La commission a été formée à l’initiative du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), mais elle en est indépendante. Elle est composée de 14 personnes aux horizons très divers. Au terme de sa tournée, le 23 novembre, elle rédigera un rapport contenant à la fois des observations et des recommandations. Celui-ci sera soumis aux gouvernements fédéral et québécois avant leurs budgets prévus pour mars 2013. En Mauricie, la commission était représentée par Jean Trudelle, qui était, jusqu’en juin 2012, président de la Fédération nationale des enseignants et des enseignantes du Québec (FNEEQ-CSN), Shirley Roy, professeure titulaire au Département de sociologie de l’UQAM et responsable du Collectif de recherche sur l’itinérance, la pauvreté et l’exclusion sociale, ainsi que Dolores Durbau qui est engagée depuis plusieurs années dans le milieu communautaire à Montréal.
Diane Vermette, coordonnatrice du Comité logement Trois-Rivières, qui a organisé l’audience de Shawinigan en collaboration avec le FRAPRU, estime qu’un des problèmes qui devrait attirer l’attention des commissaires est l’incapacité de payer d’une large partie des locataires dans une région où le taux de chômage est présentement de 9,2 % et celui d’aide sociale de 10 % : « Lors du recensement de 2006, 15 900 ménages locataires payaient plus de 30 % de leur revenu en loyer dont 6 315 plus de 50 %, ce qui ne peut se faire qu’au détriment de leurs autres besoins essentiels. Or, le coût moyen du logement a, depuis ce moment, augmenté de 16,7 % à Shawinigan et 15,4 % dans la région métropolitaine de Trois-Rivières.
Mme Vermette s’est dite particulièrement préoccupée de ce qu’elle appelle « l’explosion du nombre d’évictions pour non-paiement de loyer » : « En l’espace de cinq ans, de 2006 à 2011, le nombre de causes déposées par des propriétaires pour non-paiement de loyer a augmenté de 41,5 % aux deux bureaux mauriciens de la Régie du logement. À Shawinigan, seulement, la hausse a été de 48,3 %, alors qu’elle a été de 39,4 % à Trois-Rivières. Que signifie la sécurité d’occupation, qui est un élément essentiel du droit au logement, dans un tel contexte ? »
Le droit au logement passe par des gestes concrets
Jean-Claude Laporte, organisateur au FRAPRU, estime que les gouvernements, tant fédéral que québécois, doivent faire davantage assurer le respect et la mise en œuvre du droit au logement et de tous les droits qui y sont reliés : « Peut-on considérer que les gouvernements consacrent le maximum de leurs ressources disponibles au respect de ce droit quand ils ne financent conjointement que 2 500 nouveaux logements sociaux à l’échelle du Québec ? Ne reconnaissent-ils pas que 6500 ménages ont des besoins impérieux de logement dans la seule région de Trois-Rivières et que ce nombre s’élève à 261 000 pour tout le Québec ? »
C’est la raison pour laquelle le FRAPRU demande au gouvernement péquiste de Pauline Marois de non seulement respecter son engagement d’augmenter le nombre de logements sociaux financés annuellement à 3000, mais d’augmenter substantiellement cette cible, dès son premier budget.
Quant au gouvernement fédéral, M. Laporte se dit « estomaqué » qu’il n’accorde au Québec que moins de 58 millions $ par année pour la construction de nouveaux logements sociaux et la rénovation domiciliaire : « Jamais au cours des dix dernières années, le gouvernement fédéral n’a-t-il accordé des sommes si minimes au Québec pour aider les personnes et les familles aux prises avec des problèmes de logement. Et le pire, c’est que la situation pourrait s’aggraver si le gouvernement Harper continue de refuser de prolonger les subventions à long terme qu’Ottawa accorde depuis des décennies aux logements sociaux existants. Ces subventions se termineront graduellement dans les prochaines années, ce qui pourrait notamment avoir des conséquences sur l’accessibilité financière du parc actuel de logements sociaux.
Il souligne que la fin des subventions à long terme du gouvernement fédéral affectera à terme 3 446 logements de type HLM en Mauricie, de même que 267 logements coopératifs et un nombre probablement encore plus grand de logements gérés par des organismes à but non lucratif.