Les dirigeants-es du Working Families Party (WFP), un parti progressiste soutenu par des syndicats et des militants communautaires, étaient présents-es à Philadelphie toute la semaine. C’était l’occasion d’assurer les délégués-es de B. Sanders qu’il allait poursuivre leur lutte. De son côté, le Parti vert et sa candidate à la présidence, Mme Jill Stein a réussi à attirer quelques partisans–es de B, Sanders, mais sa candidature menace de retirer des votes en faveur de Mme Clinton, travaillant ainsi à l’élection de M. Trump. Le WFP déclare faire parti du Parti démocrate et travailler à le pousser à gauche, de l’intérieur. Son directeur national, Dan Cantor, peu après son arrivée à Philadelphie, a déclaré : « Nous ne sommes pas le Parti vert. Nous ne sommes pas dans la course avec des buts nobles pour ensuite mener la population dans un cul-de-sac. Nous avons tenté de gagner dans les primaires démocrates. Nous voulons remplacer les mauvais-es démocrates, ceux et celles qui sont trop proches des entreprises ou encore qui ne font rien, par des progressistes et ainsi nous travaillons à battre les Républicains-es ».
Les représentants-es du WFP ont participé à de nombreux panels initiés par l’organisation électorale de Bernie Sanders pour ses délégués-es et partisans-es. Mardi, (26-07) le parti a organisé un événement pour les délégués-es qui pouvaient être intéressés-es à mettre en place un chapitre dans leurs villes ou leurs États. Intitulé, « Le WFP et la prochaine étape de la révolution politique » il a attiré plus de 200 personnes dont plusieurs délégués-es de M. Sanders. Actuellement, le WFP est actif dans 13 États. La fête qu’il a organisée en soirée a attiré plus de 400 personnes.
M. Cantor présente son organisation comme un antidote à ce qu’était le Democratic Leadership Council. Ce groupe de Démocrates centristes a pris forme dans les années 1980. Il avait pour mission de ramener le parti vers le centre. Pour M. Cantor, ce groupe : « a complètement transformé le parti et nous en payons encore le prix. Nous tentons de lui donner une direction plus progressiste ».
Mais une différence majeure distingue les deux entités. Le WFP est un parti politique autonome avec sa propre organisation sur le terrain, sa propre plateforme politique et qui recrute ses candidats-es. Parfois il aide les Démocrates. Il a aidé l’actuel gouverneur démocrate du Connecticut, M. Dannel Malloy, à battre un redoutable adversaire républicain lors des élections de 2014. Mais à d’autres moments, quelques Démocrates apprécient moins ses efforts. L’appui qu’il donne à Bernie Sanders en est un exemple criant. Plusieurs Démocrates ont fulminé devant l’appui qu’il a donné à M. Sanders dans l’État de New-York où il a travaillé d’arrache pied au cours des primaires contre Mme Clinton. C’est là que le Parti mène ses plus grandes opérations. Il a déployé son impressionnante machine politique en faveur de M. Sanders ce qui lui donnait une réelle chance dans un État où Mme Clinton était la favorite. Elle l’a d’ailleurs emporté avec 58% des voix.
Maintenant que Mme Clinton est la candidate officielle à la présidence pour le Parti démocrate, le WFP veut mettre les primaires de côté. M. Cantor a déclaré : « Il est important que M. Sanders souligne les enjeux de cette élection. Les progressistes dont nous sommes, doivent affirmer que la meilleure manière de poursuivre sa lutte est de s’assurer de l’élection de Mme Clinton pour nous donner de meilleures conditions pour le faire. Si M. Trump était élu, nous devrions être constamment sur la défensive ». Vraisemblablement, d’ici quelques semaines le WFP se ralliera à la candidature d’Hilary Clinton.
Beaucoup de partisans-es de B. Sanders n’acceptent pas que Mme Clinton ait choisi Tim Kaine comme colistier et donc futur vice-président. Il est considéré comme un Démocrate modéré. M. Cantor ne s’en offusque pas : « La Virginie (M. Kaine en est le gouverneur) est plutôt importante (dans le cadre de l’élection actuelle) ; ce n’est pas un mauvais calcul. Après tout, la première règle en politique c’est de gagner ».
Pour M. Cantor, les primaires ont été le moment de grands rêves, le moment actuel est celui qu’il appelle « le possible pour la gauche ». Il est convaincu qu’avec D. Trump, des objectifs comme le salaire minimum fédéral de 15$ de l’heure et les investissements massifs nécessaires pour la lutte contre les changements climatiques, seraient inatteignables.
C’est à New-York que le WFP a eut ses plus grands succès. C’est son lieu de fondation en 1998. Non seulement a-t-il aidé à faire élire un progressiste au conseil municipal mais aussi le maire de la ville, M. Bill de Blasio qui a prononcé le discours d’ouverture de l’atelier du Parti mardi. Il est présent dans la majorité de l’État de New-York et ses élus-es occupent souvent des postes de haut niveau.
Le porte-parole du WFP, Joe Dinkin, explique que la campagne de Bernie Sanders a suscité un intérêt particulièrement important des partisans-es du candidat envers le parti tout comme chez les leaders des groupes communautaires progressistes : « Nous recevons des appels tous les jours »…de gens qui s’informent sur la manière de démarrer des chapitres locaux du WFP.
À Philadelphie, une minorité bruyante des partisans-es de Bernie Sanders a refusé de soutenir Mme Clinton et a refusé de suivre la ligne pragmatique que défendent les dirigeants-es du WFP en ce moment. Mais le parti est convaincu qu’il représente la meilleure opportunité pour poursuivre un mouvement qui, sans direction ni infrastructure pourrait bien vite perdre la ferveur qui a poussé la candidature de B. Sanders et milité en faveur des nombreux enjeux qu’il a défendu. Il croit qu’il offre les outils et l’entrainement nécessaires pour continuer sur cette lancée et soutenir les candidats-es progressistes qui pourront forcer les Démocrates à s’inscrire à gauche.
Mais, il faut dire que pour l’avenir du Parti, la révolution politique déclenchée par B. Sanders représente un énorme mouvement politique qui pourrait lui donner un élan significatif bien au-delà de ses modestes succès actuels. Si c’est le cas, il pourrait se présenter devant les partisans-es de Sanders comme le bon véhicule pour leur mouvement.