Le manque d’humanisme du ministre de l’Éducation du Québec, François Blais, a dépassé le 2 octobre dernier toutes les bornes acceptables dans une société évoluée comme le Québec. Il a osé affirmer en point de presse qu’en raison du contexte budgétaire actuel, il serait « maladroit » de réinvestir dès maintenant dans le soutien aux élèves en difficulté. L’équilibre budgétaire doit selon lui avoir la priorité. Il a même avoué que la situation de ces jeunes avec des difficultés d’apprentissage devenait plus complexe et nécessiterait des sommes publiques supplémentaires. Or, les coupes en éducation affectent directement les services donnés à ceux dont les besoins devraient avoir la première place sur son agenda de ministre.
Mais que ferait le ministre s’il passait près d’une rivière où des enfants se débattraient pour leur survie ? Les laisseraient-ils se noyer ? C’est pourtant exactement ce qu’il fait en ignorant les besoins de ces jeunes qui se battent sur les bancs d’école pour une place dans la société. Les statistiques à leur sujet son clair et connu depuis des décennies. Les jeunes qui passent au travers des mailles du filet deviennent des décrocheurs, s’intègrent mal à la société et forment le plus gros de la population carcérale. Chacun de ces jeunes qui ne sont pas pris en charge de manière adéquate par la société augmente le risque de violence et diminue la qualité du tissu social qui forme le Québec.
La présidente de l’Association québécoise des orthophonistes et audiologistes, Marie-Claude Rousseau, qui était présente au point de presse affirme que les compressions ont supprimé cette année 250 postes de ces professionnels dans les écoles du Québec. Des centaines de cas d’enfants en difficulté dont personne ne s’occupe par manque de ressources sont déjà dénombrés. Si les parents en moyens peuvent se tournent vers le secteur privé pour obtenir les services d’orthophonie ou d’audiologie qu’ils n’obtiennent plus à l’école publique, les enfants pauvres s’en passeront.
Le manque de compassion du ministre envers les enfants vulnérables de la société est effarant. Cette diminution de services spécialisés aura pourtant des répercussions majeures sur l’économie du Québec. C’est là un drame monstrueux. L’argent qui n’est pas dépensé sur ces jeunes aujourd’hui le sera pour l’embauche de gardien de prison demain. Entre temps, les souffrances que ces élèves délaissés par la société subiront engendreront des cycles de violences dans lesquels les citoyens ordinaires seront intégrés. L’argent que le ministre promet de réinvestir plus tard dans les services à ces jeunes sera d’ailleurs inutile pour chacun de ceux qui subissent actuellement l’effet de ces coupures. Ils seront sortis du système. En prononçant ces paroles le 2 octobre dernier, le ministre François Blais a touché les bas fonds du manque d’humanisme.
Michel Gourd