Voici ma réponse publique et officielle :
Le maire Labeaume, tout comme Donald Trump, fait des rapprochements entre les militant·e·s antiracistes - et les tactiques que nous utilisons - et l’extrême-droite raciste. Cette comparaison faussée est absurde, tout comme les accusations lancées par Trump après Charlottesville. Avec ses commentaires d’aujourd’hui, le maire Labeaume joue le jeu des racistes de Québec, en répétant la même tactique manichéenne que depuis son arrivée dans l’espace public.
Plus largement, Labeaume reproduit la rhétorique de l’extrême-droite raciste en ordonnant aux gens de « retourner d’où ils viennent ». Il s’agit d’un des principaux « arguments » utilisés par l’extrême-droite et les groupes anti-immigration, incluant les racistes de la Meute, du Storm Alliance, et des Soldats d’Odin, qui ont tous une base importante dans la ville du maire Labeaume.
En me ciblant spécifiquement, le maire Labeaume encourage les trolls d’Internet et les activistes anonymes de l’extrême-droite qui, sur une base quotidienne, font des commentaires racistes à mon égard et m’envoient des menaces. Cette personnalisation à mon endroit est dangereuse et provocatrice. De plus, elle entretient une fausse image, puisque je ne dirigeais aucun groupe dimanche dernier. J’étais plutôt un participant actif dans la mobilisation antiraciste, en occupant un rôle public et ouvert, comme le confirment plusieurs camarades et médias. Selon un témoignage, « Avant de se faire arrêter violemment, le militant Jaggi Singh ne faisait que danser et scander des slogans, ou partageait quelques informations aux contre-manifestant-e-s ». (source :https://ricochet.media/fr/1923/la-meute-prise-au-piege)
Labeaume, tout comme Trump, a une attitude sectaire et populiste, tout en bénéficiant d’une importante tribune médiatique. En parlant de « la gang à Singh », Labeaume rappelle les théories conspirationnistes de l’extrême-droite qui attribue toute les mobilisations à George Soros. L’extrême-droite de Québec croit, pour sa part, que je suis le principal responsable de la mobilisation antifasciste, et Labeaume reprend exactement leur argumentaire. Les propos du maire me rappellent les commentaires des skinheads racistes, mais avec un complet veston-cravate.
http://montreal-antifasciste.info/wp-content/uploads/2017/08/gendron_fail-Copy-1.mp4 (écoutez à partir de 1:35)
Le maire de Québec outrepasse ses pouvoirs s’il pense qu’il peut décider si moi, ou qui que ce soit, est le bienvenu dans sa ville. Il n’y a pas de frontière entre Québec et Montréal (et s’il y en avait une, je ne la respecterais pas de toute façon). Je vais définitivement continuer à visiter la ville de Québec, sur mes propres termes, et je compte participer à nouveau aux manifestations qui vont s’y tenir, et y visiter des ami·e·s et des camarades.
Par ailleurs, je sens qu’il est nécessaire d’ajouter que j’ai des liens forts avec la ville de Québec. J’y ai passé un été, il y a plusieurs années, durant lequel j’ai travaillé au Complexe scientifique sur la rue Einstein, tout en améliorant mon français. J’ai eu le privilège d’entendre un discours par le formidable syndicaliste Michel Chartrand à Québec, ce qui m’a aidé à améliorer ma connaissance de la langue d’une nouvelle manière. J’ai passé une année complète à m’engager dans un travail d’éducation populaire pour la justice sociale, en passant beaucoup de temps à Québec en prévision du Sommet des Amériques en 2001. Bien que je sois né à Toronto, que j’habite à Montréal, que je sois un militant anarchiste, le maire de Québec ne peut pas m’imposer à moi (ou à qui que ce soit) quand et comment je peux visiter la ville de Québec.
Plutôt que de s’en prendre aux manifestant·e·s antiracistes, Labeaume devrait probablement réfléchir à sa propre complicité et sa responsabilité par rapport au climat xénophobe actuel dans la ville de Québec. Au cours des dernières années, un mélange explosif de radio-poubelles, de politiciens populistes comme Labeaume, et de cynisme a fait de la ville de Québec un terreau fertile pour l’extrême-droite raciste, où les groupes anti-immigration ont une grande marge de manoeuvre pour s’organiser ouvertement et en toute impunité. En insultant les manifestant·e·s antiracistes, Labeaume crée un écran de fumée pour masquer son inaction et son indifférence face au racisme, à la xénophobie et à l’islamophobie, qui ont eu des conséquences meurtrières dans la ville de Québec.
Il apparaît de manière évidente que ni le maire, ni la police de Québec, n’ont la capacité de régler le problème de l’extrême-droite raciste dans leur ville, et s’en rendent même complices de différentes manières. Face à cette situation, les militant·e·s antifascistes de Québec, Montréal et des autres villes vont continuer à s’organiser sur leurs propres bases, à travers l’éducation populaire, le soutien aux immigrant·e·s et aux autres communautés ciblées, et, lorsque nécessaire, s’engager dans l’action directe pour confronter les racistes d’extrême-droite et les fascistes.
Heureusement, la ville de Québec est beaucoup plus que les radio-poubelles, que le maire Labeaume, et que les groupes d’extrême-droite. Il y a une belle communauté dans la ville, que j’ai bien connue dans le passé. Mes expériences à Québec, à l’exception des racistes d’extrême-droite et de la police, ont été positives. J’ai beaucoup appris de d’autres militant·e·s de la communauté, et je salue leur résilience et leur mobilisation. Les commentaires récents de Labeaume, qui confortent sa base raciste, ne font qu’alimenter notre détermination à nous mobiliser encore plus efficacement entre antiracistes et antifascistes.
Pour reprendre un slogan entendu sur les rues de Québec ce dimanche, « Tout le monde déteste les racistes ! Bienvenue aux réfugié·e·s, aux migrant·e·s, aux musulman·e·s, aux Haïtien·ne·s, et à tous et toutes ! »
— Jaggi Singh, militant antifasciste et anarchiste
PS : Vive les Nordiques !
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