Le reportage de Radio-Canada du 19 juillet révélait que Pétrolia n’avait pas avisé la Ville de Gaspé d’un important dépassement de la limite permise d’explosivité du méthane près du puits d’exploration Haldimand numéro 1, même si les règles environnementales provinciales exigent de le faire. Ce taux d’explosivité atteignait 73 % alors que la limite tolérée est de 10 %.
Devons-nous être surpris de cette attitude de la part de la pétrolière et du laxisme du ministre de l’Environnement du Québec, David Heurtel, dans ce dossier ?
Rappelons que depuis 1860, 960 puits de pétrole et de gaz ont été forés au Québec. En 2014-2015, le Plan d’action du gouvernement pour l’inspection des puits inactifs du Québec (1), auquel ont contribué l’AQLPA, le CMAVI et des équipes de personnes citoyennes, a permis de répertorier et d’inspecter une centaine de puits sur les 700 inactifs au Québec. Le constat ? Plusieurs puits montraient des signes de contamination, principalement des fuites de méthane, gaz à effet de serre (GES) très nocif pour la santé et l’environnement. Malheureusement, le rapport d’inspection de cette centaine de puits n’a jamais été rendu public par M. Pierre Arcand, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN).
D’autre part, selon un communiqué (2) émis le 27 avril 2017, une nouvelle étude scientifique menée par la Fondation David Suzuki et l’Université St. Francis Xavier conclut que « les émissions de méthane du secteur de la fracturation hydraulique du gaz et pétrole en Colombie-Britannique sont au moins 2,5 fois plus importantes que les estimations du gouvernement. » Le communiqué précise en outre ce qui suit : « le méthane est un gaz à effet de serre 84 fois plus puissant que le dioxyde de carbone. Les scientifiques s’entendent pour dire que le méthane est responsable de 25 % des changements observés dans le climat de la Terre, ce qui fait de ce gaz une priorité absolue en termes de lutte aux changements climatiques. »
Par ses lois et subventions, le gouvernement Couillard encourage et favorise les énergies fossiles. Le gouvernement a adopté sous le bâillon en décembre 2016 la Loi sur les hydrocarbures (3) et en mars 2017 la Loi modifiant la Loi sur la qualité de l’environnement (projet de loi 102) (4). Par ces lois, le gouvernement permet et facilite l’exploration et l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste dans tout le Québec. De plus, le Québec vient de verser, à partir du Fonds vert, 20 millions de dollars à la compagnie Gaz métro pour qu’elle étende son gazoduc qui transporte du gaz « naturel », qui comporte en fait un pourcentage non précisé de gaz de schiste obtenu par fracturation, provenant en majeure partie des États-Unis et du reste du Canada.
Les citoyens et citoyennes de Gaspé et de tout le Québec ont raison de s’inquiéter de l’indulgence du gouvernement envers des entreprises gazières et pétrolières qui contreviennent à ses lois et règlements. Comment les citoyens et citoyennes peuvent-ils-elles avoir l’assurance que leur environnement, leur eau et leur santé seront protégés alors que le gouvernement se ferme volontairement les yeux sur l’état des centaines de puits déjà forés au Québec et légués à nos générations futures ?
Lise Houle
Membre du Collectif Moratoire Alternatives Vigilance et Intervention (CMAVI)
25 juillet 2017
(1) https://mern.gouv.qc.ca/energie/petrole-gaz/document/FaitsSaillants-PuitsInactifs.pdf
(2) http://www.davidsuzuki.org/fr/medias/communiques-de-presse/2017/04/communique---petrole-et-gaz-de-schiste-les-fuites-de-methane-ont-ete-grandement-/
(3) http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-106-41-1.html
(4) http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/Infuseur/communique.asp?no=3665
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