Posez la question autour de vous.
À part le vague souvenir d’une effigie sur un billet de banque de 50 $, en supposant que ce genre de billet circule fréquemment, qui saura, à l’exception des initié(e)s, que Thérèse Casgrain a façonné l’Histoire des femmes durant tout le XXe siècle ? Qui saura qu’elle a milité pour le salaire minimum des femmes et lors de la longue bataille des femmes au Québec pour obtenir le droit de vote ? Qu’elle a été la première cheffe d’un parti politique au Québec en 1951, la branche québécoise de l’ancêtre du NPD ? Qu’elle a été candidate à plusieurs reprises au Québec et adversaire politique de Maurice Duplessis ? Qu’elle a fondé la Fédération des femmes du Québec ? Qu’elle a fait des représentations sur la scène internationale et qu’elle a milité pour la paix ?
L’engagement militant et politique de Thérèse Casgrain est impressionnant et cette lettre ne serait pas assez longue pour lui rendre l’hommage qu’elle mérite. Pourtant, elle a été rayée de la mémoire collective en 1990 par Brian Mulroney et en 2010 par le gouvernement de Stephen Harper, et ce, en catimini.
Mais venons-en aux faits, Monsieur Harper. Ni vous ni vos prédécesseurs du Parti conservateur ne le direz jamais publiquement, Thérèse Casgrain est effacée de l’Histoire du Canada pour des raisons idéologiques. Non seulement madame Casgrain, femme de gauche québécoise, est à l’opposé des idées conservatrices, mais elle symbolise aussi ce que le Parti conservateur tente de ralentir, paralyser année après année : l’émancipation des femmes.
En tant que premier ministre conservateur, vous démontrez, monsieur Harper votre volonté de faire reculer ce qui pourtant permet l’égalité entre tous et toutes. Vous avez successivement abandonné le programme national de garderies, retiré le droit des femmes de la fonction publique fédérale de se tourner vers les tribunaux pour avoir une équité salariale, aboli plusieurs programmes fédéraux qui venaient en aide aux femmes, réduit de 37 % le budget de Condition féminine Canada, permis à vos députés de relancer le débat sur l’avortement pour le criminaliser. L’ensemble de ces actions et décisions conservatrices converge systématiquement dans le sens de reculs importants pour les femmes.
Mais « nous » ne sommes pas dupes. Malgré cette disparition symbolique, nous sommes toujours vivantes afin de reprendre le flambeau pour « faire » l’Histoire différemment !