« Avec ce projet de loi, la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, exprime une forme de pensée qui vise l’empêchement d’événements ou la résolution de problèmes sans intervention matérielle ni ajout de sommes permettant d’endiguer les démolitions arbitraires malmenant le patrimoine bâti au Québec. Toute personne rationnelle voulant restaurer sa maison devrait prévoir, au minimum, de se munir de main d’œuvre et de matériel adéquats. Le PL69 va à l’encontre de la logique, car il ne prévoit aucune somme ni aucune ressource additionnelle pour freiner la mise à mal de notre patrimoine immobilier », expose Line Lamarre, présidente du SPGQ.
Le plus grand syndicat de personnel professionnel du Québec peine à croire que la ministre a pu exprimer sérieusement, lors du dépôt de son projet de loi en octobre, sa volonté de mettre fin aux démolitions sauvages d’édifices et de bâtiments historiques. Cela est d’autant plus déroutant que le PL69 retire l’obligation au ministre de la Culture et des Communications d’établir des plans de conservation pour les immeubles et les sites patrimoniaux classés, de même que pour les sites patrimoniaux déclarés. Si cette obligation disparaît, le SPGQ ne peut s’expliquer comment fera le ministère de la Culture et des Communications (MCC) pour conserver et protéger adéquatement les édifices et bâtiments jugés d’intérêt patrimonial.
« En outre, Le PL69 veut créer une table de concertation du patrimoine immobilier gouvernemental pour développer la cohésion gouvernementale et favoriser l’exemplarité de l’État en matière de patrimoine culturel immobilier gouvernemental. Il table également sur une dévolution accrue de pouvoirs aux municipalités pour protéger leur patrimoine. Tout cela fait joli sur papier, mais il s’avérera impossible de passer du désir au concret, compte tenu du manque flagrant d’effectifs en matière de préservation et de mise en valeur du patrimoine bâti », souligne Mme Lamarre.
Le SPGQ se montre aussi dubitatif envers le plan de la ministre Roy qui se donne cinq ans pour réaliser un inventaire des immeubles construits avant 1940 afin d’évaluer leur valeur patrimoniale. Si la ministre se désole sincèrement des édifices historiques détruits, ou pour lesquels des permis de démolition avaient été délivrés sans qu’il y ait eu de processus sérieux d’analyse de la valeur patrimoniale du bâtiment, qu’attend-elle pour regarnir la Direction générale du patrimoine du MCC dont les effectifs professionnels ont fondu de 80 % en moins de 45 ans, se questionne le SPGQ.
« La ministre Roy semble mal saisir l’importance et l’urgence d’embaucher plus de ressources professionnelles. L’ajout d’expertes et d’experts permettrait d’accroître la capacité d’étudier les demandes de classement, de désignation et d’autorisations de travaux et faire les recommandations nécessaires. L’addition de personnel professionnel permettrait, entre autres, d’élaborer et de mettre en œuvre davantage les plans de conservation pour coordonner l’acquisition de connaissances et la réalisation d’inventaires. Rien dans le PL69 n’est prévu pour que le MCC s’outille mieux pour suffire à la tâche. Prétendre à autant en faisant aussi peu révèle bien la posture affairiste d’un gouvernement qui se soucie davantage de subventionner Amazon plutôt que de protéger notre frêle héritage immobilier », conclut la présidente du SPGQ.
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