
Mais c’est sans compter sans notre Propsero … le sorcier Melenchon. Celui qu’on nous décrit comme despotique, un dictateur stalinien obsédé par le pouvoir et qui va pourtant prendre ses détracteurs à leur propre jeu.
Très bien, dit-il. Alors est-ce que le président laisserait Lucie Castets former un gouvernement dans lequel il n’y aurait aucun ministre insoumis ?
Roulement de tambours … Le geste est sublime ! Le parti le plus puissant au cœur de la coalition arrivée en tête accepte comme ultime sacrifice de ne pas participer au gouvernement et renonce au pouvoir. Comment après cela reprocher à la gauche de ne pas faire de concession ? Et au passage cela permet à la France Insoumise de ne pas se mouiller dans un gouvernement bancal. Si Lucie Castets réussit, ce sera grâce à l’abnégation des insoumis … si elle échoue, les insoumis n’auront rien à voir avec la débâcle. C’est brillant ! Et cela explique pourquoi Mélenchon effraie tant nos politiques, c’est un bien meilleur stratège qu’eux tous réunis !
ACTE V
Vous l’avez compris, cette pièce se fera en plusieurs parties, comme l’histoire d’Henri IV de Lancastre le cumul de trahisons et de batailles nécessitera une suite pour que l’on sache enfin qui l’emporte.
À ce jour je n’ai pas de réponse … Ce dernier acte sera donc un état des lieux.
S’imposant arbitre, sélectionneur et joueur Macron a décidé qu’il recevrait en concertation les principales forces politiques et ne nommerait un chef de gouvernement que quand il aurait trouvé une option satisfaisante. Satisfaisante pour qui ? « Pour la stabilité institutionnelle du pays » dit l’homme qui, il y a 3 mois se vantait d’avoir jeté une grenade dégoupillée sur nos institutions. Seulement dès sa première rencontre avec le NFP il a rendu un verdict implacable : il ne nommera pas Lucie Castets, point. Quels sont ses arguments pour justifier qu’il ignore le résultat des urnes ? Il nous dit qu’un gouvernement NFP serait aussitôt censuré par le reste de l’Assemblée. Comment le sait-il ? L’a-t-il lu dans les feuilles de thé ou le marc de café ? Il prétend que les chefs des autres partis lui ont assuré de déposer illico une motion de censure si Castets était nommée.
Je suis sure que vous aussi vous vous dites : « Mais alors pourquoi il ne l’a pas nommée immédiatement ? Elle aurait été censurée dans les 48 heures, de manière totalement démocratique, et la gauche serait hors jeu. Il aurait alors été logique de plaider pour un gouvernement d’alliance plus large. Et tout ceci serait réglé depuis longtemps à l’avantage des libéraux. »
Et oui … c’est évident, si Macron empêche les parlementaires de voter c’est parce que la censure n’est pas aussi assurée qu’il le prétend. Les chefs de partis disent une chose, mais les députés sont chacun libres de leur vote … Eux ne sont pas isolés dans une tour d’ivoire, ils sont régulièrement confrontés à leurs administrés et ont des comptes à rendre aux électeurs … surtout s’ils veulent être réélus. En réalité peu de députés ont un intérêt à bloquer le pays … certains à droite se satisferont de laisser la gauche tenter de gouverner avec un Macron immature dans les pattes tandis qu’eux même préparent les élections présidentielles de 2027. Et si Lucie Castets parvient à se maintenir première ministre, Macron devra attendre un an avant de pouvoir de nouveau dissoudre l’Assemblée Nationale. Une année durant laquelle le NFP pourra abolir sa réforme des retraites et augmenter le SMIC par ordonnance … ils pourront mettre au vote une taxation du capital et un retour de l’impot sur la fortune qui ont toutes leurs chances de passer … Et ça, le petit roi ne le supporterait pas ! Il se fiche bien du fait que les électeurs rejettent massivement sa politique, il est prêt à faire main basse sur la démocratie pour imposer une continuité de ses politiques. Car c’est bien de cela dont il parle quand il évoque « la stabilité » du pays, pour lui il s’agit seulement de la stabilité de son pouvoir ! Le reste … si le chaos est nécessaire pour arriver à ses fins … ainsi soit-il.
Alors il continue son blocage, cherchant désespérément la personne qui lui permettra de gouverner pleinement. Quel dommage qu’il ne puisse se nommer lui même ! Personne ne semble pressé de lui servir de marionnette, même les plus opportunistes jouent les frileux.
Avec des élans de désespoir flagrants, les médias accompagnent leur maître. Ils reçoivent des membres du NFP excédés et leur crache des noms au visage : « Bernard Cazeneuve ! Il est socialiste ! Vous accepteriez ? Dites le ! Vous accepteriez ? …. Karim Bouamrane ? Lui aussi il est vaguement de gauche … et puis il est … enfin vous voyez ce que je veux dire … l’accepteriez vous ??? Répondez !!! »
Face à ces crises d’hystérie médiatiques qui laissent perplexe l’auditoire, les membres du NFP répètent inlassablement : « Notre candidate est Lucie Castets, nous censureront tout autre gouvernement. »
De son coté, l’extrême droite se met particulièrement en retrait, ils ne veulent surtout pas être associés au chaos actuel mais feront tout pour le faire durer, utilisant leur 140 députés pour censurer tout nouveau gouvernement, qu’il soit de gauche ou de droite libérale. Pour eux il faut que l’instabilité perdure jusqu’en 2027 … c’est d’elle qu’ils se nourrissent.
Ça n’empêche pas quelques dérapages … un de leur chroniqueur a qualifié hier sur Cnews Lucie Castets de « sexuellement incorrecte ». Elle est lesbienne … Voilà qui vient nous rappeler la véritable nature de l’extrême droite.
En attendant, cela fait 50 jours que le pays est dirigé par un gouvernement démissionnaire (le précédent record en cinquième république était de 9 jours …). En théorie un gouvernement démissionnaire gère seulement « les affaires courantes », s’assure que la rentrée des classes se passe bien (ce qui n’est absolument pas le cas …), fait en sorte que notre système de santé tourne rond etc … En aucun cas il ne peut appliquer des réformes ou passer des lois. Hors, dans une saisine du Conseil Constitutionnel qui demande à clarifier ce statut, la France Insoumise recense 1300 décrets et arrêtés passés depuis la démission du gouvernement … tous ne concernent pas les affaires courantes. Notre constitution est très claire sur le cumul des mandats, il est interdit d’être à la fois ministre et député, à la fois lié au pouvoir exécutif et législatif. Pourtant ce sont 17 ministres qui continuent aujourd’hui d’exercer leurs prérogatives tout en siégeant sur les bans de l’assemblée. Certains siègent dans des commissions sensées contrôler l’action du gouvernement auquel ils appartiennent ! Et surtout, ce gouvernement ne peut pas être renversé. Le parlement n’a aucune prise sur lui. Et techniquement, rien n’oblige Emmanuel Macron à mettre fin à cette situation impossible. Il peut faire traîner indéfiniment la nomination d’un nouveau premier ministre et garder son gouvernement démissionnaire inattaquable. D’ailleurs un média complice nous a récemment pondu un sondage disant que plus de la moitié des français (sélectionnés pour ce sondage …) étaient favorables à l’idée que Gabriel Attal reste premier ministre. Comme si les élections n’avaient jamais eu lieu.
C’est pour cela que LFI menace le président de lancer contre lui une procédure de destitution. C’est la dernière arme constitutionnelle qui puisse entraver la dérive autoritaire en cours. Évidemment, dans un régime présidentiel comme le notre, le fil de cette arme est émoussé … il est quasiment impossible de destituer un président, cela demande un très large consensus et il faut démontrer une incapacité du chef de l’état à exercer ses fonctions dignement ou une atteinte grave au statut présidentiel. Mais cela aura au moins un avantage : faire tomber le masque du Rassemblement National. L’extrême droite a fait son beurre sur la détestation de Macron, nombre de leurs électeurs sont aveuglés par une haine sans nom envers lui. Si un moyen de se débarrasser définitivement de lui se présente et que le RN refuse de le saisir … ils en décevront plus d’un.
Voici donc l’état de notre scène à la fin de ce cinquième acte. Ça n’est certainement pas le dernier et beaucoup de rebondissements restent à venir.
Macron parviendra-t-il à bricoler une majorité en piochant à droite et à gauche parmi les opportunistes ?
Le NFP saura-t-il résister aux attaques médiatiques ?
Le chef de l’état va-t-il maintenir son blocage durant un an pour pouvoir dissoudre à nouveau l’assemblée ?
Le RN sortira-t-il vainqueur de cette débâcle ?
Et que reste-t-il de notre démocratie ? Un cadavre abandonné sur la scène au moment où tombe le rideau … Car aveuglés par leurs intérêts personnels, les membres de la caste politico-médiatique qui gouverne ce pays viennent d’acter le fait que voter ne sert à rien.
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Nous reproduisons un texte de l’autrice produit durant l’été qui fait aussi état de la situation en France
A TOUS CEUX QUI M’ECOUTERONT
Partie 1
Bonjour à tous ceux qui m’écouteront.
Je voudrais vous faire une confidence en ces temps troublés où les masques tombent : en 2022, au second tour des élections présidentielles, j’ai failli voter pour le Rassemblent National. J’étais tellement en colère de jouer malgré moi à ce jeu insupportable du « Il n’y a pas d’alternative »... Durant toute ma vie d’électrice, je n’ai fait que ça … voter contre. Le seul argument que l’on m’ait donné c’est « Votez pour moi pour éviter l’extrême droite ». Et malgré le nombre incalculable de fois où j’ai renié mes convictions pour faire barrage, le fameux RN n’a cessé de se rapprocher du pouvoir.
J’en ai eu marre.
Je me souviens avoir dit à mes parents : « Ils la veulent Marine Lepen ? Et bien donnons leur une bonne fois pour toute ! Laissons la se décrédibiliser et nous en serons débarrassés ! Mais moi je ne remettrai pas une pièce de plus dans cette machine infernale qui nous fait tourner en rond ! »
Je n’oublierai jamais le silence au bout du fil. C’était le bruit inaudible de la honte et, comme quand j’étais enfant, j’ai compris que j’avais dit une grosse bêtise …
J’ai compris que, malgré ma plutôt bonne éducation, malgré que je me sois toujours intéressée de très près à la politique, la dédiabolisation avait quand même fonctionné sur moi. Moi qui ne regarde pas la télé et prend toujours le temps de lire la presse de tous les bords pour éviter les biais idéologiques … je m’étais faite avoir. J’avais fini par voir Marine Lepen comme un épouvantail aussi inoffensif qu’inutile, fini par croire que ces élus du RN, toujours absents sur les bancs de l’assemblée, ne proposant jamais de loi, n’étaient là que pour toucher leurs indemnités.
Comme je me trompais …
C’est là que j’ai commencé à me renseigner sur ce qu’était REELLEMENT le RN. Ça m’a demandé beaucoup de temps ces deux dernières années car les placards pleins de cadavres sont bien cachés.
Laissez moi vous dire ce que j’ai trouvé :
Le RN c’est d’abord un passif lourd, celui du FN. Aujourd’hui on dit qu’ils ont changé … de nom seulement.
Quand on est pas en accord avec la ligne d’un parti, on le quitte et on fonde son propre parti. Nombreux l’ont fait. Pas Marine Lepen. Elle a choisi de garder l’héritage d’un FN fondé par Pierre Bousquet, un français ayant trahi son pays pour ses ennemis en s’engageant dans la Waffen SS … et par Roger Holeindre, membre de l’OAS … entre autres criminels. Pour les plus jeunes, l’OAS est une organisation terroriste responsable de la mort d’environ deux mille personnes, qui a fomenté un attentat contre le président de la République de l’époque, le général De Gaulle.
En découvrant ça je me suis demandée quel type de personnes pouvaient intégrer un mouvement fondé par des meurtriers ? Devinez …
Parmi les anciens candidats FN on trouve des profils étonnants tels que Jean Holtzer, condamné à 8 ans de prison pour braquage de banque ; ou Jean Marc Maurice qui a reçu pas moins de 6 condamnations pour outrage à agent, vol, escroquerie, banqueroute, travail dissimulé et abus de bien sociaux. Jean Marie Lechevalier, condamné pour subordination de témoin dans l’affaire du meurtre de son directeur de cabinet ; ou Marc Georges, agression par balles ; ou Emilien Bonnal coupable de meurtre … tant qu’à faire ! Jacky Codevelle, incendie criminel ; Joel Klein, coups et blessures ; Marc Georges, blessures par balles ; Pascal-Bernard de Leersnyder condamné pour actes de torture sur un enfant de 5 ans ; Pierre Van Dorpe, blessures par balles ; Roger Fabregues, trafic de drogue ; Sylvain Ferrua, proxénétisme ; Yannick Lecointre, trafic de drogue. Le pire étant sans doute Raynald Liekens, condamné pour le meurtre d’une juive. Il a déclaré au tribunal : « Elle était plus gentille avec moi que personne ne l’avait été jusque-là. Mais, quand j’ai appris qu’elle était juive, j’ai décidé de la tuer car les juifs sont les ennemis de la race blanche ».
Le parti de l’ordre et de la sécurité disent ils.
Je vous passe toutes les condamnations vénales : abus de biens sociaux, fraude électorale, détournement de fonction etc … et les condamnations morales, incitation à la haine, menaces, négationnisme, apologie de crimes contre l’humanité etc, etc … La liste est si longue qu’il nous faudrait des heures pour la lire.
Je rappelle juste ce que les médias oublient trop souvent : Le Rassemblement National est le seul parti de France à avoir été associé par 2 fois au terrorisme islamiste.
Claude Hermant, célèbre figure identitaire lilloise proche du RN et ayant fait partie de leur service de sécurité, est aussi l’homme qui a fourni les armes à Amedi Coulybali pour l’attentat de l’hyper cacher en 2015.
Jean Claude Veillard, un ancien candidat RN, est aujourd’hui poursuivi par le parquet national anti terroriste. On lui reproche d’avoir participé au financement de Daesh à hauteur de 5 millions d’euros, un petit backshish accordé à l’organisation terroriste en échange d’une aide administrative pour le bon fonctionnement de l’usine Lafarge en Syrie.
Mais où en étions nous ? Ah oui ! Le parti de l’ordre et de la sécurité …
Voilà. Ils ont changé disiez vous ? Feriez vous confiance à quelqu’un qui a commis pléthore de meurtres, vols, violences sous prétexte qu’il a changé son nom et promet de s’être assagi ? Moi non.
Mais ont-ils vraiment changé ? De stratégie, peut-être … aujourd’hui les moutons noirs sont mis au placard, relayés aux arrières cuisines et reniés publiquement quand malgré les précautions, ils se font prendre. Ne restent en vitrine que les multiples condamnations pour abus de biens sociaux, emplois fictifs, la dernière il y a quelques semaines à peine pour escroquerie. Rien de plus que la droite traditionnelle, nous disent leurs militants. En tout cas, pas officiellement …
Car toutes les taches ne partent pas au lavage.
Faisons ensemble un petit tour des candidats qui se présentent aux législatives pour le Rassemblement National :
– Tolassy Rody, candidat en Guadeloupe a frappé une opposante en 2022. La politique du dialogue … connaît pas !
– Julien Odoul, figure emblématique du parti, ironisait en riant sur le suicide d’un agriculteur « Est-ce que la corde est française ? » demande-t-il sans honte. L’empathie, connaît pas non plus...
– Julien Rancoule, candidat dans l’Aude, adresse quand à lui à deux députées avec qui il est en désaccord un message explicite disant « Va faire la soupe, salope. »
– Stephanie Alarcon, qui se présente dans la 3eme circonscription de Haute Garonne, base son argumentaire pro russe sur des fake news, affirmant que c’est l’Ukraine qui a déclenché la guerre et la finance grâce à un marché de vente d’organe … le complotisme décomplexé ! Elle propose aussi de « lyncher à la barre à mine » des délinquants. Quel programme !
– Pour René Lioret, qui se présente en Côte d’Or, la solution serait plutôt « Une balle dans la tête ». Au regard des déclarations particulièrement racistes de cet antivax climatosceptique, on devine qui seront ses victimes privilégiées...
– Dans la famille des complotistes, nous avons aussi Sophie Dumont, candidate en Cote d’or, connue pour ses dérapages anti sémites qui relaie l’étrange théorie disant que Brigitte Macron serait … un homme ! Ou que l’Ukraine serait « le plus grand fournisseur d’enfants pour réseaux pédophiles ».
– Agnes Pageard, candidate à Paris semble partager ses obédiences car, en pleine invasion de l’Ukraine elle déclarait sans ironie : « Un président comme Poutine ça fait rêver » ! Et cette charmante dame d’ajouter : « Je suis forcément antijuif et antisémite » au cas où ce n’était pas clair.
– Ou encore Christophe Bentz qui veut « réhabiliter la notion de race » car selon lui « hiérarchiser les races est un travail scientifique » … oui oui … quand on vous dit qu’ils se sont éloignés de leurs racines nazies.
– Julie Apricena elle, militait sous pseudonyme au Bloc Identitaire, une organisation néo-nazie bien connue des services de sécurité intérieure. Des photos d’elle arborant un T-shirt au message plutôt explicite « White pride worldwide – Fierté blanche mondiale » défraient la chronique. Elle plaide l’ignorance de la jeunesse. Vous aussi vous avez été jeune ? Portiez vous par hasard des t-shirt suprémacistes ? … Aujourd’hui Julie est secrétaire générale du groupe RN au conseil régional du Centre Val de Loire.
– Ludivine Daoudi elle, a carrément dû retirer sa candidature après avoir posé fièrement avec une casquette de sous-officier SS, arborant une croix gammée. Tant qu’à faire …
– Dans le même style distingué, Thomas Lutz, candidat dans le Doubs lâche un « Untermenschen » en plein conseil régional. Cette célèbre expression nazie signifie « sous homme ».
– Joseph Martin déclare carrément que « le gaz a rendu justice aux victimes de la Shoah ».
– Jean Pierre Templier, candidat dans le Loiret rajoute, au cas où nous n’aurions pas compris l’orientation du parti : « Partout dans le monde les juifs nous dirigent ».
– Gilles Bourdouleix, candidat en Maine et Loire, estime quand à lui que « Hittler n’en a peut-être pas tué assez », en parlant des gens du voyage.
– Louis-Joseph Pecher, candidat en Meurthe et Moselle, écrivait récemment sur son compte twitter : « Juif qui parle, bouche qui ment » … mais n’oublions pas que c’est la gauche qui est antisémite, hein ! La gauche ... ils l’ont dit à la télé.
– Cela dit le RN, comme nous l’assure ses dirigeants, est ouvert à différentes cultures, la preuve avec Monique Becker, candidate dans les Pyrénées Atlantiques qui rend hommage au dictateur espagnol Franco.
– Marine Christine Sorin elle, nous affirme que « Toutes les civilisations ne se valent pas ». Voilà qui a le mérite d’être clair …
– Antoine Oliviero, candidat dans le Morbihan appartient au groupuscule néonazi ultra violent l’Oriflamme, qui prône une vision très racialiste de la société.
– Philippe Chapron, qui se présente dans le Calvados, a fait partie du GUD et d’Ordre Nouveau, célèbres groupuscules néo fascistes connus pour leur violence et dissous par la sécurité intérieure. En 93 la police l’avait épinglé pour port d’armes illégal, dont 26 pioches destinés à des ratonnades.
– Frederic Bocatelli, candidat dans le Var a écopé de 6 mois de prison ferme pour violences en réunion avec armes. « Sales nègres » a-t-il lancé à ses victimes avant de faire usage contre elles d’une arme à feu. Il a également tenu jusqu’à récemment une libraire antisémite et négationniste.
– Florent de Kersauson, qui qualifiait de « faux breton » un enfant métis arborant le drapeau de la Bretagne, est quand à lui un sévère récidiviste. Condamné en 2020 à 100000 euros d’amende pour manquement à ses obligations professionnelles dans une société, il a été condamné il y a quelques mois à 5 ans d’interdiction de gestion d’entreprise pour une longue série de délits financiers. Il ferait un bon ministre de l’économie, non ?
– Ma préférée est sans doute Annie Bell, candidate en Mayenne, qui a carrément organisé avec son époux une prise d’otage à la carabine dans la mairie de Ernée. Une sombre histoire de faillite mal vécue... pour la gestion des émotions, on n’est pas prêts au RN.
Je vous passe les cas désespérés comme la candidate fantôme du Loiret que personne n’a jamais vue et n’apparaît même pas sur les affiches, ceux incapables d’aligner deux mots, ou carrément sous curatelle pour déficience mentale comme Thierry Mosca dans le Jura. Embarrassant ...
Pour saisir l’ampleur du désastre, notons que Roger Chudeau, pressenti par Jordan Bardella pour devenir ministre de l’éducation nationale s’il venait à obtenir une majorité, a déclaré en direct qu’il était dangereux que des binationaux puissent accéder à des postes de hauts fonctionnaires. Il a pris pour exemple le cas de Najad Vallaud Belkasem, qui aurait favorisé ses origines marocaines en instituant des cours d’arabe dès le CP du temps où elle était ministre de l’éducation nationale. Ce qui est une pure fake news … un mensonge, déclamé en direct pour justifier un racisme totalement décomplexé ! Voilà nos futurs ministres si le RN obtient le pouvoir.
Mais personnellement, ça n’est pas tant les délinquants en col blanc qui m’effraient … c’est plutôt les militants. Durant ma petite enquête, j’ai découvert tout un monde de violence soigneusement dissimulé sous une couverture médiatique qui préfère poser sa loupe sur les délinquants originaires des cités. Des groupuscules se revendiquant du nazisme ou fascinés par le djihadisme au point de prôner un « Djihad blanc » soutiennent ouvertement le parti de Marine Lepen. Ces groupes, surveillés de près par les services de la sécurité nationale, recrutent parmi la jeunesse, voire l’extrême jeunesse comme le groupe Waffenkraft, fondé par un ancien gendarme néonazi qui avait enrôlé plusieurs mineurs de 14 à 17 ans afin de commettre des attentats visant des lieux publics ou encore Jean Luc Mélenchon. « Aller dans la rue butter des cafards » … « Faire un maximum de victimes » disent à leur procès ces enfants endoctrinés. L’accusé principal se dit proche des idées de Viktor Orban. Tout comme Marine Lepen …
Les mieux informés d’entre vous ont peut-être senti le vent monter ces dernières années, une note de la DGSI avertissant le gouvernement d’une recrudescence historique des projets d’attentats d’extrême droite et une présence inquiétante du nombre de membres de nos corps armés parmi ces terroristes ; ou encore des boucles Telegram révélées dans la presse où des militants d’extrême droite projettent de s’armer pour une guerre civile imminente et s’entraînent mutuellement dans une morbide escalade dans leur empressement de « tuer du bougnoule et du gauchiste » quand leur idéologie aura enfin pris le pouvoir en France.
Je sais que parmi vous il y a des républicains de longue date qui sont parfois perturbés par les débats houleux avec leur fils, leur petite fille ou leur neveu gauchiste invétéré. Mais aucun d’entre vous ne souhaite qu’ils soient pris pour cible par des chasseurs d’opposants ultra violents. N’est-ce pas ? C’est pourtant ce qu’il risque d’arriver. Car ne vous y trompez pas, l’extrême droite, c’est ça. Ça n’est pas moi qui le dit, ce sont nos institutions républicaines. Suite à une récente demande, le classement des partis politiques a été étudié par notre Conseil d’Etat qui a rendu une décision sans appel : le parti de Marine Lepen est bien classé à l’extrême droite du spectre politique du fait de ses liens étroits avec ces groupuscules violents et révolutionnaires ou parfois royalistes … toujours anti républicains. En revanche la France Insoumise est classée à gauche et non à l’extrême gauche, comme nos dirigeants et nos médias le répètent à l’envie. L’extrême gauche suppose une opposition au système républicain, alors que le programme de LFI est réformiste dans le cadre des institutions. Alors pourquoi même notre président prétend le contraire ? Je vous laisse y réfléchir par vous même … moi, en digne républicaine, je me conforme aux décisions de notre plus haute institution juridique.
Si vous pensez que les militants violents à l’extrême droite sont minoritaires et seront écartés, dites vous qu’ils sont plus de 1300 fichés S et que gravitent autour d’eux un nombre incalculable de sympathisants qui n’attendent qu’une chose pour se radicaliser : la validation institutionnelle de leurs obsessions xénophobes. Il suffit de regarder ce qu’il se passe dans nos rues depuis la victoire Jordan Bardella au parlement européen.
– Le soir même, 4 hommes fêtant cette victoire commettent une agression homophobe, rouant de coups un innocent dont le seul crime était une orientation sexuelle différente de la leur. Lors de leur interpellation, ils déclarent « vous verrez quand Bardella sera au pouvoir, quand Hittler reviendra (…) Dans trois semaines on pourra casser du PD autant qu’on veut ». Sans commentaire …
– Deux nuits plus tard, à Avignon, un incendie criminel ravage une boulangerie. Avait été écrit précédemment sur la devanture « Nègre, PD, dégage. ».
– Une semaine plus tard à Thiais, un chauffeur de bus scolaire qui reprochait à un conducteur d’être garé à sa place, empêchant les enfants de descendre en toute sécurité, est violemment agressé par le conducteur qui déclare : « J’en ai marre des gens comme vous, bougnoules et renois, moi je vote RN, je vais te tuer, je vais te massacrer, je vais vous éradiquer ! » avant de le percuter avec son véhicule.
– Deux jours plus tard, lors d’une manifestation contre la montée du front national à Nancy, des membres de l’action française blessent un jeune homme à la tête à coup de ceinturons.
– Le lendemain, à Toulon, un militant RN bouscule et menace violemment une personne handicapée.
– Deux jours plus tard, à Lyon, une cinquantaine de militants d’extrême droite déferlent dans le vieux quartier en faisant des saluts nazis et en se gargarisant d’être bientôt « au pouvoir ». Ils s’attaquent aux clients d’un bar, l’un d’eux est passé à tabac à coup de chaînes de vélo, ils jettent des chaises sur des passants en hurlant des slogans racistes et suprémacistes.
– En Gironde, le 22 juin, plusieurs militants tractant pour le NFP porte plainte pour diverses agressions de la part de personnes se disant « supporter de Bardella », l’un d’eux reçoit un coup de tête dans le visage, accompagné d’une sinistre menace « On va vous écraser ».
– Le 23 juin à Montpellier, des centaines d’habitants du quartier Boutonnet se réunissent et défilent pour dénoncer les multiples agressions de groupuscule d’extrême droite semant la terreur parmi la population.
– Dans les Haut de Seine, une députée écologiste rapporte que des militants du RN insultent et menacent une dame âgée.
– A Maison Alfort, c’est vêtus de noir qu’un groupe d’hommes débarque sur le marché local pour mettre un coup de pression à leurs opposants en train de tracter pour les législatives. Une femme reçoit plusieurs coups.
– À Perpignan une médecin reçoit une lettre de menace lui reprochant sa couleur de peau et lui suggérant de vendre sa maison à une famille « de bons français de souche » car « dès le mois de septembre nous allons effectuer un nettoyage impitoyable et virulent du quartier afin d’en restaurer l’atmosphère catalane d’antan. » Dès le mois de septembre ...
Je vous épargne les innombrables signalements pour des propos racistes ou homophobes lancés en toute décomplexion et parfois accompagnés de sinistres « Bientôt vous dégagerez », « Vous verrez quand Bardella sera au pouvoir » … Ces petites agressions du quotidien qui nous semblent anodines car elles ne laissent aucune trace sanglante, mais néanmoins, la violence est là et les blessures restent.
Cette énumération est bien évidemment non exhaustive et ne concerne que le mois de juin … Mediapart recense au moins un acte de violence raciste par jour où les mis en cause font directement référence au RN, depuis leur victoire aux européennes.
Mais cela nous permet de constater l’absurdité du discours du Rassemblement National qui nous promet un regain de l’ordre et de la sécurité. Quel Ordre attendre d’un parti qui se complet avec des groupuscules ultra violents ? Quelle sécurité quand, alors même que leur accession au pouvoir n’est qu’une éventualité, leurs militants oublient déjà les lois qui régissent notre société pour imposer par la force leur domination sur l’espace public.
Car surtout, ne nous y trompons pas, c’est bien ça le véritable but de l’idéologie d’extrême droite : s’imposer à notre espace public et mettre la main sur tout ce qui fait société. Il suffit de regarder ce qui se passe en Europe dans les pays où elle est au pouvoir. Dans la Hongrie de Viktor Orban, le modèle de Marine Lepen qui lui apporte son soutien à chaque élection, la première loi après la prise de pouvoir concernait la liberté de la presse. En France le RN nous promet une privatisation de l’audiovisuel publique qui mettra à coup sûr un terme au pluralisme culturel et permettra de dégager les journalistes peu complaisants des antennes. Après la culture, ils s’attaquent à l’éducation en cédant les universités publiques à des instituts privés qui, évidemment, partagent leur vision de la société et y adaptent les programmes. Quand les enseignants se mettent en grève suite à la censure et la réécriture des manuels scolaires, c’est une occasion d’attaquer le droit de grève et le syndicalisme (encore un point commun avec les ambitions de Marine Lepen). Ceux qui continuent à s’opposer au rouleau compresseur sont évincés, c’est la fameuse technique de l’épuration des institutions, nul besoin de modifier les lois, il suffit de mettre la pression sur les fonctionnaires réfractaires qui partiront d’eux même pour la plupart. En contrôlant les médias, l’éducation et les institutions étatiques, ils empêchent ainsi le discours d’opposition d’arriver jusqu’à l’espace social. Et la démocratie peut suivre son cours … nul besoin d’instaurer une dictature pour être réélu, comme Orban, depuis 14 ans.
En Italie, une connaissance m’explique que la tactique insidieuse de l’extrême droite touche tous les citoyens :
« Tu te dis qu’en étant blanche et hétérosexuelle, tu es tranquille et qu’à toi ils ne feront rien … me dit-il. Détrompe toi ! C’est un système mafieux, le pouvoir en place étend une influence tentaculaire sur tout le pays en favorisant leurs partisans à des postes clés sur tout le territoire. C’est ainsi que même au fin fond de ta campagne tu te retrouves empêché de vivre par un maire qui te refuseras ton permis de construire ou un policier qui rechigne à régler une querelle de voisinage sous prétexte que tu es un peu trop gauchiste à son goût. »
Alors chacun lisse imperceptiblement ses aspérités pour rentrer dans le moule et pouvoir vivre sa vie le plus tranquillement possible. Se sont des petits renoncements du quotidien qui, mis bout à bout, entèrent une nation.
Il y aurait encore tant de choses à dire sur les risques que représentent le RN au pouvoir … Mais soyons clairs, si après avoir entendu cette énumération de faits glaçants, vous continuez à voter pour ce parti … c’est que cela vous convient. C’est que l’idéologie nazie, la xenophobie, l’homophobie et la violence de rue vous conviennent. Dans ce cas, je crois que je n’ai rien de plus à vous dire …
Je préfère m’adresser aux républicains, aux gaullistes qui subsistent malgré tout et n’abandonnent pas leurs valeurs, aux modérés, aux libéraux et aux centristes. Pour avoir parlé avec certains d’entre vous, je comprends que vous êtes ballottés entre deux voix qui ne vous plaisent pas, et je compatis. Bienvenue au club, voudrais-je vous dire, moi qui toute ma vie n’ait connu que ça. Le barrage républicain, pour certains d’entre nous est une morbide habitude … Si vous voulez bien écouter les conseils d’une habituée, je crois qu’il faut mettre de coté ses répugnances et ses préjugés pour observer en détail et avec une froide objectivité les risques de chaque option. Nous venons d’évoquer ceux de l’extrême droite, nous nous tournerons vers la gauche pour la seconde partie de cette état des lieux.
À suivre …
A TOUS CEUX QUI M’ECOUTERONT
Partie 2
A ceux qui ont écouté la première partie de mon état des lieux, je vous en ai promis une seconde centrée sur la gauche, la voici :
En discutant avec certains d’entre vous qui ne partagent pas mon opinion, j’ai compris beaucoup de choses. Notamment que la gauche avait un examen de conscience à faire. Quand cet orage sera passé, nous devrons nous interroger sur les raisons qui ont fait que le vote populaire ait pu migré à ce point vers l’extrême droite, sur le fait que la gauche soit devenue pour certains un tel repoussoir qu’ils préfèrent se tourner vers les héritiers du nazisme. Et ces questions, nous devrons nous les poser dans le miroir, sans chercher de boucs émissaires. Et je m’adresse ici à mes camarades qui rechigneraient aujourd’hui à glisser un bulletin libéral dans l’urne pour un énième barrage. Nous avons forcément une part de responsabilité dans ce désastre, comme tous les autres camps politiques. Alors participer encore au barrage républicain que nous avons tenu à bout de bras toute notre vie n’est-ce pas aussi une manière d’assumer nos responsabilités ?
J’ai demandé à beaucoup de gens de me faire pour la gauche une liste similaire à celle que je vous ai faite sur le Rassemblement National. Personne, je dis bien PERSONNE n’en a été capable. Je ne dis pas que la gauche est parfaite, ce serait absurde, je dis simplement que les critiques habituellement faites à la gauche manquent de factuel. Les nombreuses accusations d’antisémitisme, par exemple, sont toutes restées dans le tribunal populaire, car la justice française n’a pas trouvé de preuves tangibles pour les étayer.
Le seul profil que j’ai trouvé à gauche qui peut poser problème est celui de Raphael Arnault, candidat pour le Nouveau Front Populaire à Avignon. En effet le jeune homme est fiché S pour son affiliation au mouvement de défense pour la Palestine. Je ne vais pas m’interroger sur les raisons pour lesquelles cette information, censée être limitée aux services de police, a fuité, ni rappeler aux gaullistes les positions historiques de leur Général sur le droit à exister du peuple palestinien, ça n’est pas le sujet. Il est vrai que ce profil est problématique pour beaucoup. Il s’agit du fondateur du groupe « la Jeune Garde Antifasciste » connu pour être assez violent.
Un de leurs militants a été condamné en 2020 pour une bagarre dans un bar contre des membres d’un autre groupe fasciste. Car oui … c’est ce qui est intéressant chez les dangereux groupuscules d’extrême gauche, ils ont tous été créé en miroir d’un groupe néonazi ou néofasciste. C’est pourquoi ils se font toujours appeler « antifas », car leur existence ne tient qu’à celle de ceux auxquels ils s’opposent. Sans fascistes, pas d’antifascistes. D’ailleurs, si j’ai pu trouver des faits de violence, du plus loin que j’ai cherché il s’agit toujours de violences envers des groupes fascistes. Jamais envers des passants au hasard ou selon leur couleur de peau. Et aucun meurtre … contrairement aux militants RN qui, le 19 mars 2022 tuaient de trois balles dans le dos le rugbyman Federico Aramburu, qui avait osé s’interposer alors qu’ils insultaient une personne de couleur. Ce n’est que le dernier meurtre en date, malheureusement …
Alors non, il est évident que les militants de gauche n’ont rien à voir avec les militants d’extrême droite. Si demain, Jean Luc Mélenchon devenait premier ministre, personne n’aurait à craindre d’être agressé par un militant écologiste à grand coups de coquelicots ou insulté par un homosexuel qui vous menacerait d’une lame si vous refusiez de partager ses orientations. Soyons sérieux ! On nous parle souvent de poubelles incendiées et de vitrines brisées sur les trajets des manifestations. C’est vrai. Ça arrive fréquemment et c’est dommage. Personnellement, bien que je ne ressentes pas une empathie tenace pour les familles des vitrines blessées, je trouve ces dégradations absurdes et nuisibles. Mais il ne me semble pas que les responsables de ces dégâts aient revendiqué une affiliation au Nouveau Front Populaire, comme c’est le cas pour les agresseurs racistes du mois de juin, qui se revendiquent ouvertement pro RN.
Le lien que l’on fait entre la gauche et les dégradations urbaines est un postulat. Il est peut-être crédible mais il n’est pas factuel. Et puis, sincèrement, si vous n’arrivez pas à faire la différence entre un bris de verre et une vie brisée, entre un objet et un être humain, alors c’est que la situation est bien plus grave que je ne le pensais.
La gauche s’est aussi, bien évidemment, des personnalités clivantes … pour ceux qui n’auraient pas reçu le mémo. Mais combien de preneurs d’otages ? Combien de braqueurs de banques ? Combien de sorties racistes de la part des candidats du NFP ??? Aucun il me semble. Et je demande à ceux qui prétendent le contraire de bien vouloir d’abord en apporter la preuve.
Alors oui, on peut s’étendre encore des heures sur Mélenchon qui crie trop fort, Mélenchon qui parle mal aux journalistes, Mélenchon qui ne réfléchit pas souvent avant de l’ouvrir et puis … j’ai entendu dire qu’il mangeait les enfants. En attendant ses deux condamnations judiciaires l’ont été pour « rébellion et provocation » et pour l’utilisation sans consentement de La Marianne asiatique, une peinture murale de l’artiste français Combo sur une affiche de campagne. C’est déjà trop, on est d’accord ! Mais on est loin des casiers judiciaires de Marine Lepen ou de certains fameux républicains … n’est-ce pas ?
Qu’est-ce qui vous fait le plus peur : des gens qui fraudent des millions de fonds publics et financent le terrorisme ou un monsieur fâché qui crie trop fort ?
Cela dit, Mélenchon a beau être une figure embarrassante pour la gauche, rappelons qu’il n’est ni chef de parti, ni candidat à une quelconque élection, ni responsable de quoi que ce soit au sein du NFP, où il ne participe même pas aux réunions décisionnaires qui se tiennent entre chefs de partis. Il n’est élu qu’au poste honorifique d’égérie médiatique. Et c’est justement parce qu’il est clivant que les médias se l’arrachent. N’oublions jamais que notre système médiatique et motivé par des arguments financiers. Si on reproche souvent aux journalistes leur servilité envers tel ou tel camp, il s’agit le plus souvent d’une simple bataille pour grapiller notre temps de cerveau disponible et le transformer en revenus publicitaires. Le dieu que servent nos médias c’est le buzz, le clic, le sensationnel, le terrifiant … Mais en réalité il n’y a absolument aucun risque que Jean Luc Mélenchon devienne premier ministre. Je le répète ou c’est bon ?
La gauche c’est aussi des dissensions et des incohérences. Personnellement, le désaccord en politique me paraît plutôt sain tant qu’il reste constructif, ce qui n’est pas toujours le cas, je dois bien le reconnaître. J’ai comme vous tous suivi les feuilletons médiatiques qui nous ont chroniqué les conflits passionnels entre les dirigeants des partis de gauche. Ça vaut n’importe quelle telenovela ! Mais quand je regarde en détail leurs votes à l’assemblée ou même au parlement européen, je constate que finalement, les différents partis de la gauche française ont très souvent des votes similaires. Leurs principaux désaccords se font en général sur des postures politiques, les manières de gérer la communication et les polémiques. Vu le tapage qu’on en fait je suppose que ça a quand même son importance, mais moi personnellement, ce qui m’intéresse c’est avant tout les valeurs de base. Et je crois que les partis alliés du Nouveau Front Populaire partagent certaines valeurs communes telles que l’économie redistributive, l’importance des politiques sociales, l’humanisme, les rôles primordiaux de l’éducation et de la culture dans notre société, et l’écologie. Tant que ces lignes là sont respectées, moi je veux bien tolérer les débats internes et externes, ils me semblent même nécessaires.
Mais je m’égare car la question du jour n’est pas là. La question est : qu’est-ce qui est le plus à craindre entre l’union des gauches et l’extrême droite ? Imaginons que vous êtes seul dans une ruelle sombre et qu’arrive au loin un groupe de gens que vous sentez hostiles à vos intérêts personnels. Qui seront les plus dangereux ? Le groupe de gens qui crient très fort et s’engueulent entre eux pour savoir si oui ou non il est pertinent d’agresser l’abri de bus voisin … ou le groupe de gens qui marchent en rang en faisant résonner leurs bottes sur le pavé et promettent de tuer ou de déporter ceux qui ne seraient pas d’accord avec eux ??? Moi j’ai fait mon choix …
Ceux qui mettent un signe égal entre la gauche et l’extrême droite se trompent, et leur erreur pourrait détruire des vies. Et pas nécessairement des vies étrangères … bien que ça me coûte de devoir en venir à des arguments individualistes, sachez que parmi les victimes des régimes d’extrême droite, on trouve en premiers lieux les femmes, qui subissent les politiques natalistes et les régressions de leurs droits. C’est ce que l’on peut constater dans tous les pays dirigés par l’extrême droite. Vous connaissez tous des femmes, si vous n’en êtes pas une vous même. Les enfants sont aussi parmi les victimes des réformes scolaires et universitaires visant à contrôler les corps et les esprits, quand ils ne sont pas enrôlés dans les guerres absurdes qui ont tendance à coller aux bottes de ces régimes patriotiques. Vous connaissez tous des enfants. Que préférez vous pour eux ? Un avenir dans un régime totalitaire ou une chute des cours boursier suite à une peur du fantasme islamo-gaucho-woko-femino-ecolo-bobolchevik ?
A ce sujet, ceux qui pensent ou se sont laissés convaincre à l’idée que le programme économique du front populaire est marxiste et inapplicable se trompent … et ce n’est pas moi qui le dit mais plus de 300 économistes professionnels qui se sont engagés derrière ce programme. Que personne ne se vexe, mais moi je préfère accorder ma confiance à Ester Duflo, prix Nobel d’économie, qu’à des économistes amateurs qui se sentent pousser des ailes après avoir lu un article de 20 lignes dans Challenges.
Non, le programme économique du NFP ne va pas détruire le monde … Bruno Lemaire nous promet le contraire car son poste est en jeu, il ne faut pas être naïfs !
Et de toutes façons, au regard des résultats de ce premier tour, vous aurez sans doute constaté qu’il est MATHEMATIQUEMENT impossible que le Nouveau Front Populaire obtienne une majorité absolue à l’Assemblée Nationale. L’application stricto sensu de son programme n’est donc pas une hypothèse probable. Pas plus que la menace d’un Jean Luc Mélenchon premier ministre !
Alors qu’est-ce qui vous paraît le plus risqué ? L’éventualité d’une période chaotique où aucun parti n’obtiendrait la majorité, ce qui les ferait peut-être tous réfléchir sur leurs propres compétences … ou bien un virage radical à l’extrême droite parce que « on n’a pas encore essayé » ? Enfin pas depuis les années 40 … J’ai jamais essayé de me sécher les cheveux dans mon bain non plus … il y a peut-être une raison si on évite de faire certaines choses, vous ne croyez pas ?
Mais si je prends tout ce temps aujourd’hui pour vous confier mes états d’âme et vous demander, vous supplier peut-être même, de voter contre le RN quitte à le faire aussi contre vos convictions, ça n’est pas pour que vous renonciez à vos valeurs au profit des miennes. Gardons chacun ce qui nous anime et continuons d’échanger sur nos désaccords pour faire évoluer notre citoyenneté. Si je vous demande cela, c’est pour que nos enfants ne grandissent pas dans un état autoritaire, nationaliste, voire fasciste. Je demande la même ouverture d’esprit à mes camarades de gauche qui auraient à choisir entre un candidat d’extrême droite et un macroniste ou un républicain. Moi même, dans ma circonscription j’ai ce choix douloureux à faire. Et je n’hésiterai pas une seconde. Parce qu’au delà de mes opinions sur la taxation du capital, la place de la culture, de la santé ou mes espoirs en matière d’écologie, je ne veux pas qu’un pays comme le mien bascule du coté sombre de l’histoire. La France ce n’est pas juste MON pays, le pays que j’aime … c’est un phare pour beaucoup d’autres nations, c’est un leader culturel, c’est le cœur battant de l’Europe. Cette Europe au bord du gouffre ne tiendra pas si la France cède. Car partout sur le continent l’extrême droite rode, s’approche du pouvoir en se hissant sur les crises économiques et les obsessions médiatiques. Que se passera-t-il si une coalition fasciste ceinture notre Europe et que tous ces partis, passés par la dédiabolisation pour arriver au pouvoir, s’entraînent les uns les autres vers les recoins les plus sombres de leur idéologie ? Je ne veux pas le savoir. Je crois que nous le savons déjà …
N’oublions pas notre histoire.
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