Édition du 18 juin 2024

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Élections québécoises 2022

Quels défis pour l’avenir de nos universités ?

Les débats en vue des élections générales du 3 octobre prochain abordent de nombreux sujets d’importance. Cependant, les rôles des professeur-e-s d’université dans la société québécoise – leurs fonctions de recherche, d’enseignement et de service à la collectivité – nous semblent peu pris en compte dans la campagne en cours.

Jean Portugais
Président
Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU)

À la FQPPU, nous concevons l’université comme un service public et de proximité. Pour nous, il est fondamental d’enjoindre toutes les candidatures à défendre l’intégrité des fonctions professorales, dans toutes les disciplines et dans toutes les régions. Nous demandons aux candidat-e-s de se prononcer sur les enjeux majeurs auxquels les universités sont confrontées.

Voici quatre défis qui doivent être pris en considération par les candidat-e-s aux élections :

1. La marchandisation des universités et le rôle des entreprises privées dans le financement de la recherche. Sur le plan législatif, l’État devrait, dans la loi, garantir la protection du travail que font nos universitaires, afin de les garder en dehors du périmètre d’influence des intérêts privés, commerciaux ou corporatistes de toutes sortes. La Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire permet aux universitaires de faire leur travail « librement et sans contrainte doctrinale, idéologique ou morale ». Cela constitue une avancée majeure, mais il est indispensable d’interdire les poursuites-bâillons sans quoi cette liberté demeure bridée. Sur le plan financier, nous demandons que l’État garantisse un financement universel de la recherche universitaire, sous la forme d’une subvention annuelle de base, qui allègera de lourds processus bureaucratiques et favorisera un développement significatif de la recherche pour tous les domaines et dans toutes les régions. Sinon on court le risque d’étouffer l’innovation dans des secteurs primordiaux pour l’avenir.

2. Un accès pour les étudiant-e-s à une formation véritable, c’est-à-dire majoritairement en présence, avec des échanges réels et un accompagnement pédagogique adéquat. Il est évidemment possible de développer et de maintenir certaines initiatives de formation en ligne : cependant, il faut impérativement éviter le virage du « tout-en-ligne », qui vient souvent avec de grands groupes-classes anonymes. Le corps professoral a consenti durant la pandémie – sur la base d’une situation d’urgence – à réaliser ces formations en ligne à grande échelle, de manière à sauver les sessions et à permettre aux étudiant-e-s d’obtenir leur diplôme dans ce contexte difficile. Mais, pour la suite des choses, cette situation ne saurait se généraliser.

3. Les professeur-e-s d’université doivent être en nombre suffisant pour accomplir leur tâche, qui est notamment de soutenir leurs étudiant-e-s dans de bonnes conditions. On sait déjà que le ratio étudiant-e-s/professeur-e est trop élevé dans de nombreux départements et facultés, car le nombre de personnes étudiantes a augmenté depuis 30 ans sans que le nombre de professeur-e-s soit proportionnellement ajusté. Les grands groupes, en classe ou en ligne, sont la conséquence de la marchandisation de l’éducation plutôt qu’un choix délibéré de pratiques adéquates à la formation universitaire.

4. La garantie d’un fonctionnement collégial au sein des universités.
Selon la FQPPU, l’autonomie des universités affirmée dans la loi 32 doit trouver son plein exercice dans le fonctionnement collégial et non dans les directives administratives auxquelles on assiste. Nous réclamons des candidat-e-s aux élections générales qu’ils adhèrent au principe de l’autonomie collégiale des universitaires. En particulier, le gouvernement doit renoncer à désigner des secteurs prioritaires, des sujets des recherches des Chaires à créer. Ces principes devront être inscrits dans les lois applicables afin que la mission universitaire soit pleinement protégée et rattachée au service de la connaissance, des étudiant-e-s et de l’intérêt public.

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