Les membres du PQ n’ont pas élu Martine Ouellette qui s’est classée bonne dernière durant les deux courses à la chefferie. Ils n’ont pas élue celle qui défendait un programme de transition environnemental et un plan de développement des ressources naturelles. Non l’heure n’est pas aux rêveries mais au pouvoir. Ils ont même accepté de reporter la question de la souveraineté à une date incertaine, à un possible second mandat, en bonne partie parce qu’ils n’ont plus de stratégie souverainiste, mais également parce qu’ils ne veulent pas engager un débat qui les oblige à décliner ce que signifie la souveraineté. Mais une telle concession oblige une réussite. Lisée doit obligatoirement gagner l’élection, et nous ne pouvons douter qu’il saura utiliser tous les moyens possibles, il en va de sa survie politique. Et au PQ les chefs perdants ne font pas long feux.
Croire que dans ces circonstances Lisée sera disposé à laisser des comtés gagnables à un adversaire, notamment QS est totalement hors de la réalité. Et croire que la base militante du PQ qui carbure à la haine de QS accepterait de céder le pas dans des circonscriptions où le PQ est en position plus avantageuse est totalement illusoire.
Personne, n’a encore expliqué dans quelles circonscriptions on pense pouvoir faire des gains dans une alliance électorale avec le PQ.
Il existe une seule circonscription au Québec où nous pourrions tirer avantage d’une alliance c’est Laurier-Dorion. C’est la seule où nous sommes 2e avec une certaine possibilité de gagner. Dans les faits le PQ n’a pas besoin de réaliser une alliance avec QS. Son véritable objectif est de tenter de discréditer QS afin d’aller chercher sa base électorale. C’est d’ailleurs ce qu’il avait tenté de faire lors des élections partielles dans Verdun [1]. Pour l’électorat qui aurait pu nous être sympathique, la question qui se posera devant l’urne est quel parti est en meilleure position pour battre les Libéraux. Surtout qu’au final pour ceux et celles qui hésitent encore, ne vaut-il pas mieux prendre l’original plutôt que la copie.
Le dernier sondage datant du 6 avril, dont vous trouverez le portrait dans le tableau en annexe, prévoit que le PQ pourrait reprendre aux libéraux, les comtés de Champlain, Charlevoix-Côte de-Beaupré, Dubuc, Rouyn-Noranda-Témiscamingue, Saint-François et Saint-Maurice.
Il reprendrait aussi Crémazie, La Prairie et Sherbrooke mais avec une marge de moins de 2% et devrait par conséquent s’assurer d’aller chercher le vote solidaire.
Les autres comtés libéraux qu’il pourrait prendre sont ceux pour lesquels il doit absolument aller chercher des votes à QS (et à la CAQ). Ces comtés sont Abitibi-Est, Iles-de-le-Madeleine, Jean-Lesage, Laval-Des-Rapides, Maskinongé, Mégantic, Orford, Richmond, Sainte-Rose, Trois-Rivières et Ungava (égalité).
Cela correspond dans un scénario très optimiste pour le PQ à 20 comtés de plus, soit 50 comtés. Il lui en faut 13 de plus pour être majoritaire et plus pour s’assurer à tout le moins au final un nombre substantiel de gains.
Il doit par conséquent faire aussi des gains dans les comtés représentés par la CAQ. Ces comtés visés en tirant le tapis sous les pieds de QS et de la CAQ sont, Blainville, Chambly, Deux-Montagnes, Groulx (à égalité), Iberville, Johnson, Masson, Mirabel, Montarville, Repentigny et Saint-Hyacinthe. Ce qui ajouterait 11 comtés supplémentaires pour un total de 61.
QS est en situation de gagner Hochelaga-Maisonneuve selon le sondage. Il est 2e dans Laurier-Dorion et pourrait possiblement gagner suite au discrédit du candidat libéral, mais cela demeure très serré. Dans tous les autres cas où QS est 2e, ce sont des bastions libéraux, D’Arcy-McGee, Jacques-Cartier, Jeanne-Mance-Viger, LaFontaine, Mont-Royal, Notre-Dame-de-Grâce, Outremont, Pontiac, Robert-Baldwin, Saint-Laurent, Viau et Westmount-Saint-Louis.
L’idée d’une alliance électorale signifie également que quels que soient les comtés où nous pourrions potentiellement faire alliance avec le PQ, nous serions aussi en grande difficulté dans les autres comtés acquis au PQ alors que nous envoyons le message qu’il faut battre les libéraux. Cela veut dire aussi que nous ne devrions pas présenter de candidature dans les comtés représentés par le PQ soit actuellement 30 circonscriptions. Dans l’ensemble c’est surtout dans les circonscriptions hors Montréal que la résultante serait catastrophique pour QS.
Alors tous ces scénarios d’alliance ou de pactes tactiques avec le PQ démontrent à quel point nous nous sommes éloignés de la réalité. Quelque part nous avons lâché la proie pour l’ombre. Ces scénarios n’existent déjà plus, s’ils avaient même déjà existés ni dans la tête du PQ et encore moins de la CAQ.
Les derniers ultimatums du chef du PQ à deux semaines du congrès de QS démontrent que la première partie de son plan arrive bientôt à terme. Il a mis le maximum de pression sur QS et sa base électorale en tentant d’imposer dans la société l’importance du vote stratégique au sein de la famille souverainiste afin de défaire les libéraux. Mais pour gagner les élections, il doit surtout gagner l’électorat de la CAQ et dans ce cas, il devra livrer un autre discours.
L’option de s’allier avec les forces militantes qui luttent pour un changement social soit l’option A, est par conséquent la seule qui permet de redonner une cohésion politique à QS mais aussi aux forces qui luttent contre l’austérité et pour une société inclusive. Et pour l’heure, c’est surtout de consistance politique que la société québécoise a besoin.
Ce tableau a été construit à partir du tableau produit par Simulateur pour le Québec (To close to call) avec les données de sondage les plus récentes de Québec 125 du 8 avril.
Voir le tableau ci-joint
Légendre du tableau ci-dessous
Parti gagnant selon le selon sondage ou la dernière élection selon leur couleur
PLQ PQ CAQ QS
Colonne N Parti avantagé et % maximum possible en additionnant les votes QS et PQ (100% des votes transférés).
Colonne O en jaune Les circonscriptions pour lesquelles le PQ doit aller chercher des votes à QS (et à la CAQ) pour gagner.
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