La volonté d’aller dans le pétrole et le gaz à tout prix a donné de beaux exemples d’incompétence. Parmi les plus flagrants, en septembre 2010, La Presse nous apprenait que le Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN) avait vendu les « claims » gaziers sous nos pieds à 0,10 $ l’hectare alors que la Colombie-Britannique vendait les siens à 1 000 $/ha (et plus). En coupant la poire en deux à 500 $/ha, le rapport du BAPE a estimé que le manque à gagner se situe à 5 milliards. Incompétence de nos gouvernants, mais quel « bargain » pour les gazières !
Et maintenant, le premier ministre trouve normal que nous soyons une autoroute pour le transport du « dil bit » tiré des sables bitumineux de l’Alberta parce que nous recevons de la péréquation [3]. Trains-blocs, superpétroliers et oléoducs sont des menaces à notre qualité de vie, mais nous ne recevons aucune contrepartie économique significative. À Lac-Mégantic, 47 vies et au moins 200 millions de nos taxes sont le prix que nous avons déjà payé pour que les « autres » fassent de l’argent à nos dépens. Le gouvernement de madame Clark de la Colombie-Britannique s’est objecté au pipeline Northern Gateway parce que sa province doit assumer les risques environnementaux sans recevoir de contrepartie économique. Est-ce à dire, encore une fois, que le gouvernement de la Colombie-Britannique est plus compétent que le nôtre ?
Et la sécurité ? La cupidité irresponsable des pétrolières est telle qu’il n’y a aucun moyen de nettoyer un déversement majeur. En ces temps de coupures budgétaires, monsieur Couillard est tellement bien dans son rôle de lèche-bottes des pétrolières qu’il est prêt à payer, à même nos taxes, pour terminer le nettoyage des dégâts de Lac-Mégantic, pour dépolluer une autre rivière Kalamazoo ou pour un autre désastre comme celui du Golfe du Mexique.
Les coupures des services aux citoyens est-il le prix que le gouvernement de monsieur Couillard est prêt à payer pour avoir les moyens de réparer les négligences des pétrolières ? Si c’est le cas, pour être cohérent avec ses paroles, il devrait abolir le ministère de l’environnement et le renommer « Ministère du développement accéléré du pétrole » !
Au contraire, c’est en devenant « maîtres chez nous », en développant nos ressources avec nos compétences, en innovant dans les énergies vertes que notre société s’épanouira. Ce n’est pas en laissant les « autres » utiliser notre territoire pour ensuite leur quémander la charité que nous avancerons. En août 1944, Duplessis essayait de se battre contre le dogme de notre « incompétence » [2]. Je croyais que la société québécoise avait évolué depuis la révolution tranquille ! Et nos gouvernants ? En acceptant de servir d’autoroute au pétrole albertain, est-ce que l’aplaventrisme obséquieux de monsieur Couillard veut ramener la société québécoise à une période qui précède celle de la Grande Noirceur de Duplessis ?
Gérard Montpetit
La Présentation
le 2 octobre, 2014
1] http://www.journaldequebec.com/2014/09/25/heurtel-blame-ses-fonctionnaires
2] Robert Rumilly, Maurice Duplessis et son temps, Volume 2, p. 8 et p.637