Les deux organisations ont beaucoup à gagner de cette fusion. Option nationale rejoindra un mouvement social bien établi qui vit actuellement un processus de renouvellement sans précédent à la suite de l’arrivée de Gabriel Nadeau-Dubois. De son côté, Québec solidaire accueillera des militants fougueux et passionnés qui ont un esprit d’initiative hors du commun.
Or, un vrai projet de fusion ne serait pas complet sans son lot de craintes ressenties d’un côté comme de l’autre.
En parcourant son cahier de résolutions, le congressiste solidaire constatera qu’un amendement en provenance de l’association de Verdun propose que la fusion ne remette pas en question la position adoptée en congrès l’an dernier concernant l’assemblée constituante.
On se rappellera que les membres devaient choisir entre une assemblée constituante « avec mandat » ou « sans mandat » indépendantiste (certains préfèrent les expressions "ouverte" ou "fermée"). ON s’était alors désolé que le congrès retienne par une petite majorité l’option « sans mandat ».
Advenant que le congrès accepte de donner aux élus de QS le mandat de débuter des négociations avec ON en vue d’une fusion, il est évident que les deux partis déposeront des demandes à la table de discussion. Or, considérant que les deux plateformes sont vraiment très similaires sur une série d’enjeux, il serait étonnant que les représentants d’ON déposent une longue liste de modifications programmatiques qui seraient incompatibles avec nos orientations déjà adoptées dans le passé. Cela dit, il serait tout aussi étonnant qu’ils ne déposent aucune demande de révision de notre position sur la constituante.
Sachant cela, adopter l’amendement de Verdun équivaudrait à condamner à l’échec les négociations de fusion avant même qu’elles ne commencent. Dans ce cas, les tenants de cet amendement devraient plus simplement voter contre la résolution principale de fusion, car cela revient en réalité au même.
Toutefois, je suis d’avis que de battre l’amendement de Verdun et de voter la principale telle quelle ne veut pas nécessairement dire que nous devrons refaire à nouveau le débat sur la constituante lors du prochain congrès à l’automne.
Avec le recul, j’ai acquis deux convictions face à ce débat dans lequel je m’étais investi avec beaucoup d’énergie pour l’option d’une constituante avec mandat indépendantiste.
1. Il s’agit d’un véritable débat d’initié. En dehors d’un très petit cercle, peu de personnes comprennent et s’intéressent aux subtilités et aux différences entre les deux versions de la constituante débattues l’an dernier.
2. Nous avons abordé ce débat de manière beaucoup trop binaire. C’était tout noir ou tout blanc. Certaines personnes, comme Benoit Renaud, ont tenté d’explorer des voies mitoyennes, mais le débat était trop polarisé pour que ce genre d’option soit étudié avec sérieux.
Il serait alors dommage que l’amendement de Verdun soit adopté ou que la principale soit battue en raison d’une volonté de ne pas vouloir rouvrir l’enjeu de la constituante, car cela ne nous permettra pas d’explorer ces voies mitoyennes qui pourraient être en mesure de plaire aux deux côtés.
Une éventuelle position mitoyenne sur la constituante aurait le double bénéfice d’apaiser un différend important à l’intérieur de QS et d’ouvrir la porte à la possibilité d’amorcer avec ON le rassemblement nécessaire pour le renouveau politique que nous voulons réussir.
Je nous invite donc à nous donner cette possibilité. Lors du prochain congrès à l’automne, nous aurons alors toute la latitude nécessaire pour évaluer au mérite le plan de fusion qui émanera des négociations entre nos deux formations politiques.
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