Édition du 24 septembre 2024

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États-Unis

Trump prêt à sacrifier des dizaines de milliers de personnes

Donald Trump conduit les États-Unis vers une perte totale de contrôle de la pandémie de coronavirus, une évolution qui entraînera des dizaines, voire des centaines de milliers de morts et de nouvelles destructions sociales et économiques.

Objet : Tiré du site du NPA, 12 mai 2020
Dan La Botz

Le 10 mai, les États-Unis comptaient 1,3 million de cas connus et 78 763 décès officiels tandis que 40 millions de personnes, soit 24,9% de la population active, sont au chômage. Avec le plan de réouverture de Trump le mois prochain, le nombre de morts augmentera et l’économie pourrait pratiquement s’effondrer.

« La Maison Blanche a rejeté les recommandations »


Trump a mis fin aux directives fédérales pour lutter contre les coronavirus telles que la distanciation sociale et a confié la responsabilité aux gouverneurs des différents États, suggérant qu’ils pourraient rouvrir si leurs États remplissaient certaines conditions préalables, surtout une baisse des nouveaux cas. Déjà plus de la moitié des États prévoient de lever de nombreuses restrictions et de commencer à rouvrir l’économie, même si les critères ne sont pas réalisés.

Les experts de la santé prévoient que la réouverture entraînera une augmentation des cas et des décès. Avec la réouverture des États, l’Institut de mesure et d’évaluation de la santé de l’Université de Washington a doublé son estimation antérieure et prévoit maintenant qu’il y aura près de 135 000 décès aux États-Unis au début du mois d’août. Selon un autre chercheur éminent, le nombre de morts aux États-Unis pourrait atteindre 350 000 à 1,2 million.

Les Centres pour le contrôle des maladies (Centers for Disease Control) des États-Unis ont préparé des directives détaillées pour la réouverture, y compris des recommandations pour les programmes de garde d’enfants, les écoles, les groupes religieux, les employeurs avec des travailleurs vulnérables, les restaurants et les bars et les transports en commun. Mais, comme l’a rapporté le New York Times, « la Maison Blanche et d’autres responsables de l’administration ont rejeté les recommandations au motif qu’elles étaient trop normatives, violaient les droits religieux et risquaient de nuire davantage à l’économie... ».


Trump est en campagne

L’alternative – plus de tests, plus de recherche de contacts, une approche plus progressive – signifierait moins de décès, et serait préférable, mais aussi peu susceptible de relancer rapidement l’économie et certainement pas avant novembre. Trump n’est donc pas intéressé.

La réouverture est liée à la campagne présidentielle de Trump. Il a besoin d’une économie forte pour être réélu en novembre et pour gagner, il est prêt à sacrifier des centaines de milliers de vies. Pourtant, il est clair que sa stratégie de réouverture devrait entraîner, dans un mois peut-être, une deuxième vague d’infection, donc une augmentation des cas et davantage de décès, ce qui pourrait entraîner davantage de fermetures d’entreprises. La politique de Trump peut non seulement prendre des centaines de milliers de vies, elle pourrait également frapper l’économie dans le processus et, dans cette hypothèse, ironiquement, Trump pourrait échouer à se faire réélire.

Mark Zandi de Moody Analytics écrit : « Une deuxième vague sérieuse de virus serait l’aliment d’une récession cataclysmique à double creux [en forme de W, NDLR] et de ce qui serait probablement considéré comme une dépression économique. » Il pense également que dans les meilleures conditions, c’est-à-dire le développement d’un vaccin au milieu de 2021, « l’économie ne sera pas en plein essor et complètement rétablie avant le milieu de la décennie ». Le vaccin est effectivement essentiel, mais sur la base d’une comparaison avec le temps qui a été nécessaire au développement d’autres vaccins tels que ceux pour le SRAS et le VIH, certains ont suggéré que nous pourrions avoir un vaccin peut-être dès août 2021 ou bien beaucoup plus tardivement fin 2036 !

La dépression est déjà là

En fait, la deuxième grande dépression est déjà là. Quelque 30 % des petites entreprises ont fermé leurs portes et la plupart des autres fonctionnent à bien moins que leur capacités. Les aides d’un montant total de 3 000 millards de dollars – trop petites, mal gérées et pleines d’iniquités – ne peuvent pas sauver les économies locales et les petites entreprises. Annie Lowry, du magazineThe Atlantic, écrit : « Aux États-Unis, des millions de petites entreprises se débattent et des millions sombrent. La grande disparition des petites entreprises est là, et elle changera le paysage du commerce américain, augurant d’une croissance plus lente et de moins d’innovation à l’avenir. »

Alors que la présidence de Trump devient chaque jour plus autoritaire, tout cela signifie qu’il n’y aura pas de retour à la normale et que la lutte entre le capital et le travail se déroulera sur un terrain complètement nouveau. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une restructuration de l’économie pour les gens, pas pour les profits.

Traduction Henri Wilno

Dan La Botz

L’auteur est un professeur d’université américain et un militant de l’organisation socialiste Solidarity.

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