Je n’étais pas le seul à être choqué par le fait que l’État s’associe directement avec l’industrie pour faire la promotion d’un projet à l’acceptabilité sociale douteuse en se servant des jeunes et des enseignants, puisque la section du site Internet du ministère a été retirée presque aussitôt, à la suite de l’indignation qu’a soulevée cette initiative.
Éduquer, c’est aussi transmettre le doute, le questionnement, l’esprit critique
Dans cette section de ressources adressées aux jeunes, on retrouvait un questionnaire et un concours scientifique sur le thème de « la radioactivité au naturel ». On y voyait un superhéros portant le logo du nucléaire, sur le haut d’une montagne nordique. Oui, c’est naturel, tout comme le pétrole d’ailleurs, mais l’exploitation de l’uranium comporte des risques certains pour la santé des populations.
Ce n’est pas pour rien qu’un groupe de médecins de la Côte-Nord s’est mobilisé pour contrer l’exploitation de l’uranium dans la région. Est-il légitime de laisser croire aux jeunes que l’exploitation de ce minerai est inoffensive alors que le débat est loin d’être terminé dans la population ? Pour ma part, je trouve cela carrément inacceptable.
Éduquer, c’est aussi transmettre le doute, le questionnement, l’esprit critique, la rigueur intellectuelle. Ici, on a tenté de se servir de la science pour donner bonne presse aux acteurs de l’industrie minière, la science n’ayant rien de neutre dans ce cas. Pour quelqu’un qui a travaillé toute sa carrière dans le domaine de l’éducation, c’est insultant de voir qu’un ministère a autant sous-estimé l’intelligence des personnes qui travaillent quotidiennement à transmettre des connaissances et des compétences aux jeunes pour qu’ils deviennent des citoyens éclairés.
On ne badine pas avec le nucléaire, ni avec l’éducation.
Cet article est tiré du blogue de l’auteur