J’ai assisté il y a quelques jours au sein de Québec Solidaire à un débat sur l’alliance entre les partis indépendantistes en vue des élections de 2018 et j’en suis ressorti très perplexe.
Je me demande où s’en va notre parti. Il me semble vivre comme bien d’autres partis ici et ailleurs dans le monde dans une grande confusion et un grand éparpillement. A moins que ce soit moi qui soit dépassé à mon âge, 66 ans, militant que je suis de longue date dans la mouvance sociale, syndicale, politique et indépendantiste québécoise.
Québec Solidaire et l’indépendance du Québec
Lors du récent débat, alors qu’il était question de l’alliance entre QS et les autres partis indépendance, et presque exclusivement avec le PQ lors de ce débat, j’ai à peine entendu prononcé les mots indépendance ou souveraineté tant chez les panélistes à Québec qu’au bar de quartier où nous étions à Montréal. Comment se fait-il que lors d’un débat sur l’alliance entre les partis indépendantistes que l’on aie à peine parlé de l’indépendance ? Parce que Québec Solidaire n’est pas vraiment un parti indépendantiste ce que pourrait démontrer l’article ambigu de son programme sur l’assemblée constituante qui pourrait mener à l’indépendance ou à n’importe quoi d’autre ? Parce que la question n’intéresse pas les membres de Québec Solidaire comme une partie importante des Québécois ? Parce que plusieurs d’entre eux sont des fédéralistes ou des non enlignés ? Je ne sais trop. Si Québec Solidaire voulait vraiment faire l’indépendance elle ne peut y arriver seul avec ses 10% de votes et quelques députés, une coalition électorale avec le PQ irait donc de soi.
La haine viscérale vis à vis du PQ
Lors du même débat le PQ a été dénoncé de tous bords tous côtés. Parti de droite, sinon apparenté à l’extrême droite, xénophobe etc. tous les épithètes y ont passé. Le diable en personne et son chef Jean-François Lisée Lucifer lui-même. Plusieurs ont hâte d’en découdre avec le PQ lors de la prochaine élection et la grande majorité des intervenants,tes où j’étais rejettent toute alliance avec le PQ alors que sur le panel à Québec formé de députés et gens en poste de responsabilité au sein du parti les points de vue étaient dans l’ensemble plus nuancés et plus variés.
Battre les Libéraux en 2018
Battre les Libéraux en 2018 malgré tout ce qu’ils ont fait depuis leurs années de pouvoir et leur niveau de corruption, ne semble pas une priorité d’après ce que j’ai entendu lors de ce débat. Les Libéraux démolissent l’état québécois, réduisent les services publics et privatisent à tout vent, s’attaquent aux plus vulnérables et sont corrompus jusqu’à la moelle et mafieux, mais se libérer des Libéraux ne semble pas être une priorité pour mon parti. Si c’était une priorité, comme Québec Solidaire ne peut le faire seul, une alliance avec le Parti Québécois devrait aussi aller de soi pour atteindre cet objectif. Une autre forme d’alliance sur les thèmes de l’honnêteté et de l’intégrité, et de la démocratie et d’un scrutin proportionnel, pourrait même inclure la CAQ selon moi .
La rue et les luttes sociales
Comme je le disais lors de ce débat je serais le premier à être heureux si nous étions au bord de la rupture sociale au Québec ce printemps avec des dizaines de milliers de personnes dans les rues comme lors du Printemps érable et que Québec Solidaire pourrait voguer vers des résultats mirobolants aux prochaines élections, mais ce n’est pas la réalité. Les travailleurs,euses, du secteur public avons été trahis par nos chefs syndicaux l’an dernier qui ont signé une entente à rabais. On voit les effets de cette défaite lors du maraudage syndical actuel alors que les travailleurs, euses de la santé et des services sociaux se replient vers des syndicats professionnels et quittent la CSN. La lutte contre l’austérité a également été une cruelle défaite car l’unité n’a jamais été faite entre le mouvement social, le mouvement syndical, et l’importante partie de la population qui soutenait ces mouvements. Malheureusement Québec Solidaire de son côté n’a pas assumé le leadership pour donner une direction politique au mouvement. Tout est à refaire.
Le bien commun et la vertu
On peut alors se poser la question à savoir si Québec Solidaire est aussi dans sa bulle comme la population le reproche souvent aux autres partis politiques. Lors du débat il n’a pas été question de la souffrance actuelle d’une partie significative de la population. Souffrance morale, souffrance sociale, souffrance économique, souffrance environnementale, toutes ces formes de souffrances au quotidien qui hantent plusieurs d’entre nous. Nous n’en avons pas parlé comme si nous étions au-dessus ce ces réalités, moi inclus.
Est-ce que notre parti serait habité par la vertu et le désir de ne pas déplaire ? Veut-il demeurer avant tout la caution morale de l’Assemblée nationale ? Veut-il vraiment changer les choses, ce qui exige parfois de tout bousculer sur son passage mais à d’autres moments de faire des compromis, surtout dans une époque où bien des choses sont complexes et les points de vue et les solutions très diversifiées ?
Le besoin de clarification
Pour ma part je suis déboussolé suite au débat auquel j’ai assisté. J’ai besoin que les candidats, tes, aux postes de porte parole éclairent ma lanterne lors des débats à venir avant le congrès de mai. J’espère qu’ils, elle, ont une vision claire de vers où notre parti doit aller pour sa deuxième décennie d’existence, en tenant compte de la réalité québécoise et planétaire. En attendant je pense qu’il serait sage de repousser le débat sur l’alliance avec le PQ au congrès de l’automne car le débat vient de débuter chez les membres. Le débat tenu dans un bar où on écrit des propositions sur le coin d’une table ne peut remplacer un débat démocratique en bonne et due forme dans nos assemblées générales, avec la possibilité de faire de nouvelles propositions en vue du congrès, ce qui n’es pas prévu dans la précipitation actuelle.
Yves Chartrand
Membre de Québec Solidaire de Ste-Marie/Saint-Jacques
Un message, un commentaire ?