11 octobre 2021
À la veille de la 26e conférence annuelle mondiale sur le Climat (COP26), la principale menace qui pèse sur l’évolution du climat, la biodiversité et les conditions de vie de l’humanité n’est pas le climato-scepticisme, de plus en plus rare, mais le climato-optimisme des partisans d’une transition en douceur vers un mythique capitalisme vert. L’ouvrage de Legault, Theurillat-Cloutier et Savard présente une argumentation solide contre les mythes qui nous empêchent de voir plus loin que les beaux discours des Trudeau, Biden, Macron et compagnie.
Ces mythes nourrissent la stratégie des secteurs les plus accommodants du mouvement écologiste, axée sur un dialogue stérile avec les grandes entreprises et les gouvernants plutôt que sur l’identification lucide des blocages institutionnels. Cette pensée magique verte contamine aussi les discours et les débats des partis de gauche et des partis verts. On le retrouvait notamment dans le Plan de transition produit par Québec solidaire pour les élections de 2018 et dans le projet de plateforme présenté en septembre en vue des élections de 2022.
Dans la première partie de leur ouvrage, les trois auteurs démontrent en dix courts chapitres que le capitalisme n’est pas une question d’attitude ou de culture mais un système ; et que ce système est profondément incapable de respecter les limites de la biosphère. La compétition globale pour l’accumulation et le profit - et par conséquent la croissance à tout prix comme l’exploitation des personnes et de la nature - ne sont pas des accidents de parcours mais des aspects inévitables de notre système économique. Par conséquent, la lutte pour limiter l’ampleur de la crise climatique et assurer une transition juste et démocratique doit forcément être anti-capitaliste.
La deuxième partie de l’ouvrage présente une défense de la perspective écosocialiste, fondée sur la propriété collective des principaux moyens de production et la planification démocratique. En bref, ils offrent des pistes de réponse à la question de l’alternative à ce système écocidaire.
Pour la troisième et dernière partie, ils développent une vision stratégique qui cherche à rassembler trois différents fronts de lutte : 1) le développement de communautés résilientes et de réseaux économiques alternatifs, 2) la résistance des mouvements sociaux mobilisés face aux industries fossiles et à leurs projets, 3) l’action politique partisane et la lutte pour la conquête du pouvoir de l’État. Le point faible de l’ouvrage me semble être la question de l’articulation entre ces trois fronts de lutte et la nécessité d’organiser l’action des écosocialistes en vue de les faire converger, à l’échelle nationale et internationale.
Cette partie de leur réflexion me rappelle une contribution que j’avais apportée au site Carnets rouges, justement co-animé par Alain Savard, un des auteurs du nouveau livre. http://carnetsrouges.net/reflexions-sur-la-transition/. Je terminerai donc en rappelant la conclusion de mon texte de 2017 : “En raison du caractère forcément inégal et éclaté de ces multiples fronts de lutte, l’organisation des socialistes est une nécessité vitale. Ce sont les militantes et les militants qui voient dans chaque lutte sur chaque front une avancée possible vers le socialisme qui devront exprimer par leur travail politique l’unité de fait de ces différents aspects de la transition. Et cette unité est souhaitable dès maintenant. Le capitalisme ne va pas disparaître par lui-même ou par accident. Il faudra le pousser hors de la scène de l’histoire par un effort collectif, délibéré et déterminé.”
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