Au cinquième paragraphe, il affirme que « les pétrolières sont loin d’être largement subventionnées... ». Pour preuve, il cite un texte de M. Chiassin, un recherchiste de l’IÉDM qui est tellement déconnecté de la réalité qu’il ignore qu’il n’y a jamais eu de moratoire légal au sujet des gaz de schiste dans les basses terres du Saint-Laurent. Pourtant le FMI (Fonds monétaire international) affirme que les subventions pour les énergies fossiles atteignent 10 millions de dollars par minute et qu’elles drainent 5300 milliards $ en fonds publics au niveau mondial. Entre le FMI ou l’IÉDM, lequel est le plus crédible ?
Je ne peux que rêver à ce que ces subventions pourraient générer comme richesse et comme emplois si elles étaient investies dans les énergies vertes. Au lieu de ça, M. Kelly-Gagnon propose une politique de « laisser-faire » économique extrême : ce que l’extrême-droite américaine appelle le « trickle down theory ». Selon cette théorie, si le 1 % des extrêmement riches a beaucoup, beaucoup d’argent, il y aura quelques miettes qui se rendront jusqu’au bas-peuple.
Aussi bien pour le Plan nord québécois que pour le pétrole albertain, M. Kelly-Gagnon croit qu’avec « un environnement normal, elle [l’industrie extractive] saura rebondir ». Est-ce que cela veut dire qu’il faut avoir un taux de redevances ridiculement bas, que le gouvernement doive payer les routes et les autres infrastructures ? Ou comme l’affirme le rapport du Vérificateur général, que le contribuable moyen doit payer le milliard et demi de dollars pour décontaminer les sites miniers orphelins ? Avec ce genre d’environnement économique douillet, n’importe quelle industrie peut générer des profits ! Mais y a-t-il un bénéfice pour les Québécois, les Albertains ou les Canadiens ? Un climat propice pour l’industrie, d’accord ; mais il faut que ce soit également gagnant-gagnant pour notre société. La thèse de M. Kelly-Gagnon, en fait, apparaît plutôt mitigée suite à un récent article qui affirme que le Québec a plutôt perdu 1,4 milliard de dollars en douze ans dans l’exploration minière et généré à peine 4 % environ sur les 44 milliards de dollars de valeur brute des minerais extraits.
Durant les années cinquante, durant la grande noirceur, on a sévèrement blâmé Duplessis pour avoir vendu notre minerai de fer à « une cenne la tonne » ! Mais, au moins, il exigeait que les compagnies minières paient pour les infrastructures. Contrairement à M. Kelly-Gagnon, à M. Chiassin et à l’IÉDM, je n’ai pas la prétention d’être un économiste. Tout ce que j’ai, c’est mon intelligence et mon gros bon sens ! Vendre à rabais une matière première non-renouvelable sans transformation secondaire et tertiaire, c’est une vieille idée du XIXe siècle. Ça crée très peu d’emplois. Et ça laisse toutes les économies qui tolèrent ces idées rétrogrades à la merci des fluctuations des marchés mondiaux. Dans un article intitulé « Le pari perdu » paru récemment dans Le Devoir, on nous dit que le gouvernement Harper paie aujourd’hui le prix de son obsession pétrolière.
Si les industries extractives sont incapables de fonctionner sans des milliards en subventions - en plus d’obtenir la ressource au prix du XIXe siècle (serait-ce le prix établi lorsque la loi des mines a été promulguée en 1881 ?) et de refiler la facture de leurs contaminations à nos gouvernements - , ces dinosaures économiquement inadaptés ne méritent pas de survivre. Je rappellerai au président de l’IÉDM que Darwin appelle ça « Survival of the fittest ».