Comment se décline l’enjeu du travail invisible dans différents milieux, et où en sont les revendications pour faire reconnaître ce travail et le sortir de l’ombre ? Rassemblant des militantes féministes et des intellectuelles engagées sur ces questions, cet ouvrage collectif entend remettre le sujet du travail invisible à l’ordre du jour politique tout en proposant des pistes de réflexion et de mobilisation concrètes.
Des textes de Stella Adjokê, Sandrine Belley, Sonia Ben Soltane, Annabelle Berthiaume, Jenn Clamen, Hélène Cornellier, Irène Demczuk, Myriam Dumont Robillard, Claudia Foisy, Monica Forrester, Elizabeth James, Elene Lam, Widia Larivière, Valérie Lefebvre-Faucher, Linda Li, Camille Robert, Annabelle Seery, Valérie Simard et Louise Toupin.
Conférencière, chroniqueuse radio et collaboratrice à HistoireEngagée.ca, Camille Robert est candidate au doctorat en histoire à l’UQAM. En 2017, elle a publié Toutes les femmes sont d’abord ménagères : Histoire d’un combat féministe pour la reconnaissance du travail ménager (Somme toute).
Enseignante retraitée de l’UQAM, Louise Toupin est l’auteure du Salaire au travail ménager : Chronique d’une lutte féministe internationale (Pluto-Press, 2018 ; Remue-ménage, 2014). Elle est également coauteure des anthologies Québécoises Deboutte ! (1982-1983), La pensée féministe au Québec (2003) et Luttes XXX (2011).
Le présent recueil s’intéresse plus particulièrement à un certain nombre d’aspects du travail invisible effectué par des femmes aujourd’hui au Québec, et cela à partir des enjeux féministes soulevés durant les décennies 1970 et 1980. Plusieurs féministes s’étaient alors mobilisées pour rendre visible et politiser ce travail, compris comme l’ensemble du travail gratuit effectué par des femmes à l’intérieur des familles et, plus largement, dans le domaine de la reproduction sociale : milieux communautaires, secteurs d’emploi traditionnellement féminins, travail de soin, affectif et sexuel, travail et production des femmes en agriculture, etc. Il n’est pas exagéré de dire que toute la décennie 1970 fut traversée dans le monde féministe par cette question, par les chauds débats qu’elle suscita, et par les discussions sur les formes de mobilisation et les revendications à mener.
Pourquoi partir des questionnements de cette époque pour traiter des différents aspects du travail invisible aujourd’hui au Québec ? Parce qu’on a assisté, et cela depuis plusieurs années, à ce qu’il faut bien appeler la mise sur la touche de ces enjeux dans les revendications féministes, [...] l’ensemble du mouvement des femmes ayant plutôt préféré investir ses efforts dans l’accès des femmes au marché du travail ainsi que l’obtention de congés parentaux et de services collectifs facilitant cet accès. On opta pour la stratégie de la « conciliation famille-emploi », laissant la négociation des revendications concernant le travail familial aux arrangements privés entre partenaires, au « partage des tâches ». Le mouvement des femmes au Québec (comme celui de la plupart des pays) ne fit pas du travail invisible, domestique et de reproduction un enjeu collectif de lutte, laissant du fait même un impensé en matière de reproduction sociale. — Camille Robert et Louise Toupin, extrait de l’introduction.
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